Attractivite ide tentang birokrasi masa

1. Diagnostic de l’attractivité des investissements directs étrangers (IDE) au Maroc

1.1 Evolution des IDE au Maroc

1.2 Répartition sectorielle des IDE

1.3 Principales mesures adoptées en faveur des investissements au Maroc

1.3.1 les réformes d’ordre législatif

1.3.2. Les réformes d’ordre institutionnel

1.3.3. Les réformes d’ordre réglementaire et organisationnel

1.3.4. Le financement

1.3.5. Les mesures fiscales

2. Analyse des déterminants de l’attractivité des IDE dans les pays émergents

2.1. Evolution des IDE dans les pays émergents

2.2. Déterminants de l’attractivité pour l’IDE dans les pays de l’échantillon

2.2.1. Les fondamentaux macroéconomiques

2.2.2. Les finances publiques

2.2.3. La stratégie d’ouverture

2.2.4. La dynamique de la main-d’œuvre

2.2.5. Le système financier

2.2.6. Le développement technologique

2.2.7. Le développement des infrastructures de télécommunication

2.2.8. La stabilité sociale

2.2.9. L’environnement institutionnel

23 réussies en matière de promotion de l’IDE (Corée du Sud, Chili, Irlande, Pologne)

3. Enseignements tirés de l’analyse comparative de quelques expériences internationales

3.1 Les politiques actives de promotion des investissements étrangers

3.1.1 Simplification des procédures et mise en place d’un cadre juridique stable avec

24 une définition claire des droits et obligations des investisseurs étrangers

3.1.2 Protection des investisseurs

3.1.3 Valorisation du capital humain

3.1.4 Politique commerciale ouverte et insertion marquée dans une dynamique

27 régionale

3.1.5 Incitations fiscales

3.2 Des organismes de promotion performants

Conclusion

Annexe : Présentation des politiques menées par le Maroc pour promouvoir

32 l'investissement

Synthèse

Parmi les objectifs que les accords d’association euro-méditerranéens doivent permettre d’atteindre, l’intensification des entrées d’IDE occupe une place prioritaire. Celles- ci doivent jouer un rôle majeur pour crédibiliser le libre échange et transformer la transition démographique en aubaine grâce à la canalisation d’une partie du supplément de l’épargne européenne, en quête de meilleurs placement, vers les pays tiers-méditerranéens.

La montée de la concurrence entre les pays pour l’attraction de l’investissement étranger fait que le choix du site d’implantation d’un projet obéit à des exigences de plus en plus fortes de la part des investisseurs internationaux. Si la taille et le dynamisme du marché intérieur constituent des conditions de base dans ce choix, il existe d’autre facteurs qui commandent la décision finale d’implantation. Il s’agit des fondamentaux macroéconomiques, de l’environnement des affaires, de la qualité de la main-d’œuvre, du degré d’intégration à l’économie mondiale, de l’efficacité du système financier, du niveau de développement des infrastructures et des télécommunications ainsi que la stabilité sociale et politique.

Contrairement aux attentes, l’IDE en direction des pays méditerranéens ne s’est pas intensifié. Les réformes des codes d’investissement visant à rendre ceux-ci plus conformes aux attentes des investisseurs étrangers et celles portant sur l’amélioration du climat des affaires, n’ont pas permis d’accroître l’attractivité de ces pays pour l’IDE. De son côté, le Maroc, avec un montant de 4 milliards de dollars durant la période 1998-2001, se situe dans le standard des pays de la région sud-méditerranéenne. Sa part dans les recettes des IDE dans la zone UMA est de l’ordre de 37% durant la période 1998-2001. Par rapport aux pays du sud est de la méditerranée (PSEM), le Maroc détient en moyenne 17% des IDE durant la même période.

C'est dans ce sens que la Direction de la Politique Economique Générale (DPEG) a mené une étude sur la situation du Maroc en matière d'attraction des investissements directs étrangers et à comparer le niveau d'attractivité du Maroc par rapport à un échantillon de pays émergents composé de l'Egypte, la Tunisie, la Turquie, le Chili, la Malaisie, la Corée du Sud et la Pologne. La partie diagnostic qui est publiée de cette étude, a permis par ailleurs de mettre en exergue quelques éléments d'une stratégie visant à faire accéder le Maroc à un groupe de pays plus attractif sur le plan international.

