Rapport d'Enquête Sociolinguistique: Première Evaluation Parmi les Mpiemo | SIL International

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Electronic Survey Report 2017-007

Rapport d'Enquête
Sociolinguistique :
Première Evaluation Parmi les
Mpiemo

Daniel Duke

Rapport d'Enquête Sociolinguistique :
Première Evaluation Parmi les Mpiemo
Daniel Duke

SIL International®
2017

SIL Electronic Survey Report 2017-007, May 2017
© 2017 SIL International®
All rights reserved


Résumé
Le but principal de cette enquête était d'avoir un premier aperçu de la situation sociolinguistique du
mpiemo [ISO 639-3 mcx] en tenant compte de la situation dialectale, du bilinguisme en sango ainsi que
de la viabilité de la langue. Ceci en vue de la standardisation possible de la langue et de la proposition
d'un dialecte comme dialecte de référence standard.
L'enquête a été menée par un groupe de chercheurs de la SIL composé de Elisée Moéhama, Michael
Buchanan et Daniel Duke. Elle a eu lieu du 20 au 30 novembre 1995.

Abstract
The primary goal of this survey was to gain an overview of the sociolinguistic situation of the Mpiemo
language [ISO 639-3 mcx] taking into account the dialect situation and bilingualism proficiency in the
Sango language as well as the viability of the Mpiemo language. A dialect that might best be a reference
standard was proposed in view of possible standardization of the language. The investigation was
conducted in November 1995 by a group of SIL researchers composed of Elisha Moéhama, Michael
Buchanan and Daniel Duke.
(This early Rapid Appraisal survey report written some time ago deserves to be made available even at this
late date. Conditions were such that it was not published when originally written. The reader is cautioned that
more recent research may exist. Historical data is quite valuable as it provides a basis for a longitudinal
analysis and helps us understand both the trajectory and pace of change as compared with more recent

studies.—Editor)

Contents
1

Introduction
1.1 Arrière-plan et classification
1.2 But de l'enquête
2
Methodologie
2.1 Première évaluation
2.2 Le test de bilinguisme « SRT »
2.3 Exécution de l'enquête
2.3.1 Date et enquêteurs
2.3.2 Choix des villages
3
Resultats et evaluations
3.1 Situation dialectale et relation avec les parlers proches
3.1.1 Etendue et homogénéité
3.1.2 Relations avec les parlers proches : Intercompréhension et attitudes.

3.1.3 Commentaire
3.2 Bilinguisme
3.2.1 Compétence en sango : Tests SRT
3.2.2 Attitude envers le sango
3.3 Viabilité de la langue
3.3.1 Usage de la langue
3.3.2 Attitude envers la langue maternelle
3.3.3 Facteurs démographiques et sociaux
3.3.4 Commentaire
4
Conclusion et recommandations
Appendice A : Niveau de bilinguisme d'une communauté en sango et viabilité de la langue locale
Appendice B : Questionnaires
Appendice C : SRT résultats
Références

iii

1
1.1


Introduction
Arrière-plan et classification

Le mpiemo est parlé en RCA dans la préfecture de Sangha-Mbaéré, plus précisément aux environs de
Nola, sur les routes Nola-Yokadouma (Cameroun) et Bilolo-Salo. On trouve aussi des Mpiemo au
Cameroun (nord et sud de Yokadouma) et dans quelques villages aux environs de Gamboula (préfecture
de Mambéré-Kadéï).
L'Ethnologue (Grimes 1992 : 212) présente le mpiemo comme langue bantoue et indique un nombre
total de 41.000 locuteurs, dont 35.000 en République Centrafricaine.
L'ALC (Atlas Linguistique de Centrafrique, 1984) présente le mpiemo comme un dialecte de l'ensemble
dialectal MPO présenté sous le numéro 300, soit comme langue bantoue de groupe « maka-njem » (A80
de Guthrie 1959), de la famille Bénoué-Congo, appartenant au phylum Niger-Kordofan.
ALCAM (Atlas Linguistique du Cameroun, 1983) a proposé le glossonyme standard de mpo [431] pour
désigner l'ensemble des parlers mezime, mpobyen, popyeet, mpopo (=mpompo), bageto, kunabeeb
(=kunabimbe), mpyemo (=mpiemo), mpomam, essel (=bekwel), et bijugi (=bijuki).
ALAC Congo (Atlas Linguistique du Congo 1987 : 23) a noté que le mpiemo est : « classé
généralement dans le groupe makaa-ndziem en A 86c. Selon quelques informateurs se disant locuteursnatifs, rencontrés à Ouesso, le mpyemo serait plus proche du pomo (donc du groupe kako A90) que de
groupe makaa A80…. A rapprocher du dialecte mpyemo de la langue mpo (431 in ALAC-Cameroun). »
Le recensement de 1988 présente le mpiemo sous le numéro 20. Selon les données de ce

recensement le nombre total des locuteurs du mpiemo en RCA est de 17.098. De ce nombre, 12.576 se
trouvent dans la sous-préfecture de Nola, préfecture de Sangha-Mbaéré.
Nous présentons ci-dessous la classification ALC (1984).
phylum :

niger-kordofan

sous-phylum :

niger-congo

famille :

bénoué-congo

branche :

bantoïde

sous-branche :


bantou

groupe :

bantou A

bantou C

bantou D

langue

mpo [300]
(=mpiemo et bijuki)

ngando [321]
mbati [322]
mbomitaba [330]
pande [340]

ngondi [350]
aka [360]
bobangi [370]

kari [380]
bodo [390]

A90
kako [311
pomo [312

La Société Internationale de Linguistique au Cameroun a fait une étude sociolinguistique sur les
Mpiemo au Cameroun (Beavon et Johnson 1989). Laurent-Justin Wanabenetsia a écrit une dissertation
(1984) sur l'hospitalité dans la culture et la tradition mpiemo. Il a aussi collaboré avec Keith Beavon de
la SIL au Cameroun pour faire une étude préliminaire sur la phonologie du mpiemo (manuscrit, 1978).
Maurice Djenda et Gerhard Kubik ont transcrit une histoire mpiemo qui a été publiée en 1971. Une
traduction des quatre Evangiles en mpiemo a été effectuée par Gilbert Ankouma, Joseph Apang, et Lydia
Lunstrom de la Mission Baptiste Suédoise. Ils l'ont publiée en 1978.

