Fibrations `a la Ganea 349
D´ emonstration de la proposition 6.4 : La condition 3 de la d´efinition 6.1
implique l’existence d’un complexe de chaˆınes, Z , δ, contractile et d’une application
de complexes de chaˆınes Z , δ → L, ∂ telle que ρ
′
: LW ⊕ Z
, δ → L, ∂ soit surjective. En d´efinissant W
′
= W ⊕ Z
, W
′ i
= W
i
, pour i ≥ 1, on obtient un nouveau mod`ele filtr´e pour lequel les applications LW
′ ≤i
, δ → L, ∂ sont des fibrations dans Lie. De plus, les injections LW
i
, δ → LW
′ i
, δ sont des ´equivalences faibles. La proposition 2.2 implique le r´esultat pour n = 0.
Remarquons ´egalement que, modulo un changement de g´en´erateurs nous pouvons supposer que ρ
′
W
′ i
= 0, i 0. La fibre homotopique de ρ
′
: LW
′ ≤i
, δ → L, ∂ ´etant le noyau donc stable `a la diff´erentielle, on constate que LW
′ ≤i+1
, δ s’obtient `a partir de LW
′ ≤i
, δ en attachant des cellules `a la fibre homotopique. Le th´eor`eme 1 implique alors le r´esultat pour tout n ≥ 1.
D´ emonstration de la proposition 6.3 : Comme dans la preuve pr´ec´edente,
modifions LW , δ pour que ρ : LW , δ → L, ∂ soit surjective et v´erifie ρW
≥1
= 0. Remarquons que ceci ne modifie pas le terme E
1
de la suite spectrale consid´er´ee.
Soit Ker
j
le noyau de LW
≤j
, δ → L, ∂, la suite spectrale E
i
, d
i
Ker
j
, induite sur ce noyau, d´eg´en`ere pour i = 2. Utilisons maintenant un raisonnement
par r´ecurrence pour conclure : Supposons que Ker
j
a le type d’homotopie d’un bouquet de sph`eres Q-locales. D’apr`es le Lemme 6.5, E
2
Ker
j
est une alg`ebre de Lie libre engendr´ee par des ´el´ements de degr´e filtrant j dans LW . L’application induite en homologie,
H
∗
Ker
j
→ H
∗
LW
≤j+1
, δ, est ainsi nulle et donc homotopiquement triviale dans ce cas particulier. Le lemme 4.7 implique alors que Ker
j +1
a aussi le type d’homotopie d’un bouquet de sph`eres Q-locales.
7 Constructions de mod `eles filtr ´es `a la Ganea
7.1 Construction directe
La proposition 5.1 permet de construire directement un mod`ele filtr´e `a la Ganea : A chaque ´etape, ˜
F
n
→ ˜ E
n
X → X, il suffit de choisir les nouvelles cellules `a attacher, A → ˜
E
n
X, de sorte que l’application induite par l’application d’holonomie, ΩX × AΩX → ˜
F
n
, soit surjective en homologie. Pour cela, on a besoin de savoir d´eterminer l’application d’holonomie dans Lie.
Soit L
′′
→ L
′
→ L une fibration d’alg`ebres de Lie diff´erentielles cofibrantes, admettant une section τ : L → L
′
de complexes de chaˆınes. On sait que, `a une suspension pr`es, la fl`eche H
∗
Q : H
∗
M → H
∗
QM s’identifie `a l’homomorphisme de Hurewicz de l’espace repr´esent´e par M ∈ Lie.
Proposition 7.1 : Si L
′′
est une suspension, l’application induite en homologie par UL ⊗ QL
′′
→ QL
′′
, x ⊗ l 7→ Q[τ x, l], x ∈ L, l ∈ L
′′
, co¨ıncide avec celle induite par l’holonomie.
D´emonstration : Un calcul montre que l’application d´ecrite dans l’´enonc´e est compatible avec la diff´erentielle et ne d´epend pas du choix de τ . L’homologie de l’espace associ´ee
350 H. Scheerer – D. Tanr´e
`a L
′′
´etant sph´erique et H
∗
UL ´etant sph´eriquement engendr´ee, il suffit d’appliquer le th´eor`eme 2.
Remarque : On peut raisonnablement conjecturer que ce r´esultat est vrai sans l’hypoth`ese “L
′′
est une suspension”. Nous n’aurons pas besoin de cette g´en´eralisa- tion.
Il existe ´egalement deux constructions particuli`eres de mod`eles filtr´es `a la Ganea que nous rappelons ci-dessous. Elles correspondent aux th´eor`emes de F´elix-Halperin,
[3], et Lemaire, [12].