Les atouts de notre pays en matière d’attractivité de l’investissement étranger résident dans son ancrage résolument démocratique, son engagement dans une économie de marché viable, la politique de stabilisation du cadre macroéconomique menée depuis le milieu des années 80, les réformes structurelles réalisées, le renforcement de l’ancrage à l’euro suite au réaménagement du panier de cotation du dirham en 2001 et le choix stratégique de

l’ouverture.

Celui-ci s’est concrétisé par la libéralisation du commerce extérieur, l’adhésion aux accords du GATT en 1987, la simplification et l’harmonisation de la fiscalité douanière et son alignement sur les standards internationaux et la signature de nombreux accords avec ses partenaires dont l’accord d’association avec l’Union Européenne en 1996.

Toutefois, malgré ces atouts, un certain nombre d’obstacles se dressent toujours devant la promotion de l’investissement. Il s’agit de la volatilité et l’insuffisance de la croissance économique par rapport aux ambitions du pays, l’étroitesse du marché intérieur, l’importance du déficit budgétaire structurel, la persistance de rigidités sur le marché du travail, la qualification insuffisante de la main-d’œuvre, la taille limitée du marché boursier marocain et la fragilité de certains établissements financiers dont la restructuration est en cours. De plus, les marchés financiers n’apportent pas suffisamment de soutien à l’investissement productif à risque et le fonctionnement du système bancaire n’est pas encore véritablement concurrentiel.

En plus des risques d’érosion qui pèsent sur sa compétitivité salariale du fait du contexte de libéralisation générale des échanges dans le cadre de l’OMC (amorcée avec l’accord multifibres), le Maroc se révèle moins compétitif par rapport à certains pays performants de l’échantillon sur le plan de la technologie et des compétences. Les infrastructures de télécommunications restent insuffisantes et le coût de la communication est relativement élevé malgré la libéralisation du secteur entamé en 1996. Malgré la forte impulsion apportée récemment par les pouvoirs publics, l’effort de recherche et développement n’excède pas encore 0,7% du PIB en 2001 contre 2,7% en Corée du Sud.

En matière de stabilité sociale, il apparaît que le Maroc doit faire davantage pour rejoindre les pays les plus performants de l'échantillon (Corée du Sud et Malaisie). L'attractivité de notre pays fait également face à des coûts de transaction élevés (lourdeurs administratives, système judiciaire insuffisamment performant, manque de transparence en termes de gestion des entreprises,…), ce qui affecte la rentabilité des investissements privés, tant locaux qu'étrangers. Enfin, le manque d’une vision prospective et l’absence d’un véritable dialogue entre les agents économiques contribuent à générer un climat d’attentisme peu propice à une relance économique réelle et durable.

En conclusion, en plus de la consolidation des atouts du Maroc et de l'atténuation de ses insuffisances, les expériences internationales réussies en matière d’attraction des IDE montrent la nécessité de mettre en place une stratégie volontariste pour assurer une attractivité permanente du territoire national pour les IDE.

Celle-ci doit veiller à la recherche d’opportunités d’investissement en phase avec les atouts réels et potentiels du pays : valoriser l’avantage de proximité pour attirer les délocalisations, favoriser la conclusion d’opérations de partenariat (sous formes de prises de participation, joint-ventures,…) entre entreprises locales et firmes étrangères, impulser les investissements des firmes multinationales à la recherche de nouveaux sites d’implantation dans le cadre de la redistribution et la rationalisation de leurs processus de production et attirer les capitaux des marocains résidant à l’étranger (favoriser le partenariat avec des investisseurs du pays d’accueil,…).

Dans ce cadre, l’accélération de la mise en place des centres régionaux d’investissement va permettre de doter notre pays de mécanismes nouveaux et professionnels pour promouvoir l’investissement. Il convient de signaler que leur rôle ne se limite pas à la mission traditionnelle du guichet unique, mais englobe des missions plus larges telle la mise à la disposition des opérateurs économiques de données et informations à caractère économique, l’assistance pour la création d’entreprises, le soutien et la facilitation des investissements, l’exploitation des atouts et potentialités économiques régionales, la mise à niveau et le soutien des entreprises, notamment celles se trouvant en situation difficile.