1


2
1.2

But de l'enquête

Le but principal de cette enquête était d'avoir un premier aperçu de la situation sociolinguistique du
mpiemo en tenant compte de la situation dialectale, du bilinguisme en sango ainsi que de la viabilité de
la langue. Ceci en vue de la standardisation possible de la langue et de la proposition d'un dialecte
comme dialecte de référence standard.
Cette enquête sociolinguistique s'inscrit aussi dans le cadre d'un programme de recherche défini en
accord de coopération entre le gouvernement de la République Centrafricaine et la SIL. Elle constitue en
fait, la phase initiale de ce programme de recherche dans les langues locales. En effet selon l'article 5 du
protocole d'accord, ce programme de recherche couvre une étude approfondie du sango et des autres
langues locales ainsi que la préparation de matériaux d'alphabétisation en vue de la promotion du sango
d'une part, et du développement des langues locales d'autre part.
En ce qui concerne le mpiemo, une traduction des quatre Evangiles a été publiée en 1978. Un des
buts de cette enquête était donc aussi de réévaluer la situation du mpiemo en tenant compte des
traductions déjà existantes.


2
2.1

Methodologie
Première évaluation

La méthode utilisée lors de cette enquête est la méthode de la première évaluation en anglais Rapid
Appraisal, qui a été conçue dans le but de collecter des informations permettant d'avoir une vue globale
de la situation sociolinguistique dans un laps de temps relativement court. A cet effet un questionnaire
de groupe, un questionnaire individuel, un questionnaire pour les responsables d'église et un
questionnaire pour les maîtres d'école sont les moyens utilisés pour recueillir les informations. A ceci
s'ajoutent les informations informelles recueillies auprès des autorités locales et des personnes sensées
connaître la situation du parler en question.
Selon les résultats, une première évaluation sera suivie de tests ultérieurs plus approfondis. Notons
que lors d'une première évaluation, la recherche est concentrée sur trois domaines sociolinguistiques, à
savoir :
1) La situation dialectale et les relations linguistiques avec les parlers proches, ainsi que les
attitudes envers ces parlers.
2) Le niveau du bilinguisme dans une ou plusieurs langues secondes répandues dans toute la région
et les attitudes envers ces langues.

3) La viabilité de la langue à long terme, révélée par l'usage des langues et l'attitude envers la
langue maternelle.
Une enquête de ce genre doit être menée dans au moins deux villages, afin que les informations
recueillies dans un premier village puissent être confirmées par celles reçues dans le deuxième village. A
chaque endroit on utilise le questionnaire de groupe avec les autorités du village et les habitants
rassemblés. Au cas où certaines informations auraient besoin d'être approfondies, on utilise les
questionnaires individuels avec au moins dix personnes. Le questionnaire pour les dirigeants d'église et le
questionnaire pour le maître d'école révèlent l'usage des langues dans ces domaines.
2.2

Le test de bilinguisme « SRT »

Le niveau de bilinguisme en sango et en français.
Le test SRT (de l'anglais Sentence Repetition Test) consiste en une série de 15 phrases à répéter par
le sujet testé. Le principe qui est à la base de ce test est qu'il existe une certaine corrélation entre
l'aptitude à répéter les phrases entendues et la maîtrise de la langue proprement dite. Plus le sujet
maîtrise une langue seconde, plus il sera capable de répéter des phrases longues et complexes. Le SRT a
l'avantage de fournir des résultats relativement fiables dans un laps de temps très court (entre 5 et 10
minutes par sujet). Pour une description plus détaillée, voir Radloff (1991).


3
La version français du test SRT a été développée par la SIL au Cameroun en 1991 (Stalder et
Bagwell 1993). La version sango a été développée par la SIL en RCA (Karan 1993).
Si l'on veut obtenir des résultats qui soient représentatifs de l'ensemble de la communauté, il est
nécessaire de procéder à l'échantillonnage en appliquant une méthode qui donne à chaque individu les
mêmes chances d'être choisi. C'est ce qu'on appelle le « prélèvement d'échantillons au hasard » (en
anglais : random sampling).
Pour diverses raisons il est difficile d'appliquer cette méthode dans le cadre de nos premières
évaluations et c'est la raison pour laquelle nous avons développé la stratégie suivante : dans le cadre de
l'interview de groupe, nous faisons appel à des volontaires tout en étant conscients que ceux qui se
présentent pour faire le test sont généralement ceux qui ont l'impression qu'ils savent le sango. Cette
manière de procéder à l'échantillonnage nous a paru intéressante et utile dans le cadre d'une première
évaluation, dont le but n'est pas de déterminer le niveau de bilinguisme de toute la communauté, mais
simplement d'avoir une idée de la situation. Si donc en faisant appel à des volontaires on peut admettre
que ceux qui se présentent pour le test sont certainement ceux qui maîtrisent le mieux le sango et qui se
sentent suffisamment à l'aise avec leur niveau de sango pour se prêter à ce genre d'exercice, on obtiendra
une idée du niveau de ceux du groupe qui parlent le mieux le sango, ce qui est indice important pour
compléter les informations récoltées par le moyen des questionnaires. Le niveau réel sera plutôt audessous de nos résultats.
2.3
2.3.1

Exécution de l'enquête
Date et enquêteurs

L'enquête a été menée par un groupe de chercheurs de la SIL composé de Elisée Moéhama, Michael
Buchanan et Daniel Duke. Elle a eu lieu du 20 au 30 novembre 1995.
2.3.2

Choix des villages

Pour le choix des villages, nous nous basons sur les données du dictionnaire des villages et les données
du recensement de 1988. Nous avons essayé de présélectionner quelques villages qui réunissent les
conditions nécessaires pour une enquête de ce genre (première évaluation) à savoir :
1 La grande majorité de la population doit être du groupe linguistique en question.
2 Les villages doivent avoir entre 100 et 400 habitants. Ceci nous garantit un effectif suffisant pour
l'interview de groupe tout en assurant qu'un certain nombre de gens n'auront pas participé à
l'interview de groupe et seront disponibles pour l'interview individuelle, le cas échéant. Un des
villages doit être situé au bord de la grande route ou proche d'un centre urbain, tandis que
l'autre doit être plus reculé afin de nous permettre de comparer l'influence du sango dans les
deux endroits.
3 Les villages doivent avoir une école avec cycle complet, ce qui permet d'effectuer les tests de
bilinguisme dans les classes CE1 et CM2. En fait, les écoles au village étaient fermées pendant
cette période à cause de la fête du 1 décembre, ce qui nous a empêché de faire des tests de
bilinguisme dans le cadre des écoles.
La seconde étape dans le choix des villages est le contact avec les autorités de la localité. En fait
nous avons pris contact avec le sous-préfet de Nola et son entourage, afin d'avoir leur recommandation
sur les villages qui, selon eux, répondraient à nos critères, sans pour autant leur dire quels villages nous
avions sélectionnés avant. C'est alors que nous avons pu retenir les villages qui conviennent.
Une première évaluation doit se faire dans au moins deux villages. Pour cette enquête, notre choix
s'est porté sur :
1 Bilolo (Adoumandjali) : Situé sur la route Nola-Yokadouma à 26 km. à l'ouest de Nola. Bilolo
compte une population de 794 habitants, essentiellement Mpiemo. C'est le village mpiemo le
plus central (situé au croisement des deux axes où habitent la majorité des Mpiemo). On y

4
trouvent un hôpital, une grande école, le centre de la paroisse catholique, et le siège du chef du
canton. Nous avons choisi Bilolo comme village représentatif du centre de la région mpiemo.
2 Satouba : Situé à 67 km. de Nola sur la route Bilolo-Salo (40 km au sud de Bilolo) il compte 115
habitants, essentiellement Mpiemo. Nous avons choisi Satouba comme village représentatif de
l'extrême sud de la région mpiemo.
Lors de cette enquête, les interviews ont été menées en sango et en français. Les interviewés ont eu
des débats et discussions entre eux surtout en mpiemo mais aussi en sango. Les réponses nous ont par
contre toujours été données en sango ou en français.

