La restriction orale-nasale au niveau des consonnes Les consonnes suspectes .1 Les alvéolaires [d l r t]

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4.7 La restriction orale-nasale au niveau des consonnes

Comme nous l’avons déj̀ mentionné dans la présentation des phoǹmes cf. 2.2.1.2 et 2.2.1.4, nous constatons une restriction orale-nasale pour les consonnes occlusives labiales et apicales de telle manìre que l’occlusive orale sonore préc̀de les voyelles orales, l’occlusive nasale du même point d’articulation préc̀de les voyelles nasalisées : 16 17 [b] devant [i, e, ɛ, a, ɔ, o, ū] [m] devant [̰, ɛ̰, a̰, ɔ̰, ṵ] [d] devant [i, e, ɛ, a, ɔ, o, ū] [n] devant [̰, ɛ̰, a̰, ɔ̰, ṵ] exemples : [bɛ́́d́] ‘casser’ [mɛ̰́́d́] ‘conduire’ [dít́] ‘se décoller de’ [nḭ́t́] ‘avaler’ Comme les voyelles nasalisées sont établies comme phoǹmes de la langue, nous interprétons les consonnes nasales [m] et [n] comme variantes des occlusives orales sonores [b] et [d]. 4.8 Les consonnes suspectes 4.8.1 Les alvéolaires [d l r t] Au niveau des consonnes alvéolaires, nous trouvons un bon nombre de variations d’utilisation, encore multipliées par les diférences dialectales. Nous avons à traiter d’une part la relation entre [d], [l] et [r], et entre [d], [r] et [t] d’autre part. 4.8.1.1 [d l r] Position initiale Nous constatons d’abord que [r] ne se trouve jamais en position initiale. Quant ̀ [d] et [l], nous les trouvons devant les voyelles orales. Leur distribution se présente comme suit : devant [e], [i] et [u] [d] est prononcé [l] tr̀s rarement devant [o] et [ɛ] [d] est prononcé plus fréquemment que [l] devant [ɔ] et [a] [d] et [l] sont prononcés Dans les mots où [d] et [l] peuvent apparaître, ils sont toujours interchangeables, donc on ne peut pas les opposer. exemples : [dɔɡ́] [lɔɡ́] ‘bois’ [dàhàɡā] [làhàɡā] ‘derrìre’ 16 Il nous semble qu’une des langues voisines du naténi, le nyendé, connaît le même phénom̀ne. 17 Selon Reineke 1985 : 30-32 les consonnes nasales peuvent apparaître devant toutes les voyelles et n’entraînent pas leur nasalisation. 28 Position post-accentuelle Dans cette position en général suixes nominaux ou verbaux, on trouve assez de variations dans les quatre dialectes. tayari kunténi naténi village de Kouba okoni prononciation noms : -lo -ro -ro -ro [ẃlō] ‘chef, roi’ -ri -di -ri -li -ri [jūrí jūdí jūlí] ‘tête’ -ri -ri -di -ri -ri [fēèrī fēèdī] ‘agouti’ verbes : -li -ri -li -ri -ri [sūlī sūrī] ‘bon’ -la -ra -ra -ra [jílā jírā] ‘se lever’ Opposition entre [l] et [r] en tayari et en kunténi En tayari et en kunténi, [l] se trouve dans un morph̀me grammatical verbal en opposition avec [r], dans ̀ peu pr̀s un tiers des cas. exemples : [cɔ́rí] ‘être droit’ [cɔ́lí] ‘observer’ [círí] ‘rouler un cerceau’ [cīlí] ‘être tabou’ Comme cela ne se trouve que dans deux des quatre dialectes, et seulement dans un morph̀me grammatical, nous considérons [l] comme vestige et ne le comptons pas parmi les phoǹmes de la langue. 18 Résumé Nous constatons une distribution complémentaire : - [d] et dans certains cas : [d] ou [l] en position initiale - [r] et [l] en kunténi [d], [l] et [r] en position post-accentuelle Nous interprétons les sons [d], [l] et [r] comme variantes d’un seul phoǹme d. 18 Reineke 1985 : 34–35 déclare l phoǹme de la langue sans l’avoir opposé ̀ d. 29 4.8.1.2 [d r t] Nous venons d’établir d comme phoǹme de la langue et [r] comme une de ses variantes. t est également établi comme phoǹme voir 3.1.1.3. t est réalisé partout [t] sauf : - [r] en dernière syllabe dans les suixes redoublés la deuxième syllabe post- accentuelle entre voyelles de même timbre : exemples : [cìtìrī] ou [cììtī] ‘tabou’ [ḱtāŕ] ou [ḱōt́] ‘coq’ - [r] en dernìre syllabe des verbes de type [CVkata] : exemple : [pɔkàrā] ‘laver’ en okoni, on prononce [pɔkàtā] Nous constatons donc la neutralisation de l’opposition des phoǹmes d et t au proit de d, réalisé [r]. - Il y a également neutralisation de l’opposition de d et t au proit de d, réalisé [d], apr̀s la nasale syllabique en syllabe non accentuée : - au niveau de noms, les suixes [-ta, -ti, -to] sont prononcés [-da, -di, -do], - au niveau des verbes, les suixes [-la, -li] sont prononcés [-da, -di]. 19 exemples : [sā̰ǹdā] ‘cheval’ mais : [sā̰n̄fɔ̀̀tā] ‘cheval noir’ [kṵ́ǹdī] ‘sauce’ [kṵ́n̄já̰ɡàtī] ‘sauce acide’ [jān̄d́] ‘co-épouse’ [jān̄sūūd́] ‘belle co-épouse’ [tān̄dā] pf [tān̄dí] ipf ‘faire le commerce’ 4.8.2 Les palatales [c � ɲ]