En outre, il importe de réfléchir à la mise en place d’une agence unique en charge de la promotion économique, telles que la KOTRA en Corée du Sud, l’Entreprise Ireland en Irlande ou la PAIZ en Pologne. Cette structure pourrait coordonner la mise en œuvre des objectifs définis dans le cadre de la stratégie d’attractivité des investissements directs étrangers, comme la consolidation de l’image de marque du pays et la fourniture de prestations de services aux investisseurs étrangers. En outre, cette démarche permettrait l’adoption d’une vision cohérente unifiée et la coordination nécessaire de la promotion économique du Maroc, tant au niveau global que sectoriel, ainsi que l’a annoncé la récente Déclaration Gouvernementale.

Parallèlement à l’amélioration de l’environnement institutionnel, il s’avère opportun, pour notre pays, de poursuivre la stabilisation du cadre macro-économique, mettre en œuvre les réformes de seconde génération (administration, justice, législation du travail…) et conduire des politiques pro-actives aux mutations de l’environnement national et international.

De même, d’autres actions sont de nature à permettre la dynamisation de l’investissement étranger au Maroc. Il s’agit essentiellement de :

• rendre les infrastructures plus développées et accessibles avec une programmation précise dans le temps de leur réalisation.

• valoriser le capital humain et lutter activement contre l’analphabétisme en mobilisant l’ensemble des composantes de la société.

• poursuivre la réduction des charges des entreprises tout en procédant à l’amélioration de leur condition de financement, en donnant la priorité à la PME.

• dynamiser la diplomatie économique et favoriser l’intégration du Maroc dans le cadre d’une dynamique régionale.

• appuyer le développement des secteurs d’activité où le Maroc jouit d’avantages comparatifs significatifs, en accordant une attention particulière à ceux favorisant

l’émergence de l’économie du savoir.

• mettre en œuvre une politique d’aménagement du territoire. A ce propos, les articulations entre les dynamiques sectorielles et les organisations territoriales jouent désormais, dans un contexte de globalisation marquée, un rôle décisif dans le développement de la compétitivité nationale.

• renforcer la stabilité sociale en développant la solidarité et le partenariat et en poursuivant les politiques de lutte contre la pauvreté, particulièrement en milieu rural.

Introduction

L’investissement direct étranger (IDE), vecteur important de la mondialisation, connaît actuellement un développement considérable. Son essor traduit d’une part, l’intensification par un nombre croissant de sociétés multinationales de leurs activités à l’échelle mondiale sous l’effet de la libéralisation de nouveaux secteurs à l’investissement et, d’autre part, l’existence d’un surplus d’épargne notamment européen en quête de meilleurs placements.

Dans ce contexte, le comité de Politique Economique a mené une étude sur l’attractivité, pour les IDE, du Maroc et d’un échantillon de pays émergents (Egypte, Tunisie,

Turquie, Chili, Malaisie, Corée du Sud et Pologne), d’autant que le développement de l’IDE est un élément essentiel pour consolider le processus de libre échange avec l’Union Européenne.

L’échantillon comprend des économies à niveaux de développement comparables d'Amérique latine, d’Europe Centrale et Orientale, du pourtour méditerranéen et d'Asie du

Sud-Est. En outre, la plupart des pays de l’échantillon ont enregistré ces dernières années une amélioration notable quant aux entrées d’IDE.

Après un diagnostic de l’attractivité du Maroc pour les IDE et la mise en évidence des déterminants de cette attractivité et des politiques menées par les pays de l’échantillon, la présente étude tire les enseignements et propose des mesures pour améliorer l’attractivité du Maroc.

1. Diagnostic de l’attractivité des IDE au Maroc

1.1. Evolution des IDE au Maroc

Les IDE au Maroc ont connu un essor important dû en grande partie au démarrage en 1993 du processus de privatisation et à la conversion de la dette extérieure en investissement. Toutefois, leur évolution se caractérise, à partir de 1996, par une certaine irrégularité. Après avoir enregistré un niveau élevé en 1997 (10,5 milliards de dirhams) en liaison avec la concession d’exploitation des centrales thermiques de Jorf Lasfar et la privatisation de la SAMIR, les flux d’IDE à destination du Maroc ont accusé une baisse en 1998 et en 2000. Ils ont atteint un niveau record de 30,6 milliards de dirhams en 2001, grâce notamment à l’ouverture du capital de Maroc Telecom. Cette année, le Maroc a été, d’après le dernier rapport de la CNUCED, le deuxième pays destinataire d’IDE sur le continent africain, après l’Afrique du Sud (6,7 milliards de dollars).

