522 M. Akkar – H. Arroub
L.WAELBROECK [6] et l’involution de α dans α devient continue. Aα est dite une alg`ebre de Banach involutive quotient.
Soit ˜ a un ´el´ement de Aα, le spectre de ˜a dans l’alg`ebre Aα est not´e par sp
α
a. sp
α
a est un compact non vide de C. On se donne un ouvert U de C tel que sp
α
a ⊂ Bz
o
, R ⊂ Bz
o
, R ⊂ U, z
o
∈ U, R 0. On d´esigne par hU, A l’espace vectoriel complexe des applications f : U −→ A harmoniques. hU, α est un sous-espace vectoriel de hU, A.
On pose hU, Aα = hU, AhU, α. Un ´el´ement de hU, Aα est not´e par ˜ f .
Le calcul fonctionnel harmonique dans l’alg`ebre de Banach involutive quotient Aα consiste `a donner un sens `a l’´el´ement ˜
f ˜ a de Aα pour toute application
f : U −→ A harmonique. La construction de ce calcul fonctionnel harmonique est bas´ee sur la formule int´egrale de Poisson. L’application qui `a ˜
f associe ˜ f˜
a est lin´eaire et v´erifie :
1 ˜ f ˜
a = ˜1 si f = 1 2 ˜
f ˜ a = ˜
a si f = z o` u z d´esigne l’application qui `a z associe z
3 ˜ f
∗
˜ a = ˜
f˜ a
∗
si ˜a commute avec ˜ f et ˜
f
∗
. Si f est holomorphe on retrouve le calcul fonctionnel holomorphe d´efini par
L.WAELBROECK [6]. Si α = 0 on retrouve le calcul fonctionnel harmonique d´efini par A.ELKINANI
[2].
1 Pr ´eliminaires
Dans toute la suite, un espace vectoriel ou une alg`ebre sera sur C et l’unit´e d’une alg`ebre sera not´ee par 1.
Nous rappelons tout d’abord quelques notions sur les structures quotients d´efinies par L.WAELBROECK [4], [5], [6].
1.1 Espace de Banach quotient
[4], [5] Soient E, k k un espace de Banach et F un sous-espace vectoriel de E. F est dit
un sous espace de Banach de E si F est muni d’une norme d’espace de Banach n
F
plus fine que celle induite par k k. Le th´eor`eme du graphe ferm´e permet de conclure que de telles normes n
F
sont ´equivalentes. On dit qu’il n’y a qu’une seule telle norme `a une ´equivalence pr`es. Le quotient EF est appel´e espace de Banach quotient.
1.2 Alg `ebre de Banach quotient
[6] Soient A, k k une alg`ebre de Banach unitaire et α un id´eal bilat`ere distinct de
A tel que α soit un sous-espace de Banach de A. Soit n
α
une norme d’espace de Banach sur α plus fine que celle induite par k k.
Le th´eor`eme du graphe ferm´e permet de conclure que les multiplications
Calcul fonctionnel harmonique dans une algebre de Banach involutive quotient 523
Axα −→ α αxA −→ α
a, x 7−→ ax x, a 7−→ xa
sont s´epar´ement continues, donc globalement continues. On pose pour tout x ∈ α kxk
α
= sup {n
α
ax|a ∈ A kak ≤ 1}. k k
α
est une norme d’espace de Banach sur α ´equivalente `a n
α
. D’autre part on a kaxk
α
≤ kakkxk
α
pour tout a ∈ A et pour tout x ∈ α, donc α, k k
α
est une alg`ebre de Banach. Aα est dite une alg`ebre de Banach quotient.
Si de plus A est `a involution continue et α est un id´eal bilat`ere auto-adjoint de A alors l’involution de α dans α est continue. Aα est dite une alg`ebre de Banach
involutive quotient.
1.3 Spectre dans une alg `ebre de Banach quotient
Soient Aα une alg`ebre de Banach quotient et ˜ a un ´el´ement de Aα, le spectre
de ˜ a dans l’alg`ebre Aα sera not´e par sp
α
a. Le spectre de A dans A sera not´e par spa. Proposition 1 : voir aussi le cas o`
u l’alg`ebre A est commutative de L.WAELBROECK [6].