3

Resultats et evaluations

3.1
3.1.1

Situation dialectale et relation avec les parlers proches
Etendue et homogénéité

Les informations reçues sur le terrain ont confirmé nos recherches préliminaires concernant la situation
des Mpiemo. Ceux-ci ont effectivement pour centre l'axe entre Nola et Yokadouma (Cameroun). Leurs
limites avec les autres groupes ethniques sont assez claires. Même s'ils n'ont pas beaucoup de contact audelà de la frontière, les Mpiemo de RCA ont pu confirmer ce que les Mpiemo du Cameroun avaient
rapporté concernant leur étendue (Beavon et Johnson 1989).
Les limites sont :
– Sur l'axe Nola-Yokadouma
– Sur la route forestière Bilolo-Salo
– Au Cameroun, au nord de Yokadouma jusqu'à Kelemba, et au sud jusqu'à Tembé
– Quelques villages autour de Gamboula (pas mentionnés par les Camerounais)
Récemment, beaucoup de Mpiemo sont partis travailler dans les scieries vers Bayanga et Lidjumbo,
où ils cohabitent avec d'autres peuples.
Nous avons aussi pu confirmer l'existence des sous-groupes suivants :
– Jasua (au Cameroun, au nord de Yokadouma)
– Bijuki (au Cameroun, autour de Yokadouma, et en RCA jusqu'à Ziendi)
– Ziendi (autour de Ziendi)
– Mpiakombo (de Bilolo jusqu'à Nola)
– Bikung (Anam et Mboy)
– Kwakpili (de Bilolo jusqu'à Salo)
– Bamba (autour de Gamboula)
Il ne nous a pas été possible de déterminer exactement ce que sont ce sous-groupes, si ce sont
simplement des noms de clans ou s'il s'agit d'autre chose. Répondre à cette question aurait dépassé le
cadre de cette enquête qui n'est qu'une première évaluation. Les interviewés ont insisté sur le fait qu'il
n'y a pas de distinction dialectale entre eux, bien qu'il y ait des petites variations. Les gens s'indentifient
en premier lieu comme Mpiemo et confirment ensuite leur appartenance à l'un des sous-groupes
mentionnés. Le groupe bijuki a été traité comme variété linguistique du mpo par ALC (1984 : 38) : « Le
bijuki et le mpiemo sont deux dialectes d'un ensemble dialectale… mpo. » Les interviewés ont toutefois
considéré les Bijuki comme étant un sous-groupe de l'ethnie Mpiemo. Cette impression est aussi ressortie
de l'enquête effectuée au Cameroun (Beavon et Johnson 1989). Les groupes qui se situent aux extrémités
de l'aire linguistique mpiemo, c'est-à-dire les Jasua et les Bamba, se sont mélangés avec d'autres ethnies
et ils ont développé des traits distinctifs dans leur manière de parler au contact d'autres langues (le kako
et le gbaya). Ces variations n'empêchent pas l'intercompréhension, mais elles pourraient poser quelques
problèmes si l'on choisissait le jasua ou le bamba comme dialecte de référence standard. Les groupes
Bijuki et Mpiakombo semblent avoir plus de prestige que les autres (selon les réponses reçues lors de la
présente enquête et aussi celle de la SIL au Cameroun). Selon Beavon et Johnson (1989), le majorité des
Mpiemo sont Bijuki, et cette variété est favorisée même par les responsables des églises en RCA. Les gens

5
avec qui nous avons parlé ont plutôt favorisé la variété mpiakombo. En tout cas, ils ont toujours affirmé
l'homogénéité de la langue mpiemo.
La région mpiemo, c'est-à-dire les axes Nola-Yokadouma et Bilolo-Salo, est très homogène, mis à
part les alentours immédiats des scieries. La SIL au Cameroun a estimé qu'il y avait un total de 85
villages mpiemo (Beavon et Johnson 1989 : 1)
3.1.2

Relations avec les parlers proches : Intercompréhension et attitudes.

En réponse à la question « quelles langues comprenez-vous ?, » les Mpiemo ont mentionné les parlers
suivants : sangha-sangha, kpinga, ngbenkonzo, mpompo, kunabimbe (qu'ils appellent kunabimbo). Les
deux derniers (le mpompo et le kunabimbe) appartiennent au mpo du Cameroun.
3.1.2.1

Intercompréhension

Etant donné la classification de l'ALC, présentant le mpiemo comme dialecte de mpo, une langue bantoue
A80 (cf. Arrière-plan et classification de la langue), nous avons choisi de vérifier l'intercompréhension du
mpiemo avec les autres parlers de mpo et d'autres langues bantoues A80 et A90. Comme il y a des
langues dans ces groupes apparentés qui sont en train d'être développées, il se pourrait que les Mpiemo
puissent profiter du travail déjà effectué en utilisant les matériaux produits dans une de ces langues.
Les questions 1.4 à 10 et 1.22 nous ont permis de recueillir les informations suivantes :
1. Mpo [ALC 300, ALCAM 431]
Dans les interviews, les gens ont mentionné trois variétés de mpo (mpompo, bekwel, et kunabimbe)
comme langues semblables au mpiemo. Avec les locuteurs de ces variétés ils se parlent en langue
maternelle, et ils se comprennent.
2. Mpompo [ALCAM 431]
Les Mpompo sont les voisins directs des Mpiemo du Cameroun, et les relations entre leurs langues
ont été étudiées lors de l'enquête de la SIL au Cameroun (Beavon et Johnson 1989). Dans les deux
villages, les gens ont été d'accord pour dire que le mpompo est compris même par les enfants. Lors
de l'enquête effectuée par la SIL au Cameroun on a fait écouter des textes enregistrés en mpompo aux
Mpiemo du Cameroun. Ces tests RTT (anglais Recorded Test Testing) ont indiqué une compréhension
élévée (94 % des réponses justes) du mpompo. Il s'agit cependant plutôt d'une compréhension
acquise par le contact (voir Beavon et Johnson 1989 : 3–4).
3. Bekwel [ALAC Congo 124, ALCAM 431]
La SIL au Congo a commencé un projet en bekwel (esel), et la question se pose donc de savoir si des
adaptations éventuelles des matériels produits en bekwel pourraient peut-être être envisagées. Dans
les deux villages, les gens ont dit que le bekwel (du Congo) est peu compris par les enfants. A
Satouba, ils ont ajouté que le bekwel « a des complications. »
4. Kunabimbe [ALCAM 431]
Par rapport au kunabimbe, les enfants de Bilolo peuvent le comprendre, mais pas ceux de Satouba. A
Satouba ils ont dit que le kunabimbe était « compliqué. » En tout cas, dans les deux villages, les gens
ont dit que c'est le mpompo qu'ils comprennent le mieux, ensuite le kunabimbe puis le bekwel.
5. Nzime [ALCAM 432]
Nos interviewés n'avaient pas du tout entendu parler des Nzime. Lors de l'enquête menée au
Cameroun on a fait écouter des textes en nzime aux Mpiemo du Cameroun, et les résulats ont montré
qu'il y a une certaine intercompréhension entre ces deux parlers (86 % des réponses justes). Ce
pourcentage indique que les Mpiemo du Cameroun pourraient probablement utiliser du matériel
écrit en nzime.