Figure 1 : Evolution des investissements directs étrangers au

Maroc (En millions de dirhams)

2001* Source : Office des Changes

* Chiffre provisoire

Les investissements émanant des pays de l’Union Européenne sont prépondérants pour la période 1998-2001. La France occupe le premier rang (65,4%), suivie du Portugal (8,8%), des Pays-Bas (5,4%) et de l’Espagne (5,2%). La part des Etats-Unis est de 4,2% seulement.

Le classement au deuxième rang du Portugal est attribué à l’importante participation

de ce pays à l’opération de la deuxième licence GSM en 1999, qui lui a permis de réaliser 5 milliards de dirhams d’investissements au Maroc en 2000 et à sa participation dans le capital

de FERTIMA.

Le rapport IDE/FBCF au Maroc s’est amélioré, passant de 5,3% au cours de la période 1988-1992 à 7,3% entre 1995 et 2000. Il reste toutefois inférieur à la moyenne des pays émergents de l’échantillon qui est de 12,8% durant la période 1995-2000.

Figure 2: Evolution des recettes d'IDE dans la FBCF (en %)

Source : Office des Changes * Chiffres provisoires

1.2. Répartition sectorielle des IDE

L’expansion des IDE réalisés durant les dernières années a bénéficié essentiellement aux secteurs des télécommunications, de l’industrie et des banques.

L’essor des investissements dans le secteur des télécommunications s’est renforcé en 2001 enregistrant près de 24,4 milliards de dirhams du fait de la privatisation de 35% du capital de Maroc Telecom, soit près de 75% du total des IDE en 2001.

Figure 3 : Structure des recettes des IDE au Maroc par secteur (en %)

IMMOBILIER Source : Office des Changes

INDUSTRIE

BANQUE

* Chiffres provisoires

1.3. Principales mesures adoptées en faveur des investissements au Maroc 1

En plus des efforts considérables déployés depuis 1993 pour améliorer l'environnement des affaires, les pouvoirs publics se sont attelés plus spécifiquement au renforcement de l'attractivité du Royaume vis-à-vis des investisseurs étrangers. Cette volonté, qui vise également à soutenir l'investissement national, s'est concrétisée à travers des mesures d'ordre législatif, institutionnel, organisationnel et fiscal.

1.3.1. Les réformes d’ordre législatif

L’assainissement de l’environnement juridique des affaires joue un rôle capital dans la stratégie de promotion de l’économie nationale et dans l’amélioration de l’image de marque du Maroc. L’action des pouvoirs publics s’est concrétisée dans ce domaine en particulier à travers :

• l’encouragement de la créativité par l’adoption de textes de loi sur la protection de la propriété intellectuelle et de la propriété industrielle et sur la création de l'Office Marocain

de la Propriété Industrielle et Commerciale.

• l’adoption de la charte des investissements, en remplacement des codes sectoriels par une législation unique et homogène et donnant lieu à des avantages fiscaux importants en

faveur des investissements.

• la promulgation du décret d’application des articles 17 et 19 de la charte de l’investissement. Ce texte prévoit la prise en charge par l’Etat d’une partie des coûts de la formation, de la mise en place de l’infrastructure et de l’acquisition des terrains nécessaire à condition que le montant global de l’investissement soit supérieur ou égal à 200 millions de dirhams, qu’il occasionne la création d’au moins 250 emplois et qu’il assure un transfert de technologie ou que le projet soit réalisé dans l’une des régions visées par décret.

• l’institution d’un régime de convertibilité en faveur des investissements étrangers, financés en devises, permettant aux investisseurs étrangers de réaliser librement des

opérations d’investissement au Maroc, de transférer le revenu issu de ces opérations d’investissement et de re-transférer le produit de liquidation ou de cession de leurs investissements.

• la libéralisation des opérations de financement extérieur, la réforme du système du compte « capital » et l’institution d’un nouveau régime des avoirs liquides en dirhams détenus au

Maroc par des étrangers non-résidents à travers, notamment, le remplacement des comptes « capital » par des « comptes convertibles à terme » qui peuvent être débités pour financer les investissements au Maroc.

1 Réf. annexe.

1.3.2. Les réformes d’ordre institutionnel

Afin de pallier les problèmes qui ont trait à la complexité des procédures et aux lourdeurs administratives, les pouvoirs publics ont opté pour les mécanismes institutionnels

suivants :

• la création d’une commission interministérielle auprès du Premier Ministre chargée de statuer sur les problèmes qui entravent la réalisation de projets d’investissements, d’agréer

les conventions liant l’Etat à des investisseurs d’envergure et de mettre en œuvre toute mesure à même d’améliorer l’environnement des investissements.

