Fiche de lecture 4

Fiche de lecture 4: En quoi Le Mariage de Figaro de Beaumarchais est-il
une œuvre révolutionnaire ?
La folle journée ou Le mariage de Figaro est une dénonciation ironique des privilèges de la noblesse et
des abus de l’époque. Beaumarchais tente de se protéger de la critique par le titre qui enlève du sérieux
à la pièce. Or, les actions et les paroles de plusieurs des personnages sont indéniablement une critique
de la société, faisant de cette pièce une œuvre révolutionnaire.
Le sous­titre, Le mariage de Figaro, est le premier renversement des classes sociales puisque l’attention
principale est accordée à un valet et pas  à un noble comme le comte. Ce bouleversement revient  à
plusieurs   reprises   dans   la   pièce.  En effet, le maître est humilié tandis que le valet est

glorifié. Le personnage de Figaro est un serviteur qui dirige son maître, lui ment et le trompe. Le comte
manque de vivacité d’esprit,  d’intelligence et il se fait continuellement joué par pratiquement tous les
personnages. C’est l’autorité du comte, un aristocrate, qui est remise en question lorsqu’on comprend
qu’en fait c’est surtout Figaro qui s’occupe du bon fonctionnement des affaires du comte et de l’entretien
du château. Avec ces deux personnages, Beaumarchais fait une dénonciation des titres sociaux qui sont
attribués par la naissance sans considération pour les compétences individuelles. Le passage suivant du
monologue du serviteur est très représentatif de cette critique : « Parce que vous êtes un grand seigneur,
vous   vous   croyez  un   grand   génie !...   noblesse,   fortune,   un   rang,   des   places ;   tout   cela   rend   si  fier !
Qu’avez­vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ! » (206)
Dans l’Ancien Régime, de tels propos sont normalement condamnés puisque ce sont des idées trop
révolutionnaires qui sont proposées. Or, Beaumarchais, en se camouflant derrière un titre comme La folle

journée, se protège un minimum des répressions même si sa pièce fut tout de même condamnée par le
roi. 
Le Mariage de Figaro  se veut aussi une dénonciation des conditions de la femme. Cette critique est
explicitement formulée par Marceline qui blâme les hommes et leur comportement égoïste. Elle s’attaque
aussi   à   la   notion   de   paternité   et   à   la   problématique   de  la   reconnaissance   des  droits  financiers.   Elle
exprime haut et fort ses opinions sans censure par exemple lorsqu’elle dit : « Dans les rangs même

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les plus élevés, les femmes n’obtiennent de vous qu’une considération dérisoire ;
leurrés de respects apparents, dans une servitude réelle; traitées en mineures pour
nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! ah, sous tous les aspects, votre
conduite avec nous fait horreur ou pitié». (169)   Marceline trouve ridicule que la femme ne
puisse pas subvenir seule à ses besoins, car son unique possibilité d’emploi est la prostitution. La seule
issue   pour   une   femme,   à   l’exception   d’entrer   au   couvant,   est   le   mariage.   Toutefois,   aux   yeux   des
hommes, une femme plus vieille n’est plus attrayante et ceux­ci préfèrent marier de jeunes filles malgré
de grosses différences d’âge. En fait, dans la pièce, toutes les femmes sont les objets du désir d’au
moins un personnage masculin et doivent faire face à des avances à plusieurs reprises, à l’exception de
Marceline qui est plus vieille et mère de famille. Il est aussi intéressant de noter que les personnages
féminins sont des femmes plus fines, rusées et intelligentes que les hommes, en particulier le comte qui

se fait toujours berné. L’image typique de la femme soumise, fragile et sotte est révolue. Beaumarchais
dénonce aussi le droit de cuissage qui autorise un seigneur à avoir des relations sexuelles avec la femme
d'un vassal ou d'un serf la première nuit de ses noces. C’est en fait ce à quoi s’oppose principalement
Figaro. 
Finalement,   la   pièce   ridiculise   la   justice   en   présentant   des   magistrats   comme   Brid’oison   qui   bégaie
constamment. Les personnages se moquent de lui, en particulier Figaro qui lui avoue de manière à peine
camoufler qu’il est le père de son dernier fils, mais le juge n’est pas vif d’esprit et ne fait pas les liens
pourtant simple. Le magistrat, tout comme le comte, est joué par un simple valet. 
En bref, dans cette pièce Beaumarchais critique la noblesse et leurs privilèges, la condition féminine et
certaines pratiques courantes de l’époque, ce qui en fait une œuvre révolutionnaire. De plus, publiée en
1784, on pourrait voir dans Le Mariage de Figaro les prémisses de la Révolution française qui surviendra
cinq ans plus tard. En effet, certaines idées défendues par Beaumarchais, notamment les privilèges des
nobles, seront reprises lors de la Révolution. Il est donc un auteur en avance sur son époque.   

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