Soient Aα une alg`ebre de Banach quotient et ˜a un ´el´ement de Aα. Alors sp
α
a est une partie non vide et compacte de C
. Preuve :
α est contenu dans un id´eal bilat`ere maximal α
′
de A. Un tel id´eal α
′
est ferm´e dans A. Aα
′
est une alg`ebre de Banach unitaire, donc sp
α
′
a est non vide et est contenu dans sp
α
a d’o` u sp
α
a est non vide. D’autre part sp
α
a est contenu dans spa qui est compact, donc sp
α
a est born´e. Pour conclure il suffit de prouver que sp
α
a est ferm´e dans C. En effet, soit λ ∈ C\sp
α
a il existe b
λ
∈ A, x
λ
∈ α, y
λ
∈ α tels que : a − λb
λ
+ x
λ
= b
λ
a − λ + y
λ
= 1. Le groupe des ´el´ements inversibles dans A est ouvert dans A. Donc il existe V
λ
un voisinage de λ dans C tel que pour tout z ∈ V
λ
a − zb
λ
+ x
λ
et b
λ
a − z + y
λ
sont inversibles dans A. Pour tout z ∈ V
λ
on pose : b
z
= bλ1 − z − λb
λ −1
∈ A x
z
= x
λ
1 − z − λb
λ −1
∈ α y
z
= 1 − z − λb
λ −1
y
λ
∈ α On a a − zb
z
+ x
z
= b
z
a − z + y
z
= 1 pour tout z ∈ V
λ
. D’o` u V
λ
est contenu dans C\sp
α
a. Rappelons quelques notations.
Soient Aα une alg`ebre de Banach quotient et U un ouvert de R
n
n ≥ 1. On d´esigne par C
p
U, A, p ≥ 0 l’alg`ebre unitaire des applications u : U −→ A de classe C
p
. C
p
U, α est un id´eal bilat`ere distinct de C
p
U, A.
524 M. Akkar – H. Arroub
On pose : C
p
U, Aα = C
p
U, AC
p
U, α. Un ´el´ement de l’alg`ebre C
p
U, Aα est not´e par ˜
u la classe d’´equivalence de u modulo C
p
U, α. Si de plus A est involutive et α est un id´eal bilat`ere auto-adjoint de A alors C
p
U, α est un id´eal bilat`ere auto-adjoint de l’alg`ebre involutive C
p
U, A. L’involution de C
p
U, A dans lui mˆeme qui `a u associe u
∗
envoie C
p
U, α dans lui mˆeme, donc elle induit une involution de l’alg`ebre C
p
U, Aα qui `a ˜ u associe ˜
u
∗
. Donc C
p
U, Aα devient une alg`ebre involutive unitaire.
On d´efinit de mˆeme l’alg`ebre C
∞
U, Aα = C
∞
U, AC
∞
U, α et l’involution ˜
u 7−→ ˜ u
∗
dans le cas o` u A est involutive et α est un id´eal bilat`ere auto-adjoint de A.
Proposition 2 : Soient
Aα une alg`ebre de Banach quotient et ˜ a un ´el´ement de Aα. Alors il
existe u : C\sp
α
a −→ A de classe C
∞
tel que ˜
a − ˜ z˜
u = ˜ u˜
a − ˜ z = ˜1 dans l’alg`ebre
C
∞
C\sp
α
a, Aα o` u
z d´esigne l’application qui `a z associe z. Autrement dit ˜ a − ˜
z est inversible dans l’alg`
ebre C
∞
C\sp
α
a, Aα. Preuve :
On reprend la preuve de la proposition 1. Pour tout λ ∈ C\sp
α
a il existe V
λ
un voisinage de ouvert de λ dans C on peut prendre une boule ouverte tel que :
a − zb
z
+ x
z
= b
z
a − z + y
z
= 1 pour tout z ∈ V
λ
avec b
z
= b
λ
1 − z − λb
λ −1
∈ A x
z
= x
λ
1 − z − λb
λ −1
∈ α y
z
= 1 − z − λb
λ −1
y
λ
∈ α Pour tout z ∈ V
λ
on pose : u
λ
z = b
z
, v
λ
z = x
z
, w
λ
z = y
z
u
λ
: V
λ
−→ A et v
λ
, w
λ
: V
λ
−→ α sont analytiques donc de classe C
∞
et v´erifient : a − zu
λ
z + v
λ
z = u
λ
za − z + w
λ
z = 1 pour tout z ∈ V
λ
. On pose U = C\sp
α
a ouvert de C. Les V
λ
forment un recouvrement d’ouverts de U. Le th´eor`eme d’existence d’une partition de l’unit´e de classe C
∞
subordonn´ee au recouvrement d’ouverts V
λ
de l’ouvert U met en ´evidence une famille ϕ
λ
: U −→ R λ ∈ U de fonctions positives de classe C
∞
v´erifiant : i suppϕ
λ
⊂ V
λ
pour tout λ de U. ii Pour tout compact K de U, un nombre fini seulement de ϕ
λ
ne sont pas identiquement nulles sur K.