7.2 Mod `eles d’Oukili
Dans [17], Oukili construit un mod`ele filtr´e `a partir d’un classique proc´ed´e de perturbation appliqu´e `a une r´esolution en alg`ebres de Lie libres, appel´ee mod`ele
bigradu´e. Soit L, 0 ∈ Lie, le mod`ele bigradu´e d’Oukili, ρ
L
: LW , δ → L, 0, v´erifie les conditions de la d´efinition 6.2, et W = ⊕
i ≥0
W
i
est construit de fa¸con inductive. On d´efinit W
= L[L, L] et on choisit une application surjective LW ։ L, de noyau
not´e F . On pose ensuite :
s
−1
W
1,∗
:= QF [L, QF
] et
s
−1
W
n, ∗
:= H
n, ∗
[L, H
n, ∗
], pour n ≥ 2 o`
u H
n, ∗
= H
n, ∗
LW
n
, δ la d´esuspension op`ere sur le degr´e compl´ementaire. Soit M, d un objet quelconque de Lie. Le mod`ele filtr´e d’Oukili est un mod`ele
filtr´e ρ
M
: LW , ∂ → M, d de M, d, obtenu en perturbant le mod`ele bigradu´e ρ
H
∗
M,d
: LW , δ → H
∗
M, d, 0. Avec l’´eclairage du th´eor`eme 3 et plus particuli`erement de son corollaire 4.3 et
l’explicitation de l’application d’holonomie dans ce cas particulier Proposition 7.1, la construction de W
n
apparaˆıt comme la recherche d’un syst`eme de g´en´erateurs de H
∗
˜ F
n
comme H
∗
UL-module. Elle est donc bien ad hoc pour la d´efinition de la cat´egorie de Lusternik-Schnirelmann.
Illustrons cette m´ethode avec l’exemple de Lemaire-Sigrist, [14] ; on ´etudie : X = S
4
∨ S
4
∪
ϕ
1
e
8
∪
ϕ
2
e
15
, de mod`ele de Quillen : L, ∂ = Lx, y, z, w, ∂ ; |x| = |y| = 3, |z| = 7, |w| = 14,
∂x = ∂y = 0 , ∂z = [y, y] , ∂w = [x, [y, z]] . Nous construisons le mod`ele filtr´e de L, ∂ en ne faisant apparaˆıtre que les g´e-
n´erateurs de degr´e ≤ 15, suffisants pour le probl`eme d’existence d’une section homotopique. Un calcul donne ρ : LW , δ → L, ∂, avec :
W = ˆ
x, ˆ y, α ,
ρˆ x = x , ρˆ
y = y , ρα = [y, z] , W
1
= ˆ z, ˆ
w, ˆ w
′
, δ ˆ z = [ˆ
y, ˆ y] , ρˆ
z = z ; δ ˆ
w = [ˆ x, α] , ρ ˆ
w = w ; δ ˆ w
′
= [ˆ y, α] , ρ ˆ
w
′
= 14 [z, z] , β ∈ W
2
, δβ = [ˆ
x, [ˆ y, ˆ
z]] , ρβ = w .
Fibrations `a la Ganea 351
Il est facile de constater qu’il n’existe pas de section homotopique σ : L, ∂ → LW
⊕ W
1
, δ ; un tel σ enverrait x 7→ ˆ x, y 7→ ˆ
y, z 7→ ˆ z, pour des raisons
de degr´e. Ainsi, [x, [y, z]], serait envoy´e sur un cycle non trivial, [ˆ x, [ˆ
y, ˆ z]], ce qui
interdit d’´etendre σ `a w. Par contre, σ : L, ∂ → LW ⊕ W
1
⊕ W
2
, δ existe, d’o`
u cat X = 3. On pouvait ´egalement d´eduire ce dernier point de 2 cat X
≤ cat X ≤ 3, [22].
Notons que HQρ : W ⊕ W
1
→ QL est surjectif par construction, donc l’invariant de Toomer eX
vaut 2. Enfin, remarquons que cet exemple est minimal car la recherche d’un CW-
complexe v´erifiant eY = 2 et cat Y
= 3 n´ecessite plus de 3 cellules. Il est en effet facile de constater que le seul type d’homotopie rationnelle, de cat´egorie ´egale
`a 3, admettant une repr´esentation sous forme de CW-complexes `a 3 cellules Q- locales est CP
3
, cf [19] pour une extension au cadre R-local.
7.3 Le mod `ele