• la mise en place de centres régionaux d’investissement en vue d’asseoir les fondements de la gestion déconcentrée de l’investissement et ce, conformément à la lettre Royale du 9

janvier 2002.

1.3.3. Les réformes d’ordre réglementaire et organisationnel

Pour attirer les investissements étrangers, les mesures entreprises en matière de privatisation et de libéralisation sont :

• la révision de la loi sur la privatisation de manière à en faire un instrument de politique économique qui asseoit les règles de transparence, de régula rité et d’équité. Il s’agit notamment de supprimer son délai d’application, d’élargir le périmètre d’action de la loi à tous les établissements et entreprises publics et d’introduire les nouvelles entreprises privatisables par loi au fur et à mesure de leur respect des conditions requises.

• la poursuite du processus de désengagement de l’Etat à travers le programme de privatisation (Maroc Telecom) et l’octroi de concessions (production indépendante

d’électricité à Jorf Lasfar, parc éolien de Koudia El Beida, distribution d’eau et d’électricité et assainissement liquide au Grand Casablanca, à Rabat-Salé et à Tanger- Tétouan).

• la promulgation de la loi sur les zones franches d’exportation et les places financières off shore.

1.3.4. Le financement

Au niveau du financement, les pouvoirs publics ont mis l’accent sur le lien étroit qui existe entre la dette extérieure publique et l’amélioration des investissements étrangers, et ce :

• en poursuivant le programme de gestion active de la dette qui permet la conversion d’une partie de la dette extérieure publique en investissements. Le montant converti en

investissements jusqu’à aujourd’hui s’élève à 667 millions de dollars.

• mettre en place un certain nombre de lignes de crédit favorisant le partenariat entre les entreprises nationales et étrangères.

1.3.5. Les mesures fiscales

Les pouvoirs publics ont veillé à la mise en place d’un cadre fiscal attrayant en vue d’inciter davantage les investisseurs étrangers à réaliser leurs projets au Maroc. Il s’agit notamment des mesures suivantes :

• l’adoption d’un cadre juridique permettant l’octroi d’avantages douaniers et fiscaux aux programmes d’investissement d’envergure notamment ceux dont le montant dépasse 200

millions de dirhams.

• l’exonération totale de l’IS et de l’IGR des entreprises installées dans les zones franches durant les cinq premières années d’exploitation et la réduction du taux de l’IS de 10 à 8,75% durant les dix années suivantes.

• l’extension de l’exonération de la TVA accordée aux prestations de services et aux travaux de construction ou de montage dans les zones franches.

• le relèvement du plafond de la provision pour investissement, susceptible d'être employée pour les opérations de recherche et développement ou de restructuration, en la faisant

passer de 2% à 20 % du bénéfice fiscal avant impôt.

• la révision du code des douanes en vue de l’aligner sur les standards internationaux, de mieux définir les responsabilités des divers intervenants, de différencier l’erreur de la

fraude manifeste et d’atténuer le barème des sanctions.

• la simplification des procédures douanières en faveur de l’investissement à travers, notamment, l’introduction des régimes de transformation sous douane, l’octroi de facilités en faveur des biens d’investissement importés par envois fractionnés et l’adoption de la sélectivité des vérifications au moment du dédouanement.

2. Analyse des déterminants de l’attractivité des IDE dans les pays émergents

2.1. Evolution des IDE dans les pays émergents

Les flux d’IDE à destination des pays émergents ont fortement progressé durant la dernière décennie, passant de 113,5 milliards de dollars en 1995 à 180 milliards de dollars en 2001. Toutefois, leur part dans l’IDE mondial a baissé de 36,5% en 1995 à 24,4% en 2001. La crise financière internationale, le resserrement des conditions monétaires intérieures et la difficulté de lever des fonds à l’extérieur, ont réduit le flux des investissements vers les pays émergents, y compris les investissements directs à l’étranger.