iii Pour tout z ∈ U on a
X
λ ∈U
ϕ
λ
z = 1. On d´efinit pour tout λ ∈ U u
′ λ
: U −→ A et v
′ λ
, w
′ λ
: U −→ α par : u
′ λ
z = ϕ
λ
zu
λ
z si z ∈ V
λ
et u
′ λ
z = 0 sinon v
′ λ
z = ϕ
λ
zv
λ
z si z ∈ V
λ
et v
′ λ
z = 0 sinon w
′ λ
z = ϕ
λ
zw
λ
z si z ∈ V
λ
et w
′ λ
z = 0 sinon u
′ λ
, v
′ λ
, w
′ λ
sont de classe C
∞
sur U. On pose : uz =
X
λ ∈U
u
′ λ
z
Calcul fonctionnel harmonique dans une algebre de Banach involutive quotient 525
vz =
X
λ ∈U
v
′ λ
z wz =
X
λ ∈U
w
′ λ
z On a u : U −→ A et v, w : U −→ α sont de classe C
∞
et v´erifient : a − zuz + vz = uza − z + wz = 1 pour tout z ∈ U.
D’o` u ˜
a − ˜z˜ u = ˜
u˜ a − ˜z = ˜1 dans C
∞
U, Aα. Remarque :
Si a
′
est un autre repr´esentant de ˜a et u
′
une autre application u
′
: U −→ A de classe C
p
v´erifiant ˜ a
′
− ˜z˜ u
′
= ˜ u
′
˜ a
′
− ˜z = ˜1 alors ˜ u = ˜
u
′
. Ceci d´ecoule de l’unicit´e de l’inverse dans une alg`ebre.
Lemme :
Soient K un compact de R
n
, U un voisinage ouvert de K dans R
n
n ≥ 1. Alors il existe une fonction
h : R
n
−→ [0, 1] de classe C
∞
` a support contenu dans
U et h = 1 sur un voisinage de K.
Preuve :
Ceci d´ecoule du th´eor`eme d’existence d’une partition de l’unit´e. Proposition 3 :
Soient Aα une alg`ebre de Banach quotient, ˜
a ∈ Aα,U un ouvert de C tel que : U ⊃ Bz
o
, R ⊃ Bz
o
, R ⊃ sp
α
a, z
o
∈ U, R 0. Avec Bz
o
, R la boule ouverte de centre
z
o
et de rayon R, Bz
o
, R la boule ferm´ee de centre z
o
et de rayon R.
Alors il existe h : C −→ [0, 1] de classe C
∞
` a support contenu dans
Bz
o
, R, h = 1 sur un voisinage de
sp
α
a et u
1
: C −→ A de classe C
∞
tels que : ˜
a − ˜z˜ u
1
= ˜ u
1
˜ a − ˜
z = ˜1 − ˜ h dans C
∞
C, Aα, o` u
z d´esigne l’application qui `
a z associe z.
Preuve : Le lemme donne l’existence d’une telle application h. La proposition 2 donne
l’existence de u : C\sp
α
a −→ A et v, w : C\sp
α
a −→ α de classe C
∞
telles que : a − zuz + vz = uza − z + wz = 1 pour tout z ∈ C\sp
α
a. On d´efinit u
1
: C −→ A et v
1
, w
1
: C −→ α par :
u
1
z = 1 − hzuz si z ∈ C\sp
α
a et u
1
z = 0 si z ∈ sp
α
a v
1
z = 1 − hzvz si z ∈ C\sp
α
a et v
1
z = 0 si z ∈ sp
α
a w
1
z = 1 − hzwz si z ∈ C\sp
α
a et w
1
z = 0 si z ∈ sp
α
a u
1
, v
1
, w
1
sont de classe C
∞
et on a : a − zu
1
z + v
1
z = u
1
za − z + w
1
z = 1 − hz pour tout z ∈ C . D’o` u
˜ a − ˜
z˜ u
1
= ˜ u
1
˜ a − ˜
z = ˜1 − ˜h dans C
∞
C, Aα.
526 M. Akkar – H. Arroub
1.4 Fonctions harmoniques