6
6. Kako [ALC 311, ALCAM 440]
Les gens interviewés ont dit qu'ils peuvent parler en langue maternelle avec les Kako, et qu'ils se
comprennent jusqu'à un certain point. Un enfant Mpiemo ne peut cependant pas comprendre le
kako, et même les adultes utilisent quelquefois le sango avec eux.
3.1.2.2

Attitudes

En général, les Mpiemo ne se sentent pas très proches des autres groupes apparentés (groupes A80 et 90
de la classification de Guthrie) placés au Cameroun et au Congo. Ils forment cependant une unité avec
les Mpiemo du Cameroun. A Bilolo, les gens ont dit former un même peuple avec les Sangha-Sangha et
les Kunabimbe. A Satouba par contre, ils disaient ne pas former un même peuple avec ces groupes. La
clarification de cette situation, surtout par rapport aux Sangha-Sangha, aurait dépassé le cadre de cette
première évaluation.
3.1.3

Commentaire

Nous n'avons pas reçu une confirmation de l'assertion selon laquelle il y aurait une intercompréhension
immédiate entre les parlers mpo (ALCAM 1983:104). En fait, les gens interviewés n'avaient pas une
grande connaissance des langues du Cameroun ou celles du Congo. Il faudrait faire des tests ultérieurs
pour savoir s'il serait possible pour eux d'utiliser du matériel produit en nzime.
3.2

Bilinguisme

Traiter du bilinguisme revient à considérer la situation des langues secondes répandues dans la région,
ceci pour essayer d'obtenir une idée du niveau de compétence et des attitudes envers les langues en
question. Nous nous sommes intéressés au sango, langue nationale parlée sur presque tout le territoire de
la RCA et utilisée comme langue religieuse dans beaucoup de dénominations chrétiennes.
3.2.1

Compétence en sango : Tests SRT

Dans les deux villages, nous nous sommes rendu compte que tous les gens ne parlent pas bien le sango,
surtout des personnes âgées et les enfants. Le niveau de sango est cependant assez élevé chez les jeunes
et les adultes. Les gens ont affirmé qu'ils ne parlent pas le sango tous les jours. Ils ne le parlent que
quand il y a parmi eux des étrangers ou des visiteurs qui ne parlent pas le mpiemo. Quelques enfants
apprennent le sango avant d'aller à l'école mais leur langue préférée est le mpiemo.
En faisant appel à des volontaires pour le test de bilinguisme nous étions conscients que nous
n'aurions pas une distribution régulière ou représentative de l'ensemble de la communauté. En effet ce
sont surtout les jeunes gens avec « un bon niveau » de sango qui ont osé se présenter pour le test.
Les résultats des tests de bilinguisme ne sont pas tellement représentatifs du niveau du bilinguisme
de l'ensemble de la communauté, mais indiquent plutôt le niveau de ceux qui parlent le mieux le sango.

7
Tableau 1. Corrélation entre les niveaux FSI et les scores
du test SRT en sango (Karan 1993)
Scores
Sango SRT
0–9
10–12
13–15
16–18
19–22
23–25
26–29
30–32
33–36
37–45

Niveaux
FSI
0
0+
1
1+
2
2+
3
3+
4
4+

Voici les scores obtenus dans les deux villages (sur une échelle allant de 0 à 45 points) :
Tableau 2. Les scores obtenus dans Bilolo et Satouba

SRT
FSI
Nombre de sujets

Bilolo
25.1
2+
7

Satouba
22.9
2+
10

Total
23.8
2+
17

Voici la distribution selon l'âge :
Tableau 3. La distribution selon l'âge
Age

0–25

26–34

> 35

Total

Moyenne SRT
Niveau FSIa
Nombre de sujets

22,6
2+
8

29,8
3+
4

21,0
2
5

23,8
2+
17

a

3.2.2

FSI Niveau de bilingue compétence, mis au point par la U.S. Foreign Service Institute

Attitude envers le sango

Il s'est dégagé à travers l'interview de groupe une assez bonne attitude envers le sango. Pour les Mpiemo,
le sango est une langue de communication interethnique. Ils ont exprimé cela en disant : « Pour parler
avec les étrangers » ou bien « pour parler avec ceux qui ne parlent pas mpiemo. »
Bien que les plus jeunes et les vieux ne parlent pas bien le sango, ils le comprennent ; bien que les
gens affirment ne pas parler sango tous les jours, l'attitude envers le sango est positive. En réponse à la
question « Si un jeune parlait le sango à la maison, est-ce que les vieux seraient malheureux ? »
(quest.1.32), les vieux de Bilolo ont dit non, parce que c'est la langue nationale que tout le monde
connaît. Les vieux de Satouba, cependant, « ne seraient pas contents » de cette situation, parce que « le
sango est trop informel. » Pour ces vieux, le sango est un instrument pratique, mais ils n'ont pas
d'attachement affectif pour la langue en soi.