Figure 4 : Evolution des IDE entrants (en millions de $US)

Egypte Source : CNUCED

Turquie

Tunisie

L’analyse des flux d’IDE vers les pays de l’échantillon fait apparaître que le Maroc se situe dans le standard des pays émergents de la région méditerranéenne. Sa part dans les IDE destinés à la zone UMA est de l’ordre de 42% durant la période 1995-2001. Par rapport aux pays du Sud-Est de la Méditerranée (PSEM), le Maroc détient en moyenne 16% des IDE durant la même période. Au sein de ces pays, la tendance des entrées des IDE a changé à partir de 1995. C’est ainsi que :

• Les flux d’IDE à destination de la Turquie, stables depuis 1995, ont reculé en 1999 en liaison avec la crise financière dans ce pays. En 2001, ils ont enregistré une forte

augmentation (3,3 milliards de dollars), essentiellement en raison des gains de compétitivité occasionnés par la dépréciation du taux de change (60% entre février et octobre 2001).

• L’Egypte a reçu jusqu’en 1999 d’importants investissements étrangers (près de 3 milliards dollars US) dans le secteur pétrolier en rapport avec les opérations de

privatisation. Les IDE ont, toutefois, baissé en 2001 pour se situer à 510 millions de dollars US.

• Le Maroc et la Tunisie suivent presque la même tendance en matière d’IDE, à l’exception des années 1997, 1999 et 2001 où les IDE au Maroc ont enregistré des niveaux importants, en relation avec le processus de privatisation (concession d’exploitation des centrales thermiques de Jorf Lasfar, privatisation de la Samir, cessions de la 2 ème licence

GSM, ouverture du capital de Maroc Telecom).

Les pays méditerranéens sont moins attractifs pour les IDE que le Chili, la Malaisie, la Pologne et la Corée du Sud.

Figure 5 : Evolution des IDE entrants (en millions de $US)

Pologne Source : CNUCED

Chili

Malaisie

Corée du Sud

• En 1999, les privatisations relativement importantes au Chili ont attiré une participation significative de sociétés transnationales basées en Europe. Une bonne partie des

investissements est effectuée au Chili par des entreprises étrangères telles qu'Enersis, la compagnie de l'électricité du groupe espagnol Endersa et Entel, l’ancien monopole du téléphone public, actuellement contrôlé par Telecom Italia.

• Au cours des années 1999 et 2000, les flux d’IDE en Corée du Sud ont dépassé 9 milliards

de dollars par an. Cette reprise des IDE en Corée du Sud et dans la région de l’Asie de l’Est en général s’explique par les efforts intenses déployés, notamment une grande libéralisation au niveau sectoriel et une large ouverture à l’égard des fusions-acquisitions. La chute, toutefois, des IED en Corée du Sud, à l’instar des autres pays de la région, s’explique surtout par la faiblesse de croissance enregistrée au niveau mondial en 2001, conjuguée à la faible confiance des entreprises ainsi qu’aux évènements du 11 septembre 2001.

• Les investissements directs en Malaisie ont varié entre 2 et 7 milliards de dollars annuellement durant la décennie 1990 pour chuter à 554 millions de dollars en 2001. Le

pays reste dépendant du dynamisme de ses exportations et son potentiel de croissance repose essentiellement sur les investissements étrangers et les transferts de technologie qui les accompagnent. Toutefois, malgré cette singularité, la crise asiatique de 1997-98 et la récession industrielle dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), n’ont pas épargné la Malaisie et ce, plus par effet de contagion que d’un déséquilibre structurel propre.

• Les IDE en Pologne ont connu une hausse remarquable à partir de 1997. Les sociétés transnationales de l’Union Européenne sont les principaux investisseurs en Pologne où la taille du marché intérieur et la proximité géographique avec l'Europe de l'Ouest figurent parmi les éléments déterminants en matiè re de choix de localisation d’IDE.

2.2. Déterminants de l’attractivité pour l’IDE des pays de l’échantillon

Il existe une multitude de déterminants de l’IDE. Si la taille et le dynamisme du marché constituent des conditions de base dans le choix d’un pays par les investisseurs

étrangers, il existe d’autres facteurs qui commandent la décision finale d’implantation dans un pays qui satisfait déjà ces conditions. Il s’agit, en particulier, des fondamentaux macroéconomiques, des finances publiques, de la stratégie d’ouverture, de la dynamique de la main-d’œuvre, du système financier et du développement technologique.

