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3.3.1. Usage de la langue A U F O Y E R
Les questions relatives à lusage des langues, tout particulièrement la question 2.16 adressée à des individus à Bétokomia et au groupe à Béboura
et à Bédam, ont montré que le sango na pratiquement pas pénétré au sein du foyer. A Bédam ils ont même dit que beaucoup de femmes parlent le kaba
comme seule langue voir question 1.15 Dans tous les trois villages que nous avons visités, les enfants apprennent le
kaba comme première langue.
A U V I L L A G E
Lors des réunions publiques on utilise le kaba, sauf sil y a un étranger, et ceci aussi bien à Bétokomia, à Béboura quà Bédam. Entre amis au village on
utilise le kaba. Même à Bétokomia, village situé à 7 km seulement de Paoua, toutes les personnes interrogées individuellement, soit cinq femmes et trois
hommes, ont répondu quelles parlaient le kaba avec leurs amis au village. Selon les réponses obtenues à la question 1.25, tout le monde au village, y
compris les jeunes, parle bien le kaba. A Bédam cependant, ils ont dit que les jeunes introduisent parfois des mots français tels que mais, est-ce que,
cest-à-dire. Dans tous les trois villages les interviews de groupe ont été menées par notre
collègue Elisée Moéhama et se sont déroulées en sango. Les discussions suscitées par certaines questions ou réponses avaient cependant lieu en
kaba. A Bédam certaines questions ont été traduites en kaba, mais la participation des personnes ne parlant pas ou peu le sango a été très limitée.
A L E G L I S E
Les questionnaires effectués avec les dirigeants déglise, aussi bien ceux de léglise catholique que ceux de léglise des Frères, ont montré que le sango
est largement utilisé dans le cadre de léglise. Tous, sans exception ont dit que pour la lecture des textes bibliques on utilisait la Bible en sango. La
plupart du temps cette lecture est ensuite traduite oralement en kaba. Bien quil existe une traduction de la Bible en kaba NT 1960 celle-ci est à peine
utilisée dans le cadre de léglise. Nous avons rencontré quelques personnes qui en possèdent une, mais il semble quelle soit plus répandue au Tchad.
Pour la liturgie, les chants et la prière on utilise aussi bien le sango que le kaba. A Bétokomia et à Béboura, la prédication se fait généralement en
sango, avec une traduction ou un résumé en kaba. A Bédam, par contre, la prédication se fait en kaba, sauf sil y a des étrangers, et ceci aussi bien à
léglise catholique, quà léglise des Frères. Les annonces se font aussi en kaba, pour une meilleure compréhension.
A Bédam, les gens ont dit que les enfants apprenaient le sango surtout à léglise. Le catéchiste de léglise des Frères a confirmé que dans les classes
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de baptême les enfants sont enseignés en sango, bien quils ne sachent pas le sango. Mais ils apprennent à réciter les versets par coeur.
A L E C O L E
A Bétokomia et à Béboura certains enfants apprennent le sango avant daller à lécole, mais la plupart dentre eux lapprennent à lécole.
Selon les informations récoltées lors des interviews de groupe à Béboura et à Bétokomia, on utilise le français et le sango comme langue denseignement à
lécole. Lors de la récréation cependant, les enfants se parlent la plupart du temps en kaba lorsquils jouent ensemble. Lorsque les parents vont voir le
maître décole, ils lui parlent en sango. A Bédam, la situation se présente différemment. Sur trois maîtres décole, deux sont Kaba. Le sango nest donc
pas tellement utilisé comme langue intermédiaire, même par le maître qui nest pas Kaba, puisque selon lui, les enfants ne comprennent pas le sango.
Il essaie de se débrouiller avec le peu de kaba quil a appris. Si les parents viennent le voir et ne parlent pas le sango, il a besoin dun interprète. A
Bégouladjé, on insiste pour que les enfants parlent le français. Les grands élèves sont punis sils parlent le kaba à lécole.
3.3.2 Attitude envers la langue maternelle