8
3.3

Viabilité de la langue

La question est de savoir si dans un avenir lointain la langue mpiemo sera toujours parlée ou pas. Bien
qu'il soit difficile de cerner cette question assez complexe dans un laps de temps aussi court, certaines
questions peuvent cependant nous fournir des indices, soit en révélant des attitudes envers la langue
(questions : 1.24, 1.29, et 2.18, 2.26), soit en révélant des schèmes d'usage de la langue. Il est également
difficile de prévoir tous les facteurs qui pourraient entrer en ligne de compte et être déterminants pour
l'avenir de la langue à long terme, mais néanmoins, les réponses obtenues aux questions relatives à
l'usage de langues et aux attitudes (questions : 1.13, 1.29, 2.17, 2.23) nous permettent de présenter un
premier aperçu de la situation.
3.3.1

Usage de la langue

Au foyer
Dans les interviews de groupe, les gens nous ont dit que, dans la famille, c'est surtout le mpiemo qui est
parlé. Quelquefois les jeunes parlent aussi le sango à la maison. La plupart des enfants apprennent
d'abord le mpiemo et puis le sango, à l'âge scolaire.
Au village
Le mpiemo est parlé le plus souvent au village. Les étrangers qui restent longtemps dans le village ne
sont pas nombreux, et ils apprennent le mpiemo. La plupart des étrangers viennent seulement pour
acheter des choses, par exemple des marchands musulmans.
A l'église
Le sango domine à l'église, mais le mpiemo est aussi utilisé. La prédication chez les Baptistes se fait
souvent en mpiemo, et sinon il y a une interprétation phrase-à-phrase. Ce n'est pas le cas chez les
catholiques et les apostoliques, qui n'utilisent que le sango. Il existe une traduction des quatre Evangiles
en mpiemo ; quelquefois les Baptistes l'utilisent pendant le culte. Autrement, dans toutes les églises, on
fait un résumé en mpiemo après avoir lu le texte biblique en sango. Les chants sont en mpiemo et en
autres langues. La prière publique se fait en sango et en mpiemo. Les annonces se font toujours en
mpiemo, et les gens parlent le mpiemo dans les cellules de prière.
Il est rare que les gens utilisent les Ecritures en mpiemo, bien qu'il existe une traduction des quatre
Evangiles et un livre de cantiques. Les exemplaires ne sont pas nombreux au village, et la plupart de gens
ne savent pas les lire. Beaucoup se plaigne de la traduction comme étant difficile à comprendre (la
traduction des exemplaires trop littérale du français), mais d'autres insistent qu'elle est claire. Tout le
monde était d'accord pour dire qu'il est nécessaire d'avoir un programme d'alphabétisation en mpiemo.
A l'école
A l'école les enfants parlent le sango et le mpiemo avec leurs amis. Les parents s'adressent aux maîtres en
sango, même si le maître est Mpiemo.
Au marché
Au marché de Bilolo, on utilise les deux langues : sango et mpiemo. Au marché de Nola, on n'utilise que
le sango, sauf quand la personne qui vend est Mpiemo. Les prix sont donnés en sango et le marchandage
se fait aussi en sango.

9
3.3.2

Attitude envers la langue maternelle

Dans les deux villages les gens ont exprimé une attitude positive envers leur langue maternelle. Dans
l'interview de groupe, les discussions entre les interviewés ont eu lieu en mpiemo. Tous sont fiers du
mpiemo ; même les jeunes pensent qu'ils le parlent bien, quand bien même ils le mélangent avec le sango
ou le français. Les gens ont dit que leur langue ne va jamais cesser d'être parlée, même dans un avenir
lointain. A la question : « dans quelle langue est-ce que vous préfériez lire et écrire ? » ils ont insisté sur
le mpiemo. Ils sont très intéressés à continuer le développement de leur langue.
3.3.3
3.3.3.1

Facteurs démographiques et sociaux
Migration et exode

La région mpiemo est une zone avec beaucoup de sociétés de bois et des chantiers de diamants. C'est là
un facteur qui empêche l'exode des jeunes vers les grandes villes. Il a été exprimé que les gens voyagent
beaucoup mais qu'ils ne s'absentent pas longtemps ; ils reviennent toujours. Il y a peu de jeunes gens qui
quittent le village pour s'installer ailleurs. Les gens qui quittent le village le font soit pour les études, soit
pour le travail, mais ils reviennent toujours.
3.3.3.2

Mariages mixtes

Il nous a été dit qu'il y a beaucoup de mariages mixtes. Il y a beaucoup d'autres ethnies habitant près des
scieries, et ils se marient librement. Il y a aussi des « Arabes » qui épousent les femmes Mpiemo, mais les
hommes Mpiemo ne veulent pas se marier avec une femme musulmane.
3.3.3.3

Infrastructures

Comme nous l'avons déjà dit, il y a beaucoup de sociétés dans la zone Mpiemo, ce qui rend possible le
bon maintien des routes. L'accès dans la région mpiemo en RCA n'est cependant pas très facile à cause du
manque de bacs publiques.
3.3.4

Commentaire

Les commentaires ci-dessus nous montrent qu'il n'y a pas beaucoup de facteurs qui puissent empêcher la
viabilité du mpiemo. Le mpiemo est parlé au sein de la famille et du village, et les enfants l'apprennent
avant le sango. L'attitude positive envers le mpiemo est soutenue par les habitudes d'usage des langues
qui favorisent la langue maternelle. Aussi la situation sociale est stable et homogène, qui n'indique pas
de grands changements dans l'avenir prévisible. Cela nous amène à conclure que la viabilité du mpiemo
à long terme semble certaine.

4

Conclusion et recommandations

Les résultats de cette première évaluation peuvent se résumer dans les conclusions suivantes :
1. Bien qu'il y ait des petites variations, le mpiemo se présente comme une entité linguistique
homogène et distincte des autres parlers qui l'entourent. Il est parlé par un peuple ayant une
identité propre. Le mpiemo est parlé dans la préfecture de Sangha-Mambaeré et aussi au
Cameroun. Il y a des nuances entre les sous-groupes, mais cela n'est pas pertinent pour constituer
une distinction dialectale. Le mpiemo peut donc être considéré comme langue en soi. En ce qui
concerne le bijuki, il ne s'agit pas tellement d'un dialecte du mpo mais plutôt du parler d'un sousgroupe Mpiemo.

10
2. Il semble y avoir une certaine intercompréhension avec les autres parlers du groupe mpo (se
trouvant hors de la RCA), mais les gens ne connaissaient pas suffisamment ces langues parlées au
Cameroun et au Congo pour se prononcer avec certitude sur l'intercompréhension. Il faudrait
prévoir des tests ultérieurs pour savoir si les Mpiemo pourraient utiliser les matériaux en nzime
(Cameroun).
3. Le niveau de bilinguisme en sango n'est pas très élévé à part chez quelques jeunes hommes. Les
vieux ne le maîtrisent pas du tout. La plupart des enfants ne l'apprennent qu'à l'âge scolaire.
Dans presque tous les domaines d'usage, c'est le mpiemo qui domine. Dans l'ensemble, le niveau
du sango nous a semblé relativement bas, et c'est seulement une minorité qui atteint un niveau
de sango moyen.
4. L'impression générale qui ressort de cette Première Evaluation est que la viabilité du mpiemo est
certaine.
5. Recommandation pour l'ALC : au lieu de mentionner le mpo avec les dialectes mpiemo et bijuki,
ne mentionner que le mpiemo en tant que langue bantoue A80.