L’analyse de l’ensemble de ces déterminants explique, en grande partie, le niveau des flux entrants dans les pays de l'échantillon. Le tableau ci-après dresse les facteurs d’attractivité pour les IDE, avec une évaluation des performances réalisées par chaque pays par rapport aux niveaux atteints par l'ensemble des pays de l’échantillon. L’analyse de cette grille permet ainsi de positionner le Maroc par rapport à cet échantillon de pays émergents et

de mettre en lumière les facteurs d’attractivité qui favorisent ou, au contraire, repoussent les flux des IDE à destination du Maroc.

Grille des déterminants de l’attractivité pour l’IDE (Evaluation par rapport aux performances des pays de l’échantillon)

COREE DU SUD POLOGNE Les fondamentaux macroéconomiques

Importante Faible Inflation

Croissance économique

Maîtrisée Forte Solde budgétaire

Maîtrisée

Maîtrisée

Maîtrisée

Déficit

Déficit soutenable

Déficitaire

Déficit

Légèrement

Excédentaire

Déficit soutenable Déficit

soutenable Endettement extérieur

soutenable

soutenable

excédentaire

Moyen Moyen Compte courant

Déficit maîtrisé

Solde négatif

Déficit maîtrisé

Déficit maîtrisé

Solde négatif

Solde positif

Solde positif Solde négatif

Les finances publiques

Faible Elevée Investissement public

Pression fiscale

Elevée

Elevée

Faible

Elevée

Elevée

Faible Faible

La stratégie d’ouverture

Moyen Moyen TCER

Degré d’ouverture

Très élevé

- Appréciation Protection tarifaire

Appréciation

Stable

Appréciation

Dépréciation

La dynamique de la main-d’œuvre

Productivité du travail

Elevée Moyenne - V.A. unitaire

Stagnation Amélioration - Coût unitaire de la M.O. Qualification de la main-

Stagnation

Stagnation

Amélioration

Amélioration

Stagnation

Elevée Elevée d’œuvre

Le système financier

Moyens Moyens Crédits bancaires

Taux d’intérêts

Moyens

Moyens

Elevés

Modérés faibles Capitalisation boursière

Modérés

Modérés

Faibles

Elevés

Modérés

Elevés

Elevée

Elevée

Moyenne -

Le développement technologique

Elevées Faibles développement Accès aux technologies de

Dépenses en recherche et

Important Important l’information Diffusion des technologies

Elevée

Elevée Faible

La stabilité sociale

Elevé Moyen Indice du Développement

PIB par habitant

Elevé Elevé Humain Indice de perception de la

Faible Moyen corruption

Le risque commercial

Faible Moyen Source : DPEG

Moyen

Moyen

Elevé

Elevé

Moyen

Faible

2.2.1. Les fondamentaux macroéconomiques

En la matière de stabilisation des grands agrégats macro-économiques, le Maroc a réalisé des performances appréciables, ce qui permet, in fine, de donner aux entreprises, tant domestiques qu’étrangères, une visibilité plus grande et d’améliorer leur confiance dans les politiques économiques menées.

Ainsi, le déficit du compte courant de la balance des paiements a fortement diminué en pourcentage du PIB et ne représentait que 1,4% en 2000. Le Maroc a même enregistré un compte courant excédentaire de 4,9% du PIB en 2001, grâce au dynamisme du secteur touristique et des transferts des MRE. Cette évolution a favorisé une progression notable des réserves de change et l’allègement de la dette extérieure.

Le poids de la dette extérieure a été ramené de 69% en 1995 à 43% du PIB en 2001. Ce repli est imputable au respect du calendrier des remboursements de la dette extérieure du Trésor, aux opérations de reconversion, en investissements, d’une partie des dettes contractées avec la France, l’Espagne, l’Italie et le Koweï t ainsi qu’au remboursement par anticipation de certaines dettes onéreuses.

Les finances publiques ont été relativement assainies. Le déficit budgétaire a été ramené à 3% du PIB sur la période 1993-2001. Le taux d’inflation, plus faible au Maroc que dans les pays de l’échantillon entre 1995 et 2001, n’a progressé que de 0,6% en 2001.