Appendice A : Niveau de bilinguisme d'une communauté en sango et viabilité de
la langue locale
A. Quatre catégories de bilinguisme en sango
1 Elevé : Le niveau de sango de la majorité de la population atteint un niveau FSI de 3 ou plus. Il y
a des gens qui parlent le sango comme première langue.
2 Moyen (majorité) : Le niveau de la plupart de la population atteint un niveau FSI se situant
autour de 2+.
3 Moyen (minorité) : Le niveau de certains groupes de la population atteint un niveau FSI se
situant autour de 2+, mais le niveau de la majorité est inférieur (entre 1 et 2).
4 Bas : Bien qu'il existe quelques individus qui maîtrisent le sango, la population en général ne le
parle pratiquement pas.
B. Trois degrés de viabilité d'une langue locale
1 Certaine : Une minorité atteint un niveau de sango moyen ou toute la population est sur un
niveau bas. La langue locale est très appréciée et bien parlée aussi parmi les jeunes et les enfants.
Dans le cadre du culte on traduit la prédication ou on donne un résumé en langue locale.
2 Incertaine : La plus grande partie de la population parle le sango sur un niveau moyen. La langue
locale est toujours appréciée et parlée par tout le monde, mais les enfants parlent bien le sango
et l'apprennent à l'âge préscolaire. Le sango est parlé parmi les jeunes entre eux. Le culte n'est
plus systématiquement traduit, sauf parfois les annonces.
3 Peu probable : La plupart de la population a un niveau de sango élevé. Il y a même des gens qui
le parlent comment première langue. Les enfants apprennent très souvent d'abord le sango et la
langue locale bien plus tard (6–10 ans). Le sango domine dans les conversations, surtout parmi
les jeunes.
N.B. : Nous sommes conscients du fait que le niveau de bilinguisme et la viabilité d'une langue d'une aire
linguistique donnée peuvent varier, mais nous pensons que la situation que nous présentons est assez
représentative du milieu rural.

11

Appendice B : Questionnaires
1. Questionnaire de groupe
Situation dialectale et relations avec les parlers proches
Etendue et homogénéité de la région (Voir carte de la région)
1.1. Quels sont les villages dont la majorité des gens parlent la LQ ? (Langue en question)
Na yâ tî âködörö wa sï mîngi tî âzo nî atene yângâ tï LQ ?
Encercler les villages où la grande majorité des gens parlent la LQ
Mettre entre parenthèses les noms des villages où les gens ne sont pas sûrs
Encadrer les villages où l'on trouve plusieurs langues différentes, dont la LQ
Souligner les villages où l'on parle une langue différente de la LQ et noter le nom de celle-ci à côté.
1.2.

Est-ce qu'il existe d'autres villages ailleurs, très loin d'ici, où les gens parlent la LQ ?
Âmbênî ködörö ayeke yongôro na ndo sô, sô âzo nî atene yângâ tî LQ ?
Comment les appelez-vous ?
Me âla dï ïrï nî ndê ? ïrï nî nye ?
Quels sont les liens entre vous ? Est-ce que vous avez la même racine ? Est-ce que vous les recevez
comme membres de votre famille ?
Pöpö tî âla na âzo nî kâ ayeke töngana nye ? Ngunda tî âla ayeke ôko ? Âla sâra famille na âzo nî ?

1.3.

Est-ce que dans tous les villages qu'on vient de citer, on parle LQ de la même façon ?
Na yâ tî âködörö sô kûê ï fa fadë ge sô âzo nî atene yângâ tî LQ lêgëôko töngana tî âla ?
(Si la réponse est positive : )
Si vous entendez parler quelqu'un de [NOM D'UN village éloigné où l'on parle LQ], est-ce qu'en
entendant sa façon de parler vous pouvez reconnaître d'où il vient ?
Peut-être mbênî zo tî NOM DU VILLAGE LOIN asï na popo tî ï, si lo commencer tî sâra tene na LQ.
Töngana âla mä lêgë tî tënëngö LQ tî lo, est-ce que âla peut tî hînga atene sô LQ tî ndo töngasô
laâ ?

1.4.

Est-ce que vous considérez ceux qui ne parlent pas de la même façon quand même comme des
GQ ? (groupe en question).
Âla bâa kamême âzo sô asâra tënë lêgëôko töngana GQ ?

1.5.

Où parle-t-on mieux la LQ, la vraie LQ ? Pourquoi ?
Na ndo wa sï âzo atene yângâ tî LQ nzönî na lëgë nî, tâa LQ ? Ndâlï tî nye ?
Si je veux apprendre le vrai LQ, qui est clair, où est-ce que je dois aller ?
Töngana mbï yê tî manda tâa LQ, sô avuru nzönî, alîngbi mbï gue na ndo wa ?
(S'il y a plusieurs dialectes bien distincts, on peut poser la question suivante : )
Quel est le dialecte que vous aimez le mieux ? Pourquoi ?
Na popo tî âkêtê yângâ tî ködörö sô ï fa fadë ge sô, sô wa laâ âla yê mîngi ? Ndâlï tî nye ?
(Les gens vont probablement citer leur propre dialecte. On peut alors insister : )
Et après ? Na pekônî ?

Relation avec les parlers proches (voir Tableau p. 7)
1.6.

Quelles sont les langues qui ressemblent à votre langue ?
Âyângâ tî ködörö wa laâ sï akpâ tërê na yângâ tî ködörö tî âla ?

12

13
1.7.

Etes-vous déjà allés à RV (région d'une variété proche) ? Est-ce que vous avez déjà rencontré des
GV (gens du groupe qui parle la variété proche) ?
Âla sï na RV awe ? Âla wara tërê na ambênî GV awe ?

1.8.

Quelle langue parlez-vous avec les GV ? Dans quelle langue répondent-ils ?
Yângâ tî nye laâ âla tene na âzo nî ? Âzo akiri tene na ï na yângâ tî nye ?
(Si la langue attendue n'a pas été mentionnée, on peut insister : )
Parlez-vous aussi la LQ / le sango ?
Âla tene yângâ tî LQ / sango ngâ ?

1.9.

Est-ce qu'un enfant d'ici âgé de six ans peut comprendre les gens de RV ? Sinon, à partir de quel
âge pourrait-il être en mesure de les comprendre ?
Na ndo sô ge, âmôlengê tî ngû omenë alîngbi tî mä tënë tî âzo tî RV ? Töngana lo mä äpe, na ngû
ôke sï lo lîngbi tî mä ?
(Parfois, surtout s'il s'agit d'un parler qui est susceptible d'être choisi comme standard possible, on
peut encore vérifier : )
Est-ce que les gens de VL (village loin) comprennent aussi la VP (variété proche) ?
Âzo tî VL amä ngâ yângâ tî VP ?

1.10. Quels sont les liens entre vous ? Est-ce que vous avez la même racine ? Est-ce que vous les recevez
comme membres de votre famille ?
Popo tî âla na âzo nî kâ ayeke töngana nye ? Ngunda tî âla ayeke ôko ? Âla sâra famille na âzo nî ?
1.11. (Après avoir traité tous les parlers : ) Parmi tous ces parlers (citer les parlers), lesquels comprenezvous très bien, lesquels comprenez-vous moins bien ?
Na popo tî ayângâ tî ködörö sô kûê, (CITER LES PARLERS), ayângâ tî ködörö wa ayeke ndûru na ï
(sô ï mä nzönî), ayângâ tî ködörö wa ayö (sô ï mä kûê apë) ?
1.12. Parmi tous ces parlers, lequel est-ce que vous aimez le mieux ? Pourquoi ?
Na popo tî âyângâ tî ködörö sô, sô wa laâ sï âla yê mîngi ? Ndâlï tî nye ?
Bilinguisme et viabilité
Usage des Langues
1.13. Quelles sont les langues que vous parlez bien ?
Âyângâ tî ködörö wa laâ âla tene nzönî ?`
(Si à part du sango une autre langue seconde est citée, on peut vérfier si les gens loin de la
frontière linguistique ont aussi appris à parler la langue en question : )
Est-ce que les gens de VL (village loin) parlent aussi le LS (langue seconde en question) ?
Âzo tî VL amä ngâ yângâ tî LS ?
(En plus il faudrait aussi poser les questions 1.13. et 1.14. pour LS, non pas seulement pour le
sango)
1.14. Est-ce que vous parlez le sango chaque jour ou seulement de temps en temps ? Avec qui le parlezvous ?
Âla tene yângâ tî sango lâkûe wala gï na mbênî tângo ? Âla yeke tene na zo wa ?
1.15. Est-ce que tout le monde parle bien le sango ?
Âzo kûê tî ködörö sô atene yângâ tî sango nzönî ?

14

Si nous considérons tous les gens du village : les jeunes hommes, les jeunes filles, les hommes
adultes, les femmes adultes, les hommes âgés et les femmes âgées (6 groupes), quel groupe parle le
mieux le sango ? Quel groupe le parle le moins bien ?
Töngana ï bâa âzo kûê tî ködörö tî ï, âmasêka kôlï, âmasêka wâlï, âkota zo kôlï na wâlï, na âbabâ
na âmamâ sô afatigué awe. Na popo tî âgroupe sô kûê, groupe wa laâ atene sango nzönî mîngi ?
Groupe wa laâ atene sango nzönî kûê äpe ?
1.16. Quelle est la langue que les enfants de ce village apprennent en premier ?
Yângâ tî ködörö wa laâ âmôlengê tî ködörö sô amanda kôzo ?
1.17. A quel âge est-ce que les enfants parlent bien le sango ? Y en a-t-il beaucoup qui l'apprennent
avant d'aller à l'école ?
Na ngû ôke sï âmôlengê atene sango nzönî ? Ayeke âmôlengê mîngi laâ amanda yângâ ti sango
nzönî kôzo sï âla gue na dambëtï ?
1.18. Lorsque les enfants qui ne vont pas encore à l'école jouent ensemble, quelle langue parlent-ils entre
eux ?
Töngana âmôlengê sô âde tî gue na dambëtï äpe asâra ngîâ, âla tene yângâ tî nye na pöpö tî âla ?
1.19. A l'école, pendant la récréation, quelle langue les enfants utilisent-ils pour jouer ensemble ?
Na l'école, na tângo tî recreation, âmôlengê asâra tene na popo tî âla na yângâ tî nye ?
1.20. Est-ce que beaucoup d'enfants de ce village vont à l'école ? S'ils n'y vont pas, pourquoi ? Où se
trouve l'école la plus proche ?
Âmôlengê tî ködörö sô mîngi ague na dambëtï ? Töngana âla gue äpe, ayeke ndâlï tî nye ? Dambëtï
tî âla ayeke na ndo wa ?
1.21. Quelle est la langue que vous utilisez le plus souvent
Yângâ tî ködörö wa laâ âla tene mîngi
– à la maison / na yângâ da
– avec les enfants / na âmôlengê
– avec les vieux / na âbabâ na âmamâ
1.22. – au village, si vous vous rencontrez / töngana âla wara tërê na yâ tî ködörö
– les jeunes entre eux / âjeunes na popo tî âla
– lors d'une réunion officielle, p.ex. si le chef vous appelle pour un palabre /
na kötä bûnbgi, töngana makûnzi aîri âla tî tene ngbanga
1.23. – au marché / na garä
– si le vendeur est aussi GQ / töngana zo tî kängö yê ayeke zo tî GQ
1.24. – lorsque les parents vont voir le maître d'école (si le maître parle aussi LQ)
töngana babâ ague tî bâa maître / töngana maître nî ayeke ngâ LQ
– pour parler avec qqn du gouvernement (si la personne est aussi du GQ)
tî sâra tene na mbênî zo tî gouvernement / töngana zo nî ngâ ayeke GQ
1.25. – à l'église / na da tî Nzapä
– lors de la prédication / na fängö tënë
– pour les chants / na hëngö bîâ
– si les gens prient / töngana âzo ôko ôko âsambêla
– pour les annonces / na töngö mbëlä (âannonces, âtokua)
– dans les cellules ou mouvements / na yâ tî âkëtë bûnbgi töngana bûnbgi tî
sambêla wala tî J.E.A.

15
1.26. Quelles églises sont présentes dans le village ? Est-ce qu'il y a d'autres dénominations dans des
villages proches ? Est-ce que l'usage des langues est le même dans toutes les églises ?
Eglise wa laâ ayeke na yâ tî ködörö sô ? Âmbênî ayeke na yâ tî mbênî ködörö sô ayeke ndûrû na ï
ge ? Est-ce que na yâ tî Âeglises kûê sô âzo nî asâra tene na lêgë sô âla fa na ï fafadësô ?
Attitudes envers les langues
1.27. Quelle langue est-ce que vous aimez le mieux ? Pourquoi ?
Yângâ tî ködörö wa laâ sï âla yê mîngi ? Ndâlï tî nye ?
(On peut insister sur la langue qu'ils n'ont pas citée : )
Est-ce que vous aimez aussi l'autre langue ? Pourquoi ?
Âla yê ngâ yânga tî autre langue ? Ndâlï tî nye ?
1.28. Quelle langue vous donne plus d'importance…
Yângâ tî ködörö wa laâ töngana mo tene nî asâra sï âzo ane mo mîngi….
à Bangui / töngana mo yeke na Bangui
au village / töngana mo yeke na ködörö
1.29. Connaissez-vous des GQ qui ne parlent plus la LQ, mais seulement le sango ? Où vivent ces gens ?
Y en a-t-il aussi dans le village ?
Âla hînga âmbênî zo sô ândö ayeke tene yângâ tî LQ me fadësô âla zîa lêgë tî tënëngö nî tî tene gï
yângâ tî sango ? Âla längö na ndo wa ? Âmbênî ayeke na yâ tî ködörö tî ï ?
Qu'est-ce que vous pensez de ces gens qui ont cessé de parler LQ ? Est-ce que c'est une bonne
chose ? Pourquoi ?
Âla pensêe nye na ndo tî âzo sô azîa lêgë tî tënëngö yângâ tî ködörö tî âla ? Yê sô âla yeke sâra
ayeke nzönî yê ? Ndâlï tî nye ?
1.30. Est-ce qu'il y a des GQ qui parlent mal le LQ ? Qui ?
Âmbênî zo ayeke sô atene yângâ tî LQ nzönï äpe ?Ayeke âzo wa ?
1.31. Est-ce que même les jeunes ici parlent la LQ correctement, comme on doit la parler ? Est-ce qu'ils
la mélangent avec du sango et du français ? S'ils mélangent, qu'est-ce que vous en pensez ?
Âpendere na ndo sô atene yângâ tî LQ nzönî na lêgë nî ? Töngana âjeunes atene yângâ tî ködörö tî
ï, est-ce que âla zîa sango na français da mîngi ? Töngana âla mélanger yângâ tî ködörö tî ï mîngi,
na bê tî ï, sô yeke nzönî wala ayeke sïönî ?
1.32. Si un jeune parlait le sango à la maison, est-ce que les vieux en seraient malheureux ?
Töngana mbênî pendere atene yângâ tî sango na da, fadë bê tî âmbakôro aso ?
1.33. Les jeunes sont-ils fiers de votre langue ?
Bê tî âpendere anzere ndâlï tî yângâ tî ködörö tî âla ?
1.34. Dans un avenir très lointain, pensez-vous que les gens vont cesser de parler la LQ et parler
seulement le sango ?
Gbândä, fadë âzo azîa lêgë tî tënëngö yângâ tî LQ tî tene gï yângâ tï sango ?
(Si la réponse est négative, on peut renforcer : )
Même quand les enfants de ce village deviendront adultes et auront eux-mêmes des enfants,
pensez-vous que ces enfants parleront encore votre langue ?
Töngana âmôlengê tî ködörö sô akono, sï âla ngâ adü âmôlengê, fadë âmôlengê nî atene yângâ tî
ködörö tî âla ?

16
Est-ce que c'est une bonne chose ou une mauvaise chose ?
Na bê tî ï, sô ayeke nzönî wala ayeke sïönî ? Ndâlï tî nye ?
1.35. Nous avons parlé de beaucoup de langues, la LQ, les parlers proches, le sango. Parmi toutes ces
langues, dans quelle langue est-ce que vous aimeriez apprendre à lire ?
I sâra tene mîngi na ndo tî âyângâ tî ködörö ndê ndê, na ndo tî LQ, na ndo tî [citer les PARLERS
PROCHES], na ndo tî sango ngâ. Tî bê tî âla, fadë âla soro yângâ tî ködörö wa tîtene âla manda tî
dïko mbëtï na nî ?
(Probablement les gens citeront la langue maternelle. On peut continuer : )
Si ce n'est pas possible de produire des livres en LQ, quelle langue est-ce que vous choisiriez en
deuxième position, en troisième position ?
Töngana lêgë tî lëkëngö mbëtï na LQ ayeke äpe, fadë âla soro yângâ tî nye na place nî ?
Na pekôni ?
(Si les gens ne mentionnent pas une langue à laquelle on s'est attendue, on la cite : )
Seriez-vous aussi d'accord de lire en LQ/SANGO/AUTRE DIALECTE ?
Fadë âla yê daâ tî dîko mbëtï na yângâ tî LQ/SANGO/AUTRE DIALECTE ngâ ?
1.36. Y a-t-il déjà eu un programme d'alphabétisation pour les adultes ? Qui l'a initié ? Quelle était la
participation ?
Fängö mbëtï na âkötä zo abaâ gïgï na ndo sô awe ? Zo wa laâ wala bûngbi tî nye laâ acommencer
programme nî ? Âzo amanda mbëtï kâ mîngi ? Wüngö tî âzo nî ayeke ôke ?
S'il y avait un programme dans ce village, est-ce que vous seriez prêt à y participer ?
Töngana lêgë ayeke tî sâra mbênî programme tî fängö mbëtï na âkötä zo na ködörö sô, fadë âla yê
da tî gä tî manda mbëtï ?
Facteurs sociaux
Population mixte au village, mariages mixtes
1.37. Y a-t-il beaucoup de gens d'ailleurs qui viennent dans ce village ? D'où viennent-ils ? Qu'est-ce
qu'ils viennent faire ?
Âzo tî âmbênî ndo yongôro agä na ködörö sô ngâ ? Âla löndö na ndo wa ? Âla gä tî sara nye ?
Apprennent-ils votre langue ? Est-ce que vous apprenez aussi leur langue ? Est-ce que leurs enfants
apprennent votre langue ?
Âla manda yângâ tî ködörö tî ï ? Wala ï manda yângâ tî ködörö tî âla ? Âmôlengê tî âla amanda
yângâ tî ködörö tî ï ?
1.38. Y a-t-il beaucoup de personnes du village qui épousent des gens d'autres groupes ? De quels
groupes ?
Âzo tî ködörö tî âla mîngi ayeke mû terê na âzo tî mbênî marâ ndê ? Tî marâ wa ?
Quelle langue apprennent les enfants de ces gens-la vôtre ou celle de l'autre ethnie ?
Yângâ tî ködörö wa laâ sï âmôlengê tî âzo nî amanda ? Yângâ tî ködörö tî ï wala yângâ tî ködörö tî
marâ ndê ?
Migrations
1.39. Les gens de ce village se rendent-ils souvent dans les grandes villes comme Bangui ? Qui sont-ilsplutôt les jeunes ou plutôt les adultes ou bien tout le monde ? Les femmes aussi ?

17
Âzo tî ködörö sô ague lâkûe na âkötä ködörö töngana Bangui ? Ayeke âzo wa ? Gï âjeunes, gï
akötä zo, wala zo kûê ? Âwâlï ngâ ?
Dans quel but s'y rendent-ils ?
Âla gue ndâlï tî nye ?
1.40. Est-ce qu'il y a aussi des gens qui vont s'établir définitivement en ville ?
Âmbênî zo ayeke sô ague tî sâra ködörö na ville bîanî ?
Que font les jeunes du village ? Y en a-t-il beaucoup qui partent pour s'établir en ville ou est-ce que
la plupart restent au village ?
Ajeunes asâra nye ? Âla gue mîngi na ville tî sâra ködörö kâ wala âla ngbâ mîngi na ködörö ge ?
1.41. Est-ce qu'il y a des gens qui reviennent vivre au village ? Pourquoi ?
Âmbênî zo alöndö na ville akîri na ködörö bîanî ? Ndâlï tî nye ?
Usage officiel ou pu

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