Figure 6 : Taux de croissance annuel moyen du PIB Figure 7 : Taux d'inflation moyens (1995-2001)

Corée du Sud

Corée du Sud

Turquie

40% 60% 80% Source : FMI/WEO, Avril 2002

Source : FMI/WEO, Avril 2002

Cependant, en dépit du rétablissement de la crédibilité internationale de notre pays qu’elle a favorisé, la stabilisation du cadre macro-économique reste fragile, ce qui est susceptible de porter atteinte à la capacité d’attraction de notre pays pour les investissements étrangers. En effet :

• Malgré l’importance des réformes structurelles entreprises par les pouvoirs publics pour fixer les bases d’une croissance forte et durable, le rythme annuel moyen de progression du PIB tendanciel est passé de 4,1% durant les années 80 à 2,9% au cours de la dernière décennie. La croissance économique au Maroc reste insuffisante. Toutefois, l’économie nationale a enregistré un taux de croissance de 3,8% l’an entre 1996 et 2001. Ce rythme aurait pu être plus important, s’il n'avait pas été ralenti par la fréquence des sécheresses au cours de cette période.

• Le déficit budgétaire structurel (4,5% du PIB en 2001) reste important en raison du caractère incompressible des dépenses du personnel et de la dette, ainsi que de l’élasticité

insuffisante des recettes fiscales à la conjoncture économique à cause de l’importance du secteur informel.

2.2.2. Les finances publiques

Une politique budgétaire saine constitue un facteur déterminant de la stabilité macroéconomique. Elle permet de réduire les incertitudes sur les variations du taux de change, avec un impact concomitant sur différents facteurs de coûts et sur la liberté des transferts de capitaux et de bénéfices à l’étranger. Elle est indispe nsable pour appuyer la croissance et sécuriser l'investissement dans la mesure où la fiscalité et les dépenses publiques sont de nature à affecter l'allocation des ressources.

L’attrait d’un pays pour les IDE est aussi déterminé par un système fiscal simple, moderne et transparent et par l’efficacité de l’effort d'investissement de l’Etat.

Ainsi, le Maroc figure parmi les pays de l’échantillon à taux moyen de pression fiscale. Cette dernière ne s’établit qu’à 22% du PIB, et ce, pour relancer l’économie et l’ouvrir sur l’extérieur.

La stabilité de la structure des recettes fiscales durant les deux dernières décennies pourrait réduire la marge de manœuvre des pouvoirs publics en matière de compensation du démantèlement douanier dans la cadre de l'accord d'association Maroc-UE. Cependant, une croissance économique forte, accompagnée d'un élargissement de l'assiette imposable, favoriserait les ajustements du taux d'imposition nécessaire, permettant ainsi d'atténuer, à terme, la pression fiscale. Cela constituerait alors un facteur incitatif pour les entreprises étrangères désirant s'implanter au Maroc.

Par ailleurs, les dépenses d’investissement public sont souvent considérées comme un facteur d’attractivité des pays en raison de leur effet sur les autres secteurs de l’économie. Au Maroc, l’investissement public, tenant compte des transferts effectués au profit du Fonds Hassan II pour le développement économique et social, a atteint 8,1% du PIB en 2001 contre 5,6% en 2000.

Ce niveau reste en deçà de celui réa lisé en Tunisie où l’investissement public pour la période 1995-1999 a représenté plus de 12% du PIB. En revanche, il est supérieur à celui enregistré dans les pays de l'Asie du Sud où la baisse de l'investissement public par rapport au début des années 90 enregistrée dans ces pays s'explique en grande partie par la participation accrue du secteur privé dans la réalisation d'infrastructures de base indispensables à l'expansion de l'activité économique.

L’effort d’investissement au Maroc est appelé à se renforcer à travers la mise en place d’une nouvelle approche de la dépense publique, notamment en matière d’investissement, basée sur la globalisation des crédits, l’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques et le ciblage des investissements en fonc tion de leurs impacts sur la croissance économique et le développement social. Cette dernière action est déjà prise en compte par le Fonds Hassan II qui finance des projets ayant un véritable effet de levier sur l’emploi et l’investissement privé.

2.2.3. La stratégie d’ouverture

2.2.3.1. Le degré d’ouverture

L’attraction de l’investissement est également tributaire du degré d’intégration à l’économie mondiale. La Malaisie et l’Irlande, qui ont opté pour une politique d’ouverture au

début des années soixante-dix, ont connu un progrès remarquable de leur taux d’ouverture (respectivement 161% et 119% en moyenne durant la période 1995-2000), contrairement aux pays ayant adopté, par le passé, une stratégie de substitution aux importations (Egypte, Turquie).

Figure 8 : Taux d'ouverture moyen pour la période 1995-2000

Corée du Sud

160 180 Source : CHELEM, calculs DPEG

Le Maroc, même si son insertion à l’économie mondiale a été relativement lente par rapport à ses concurrents, dispose d’un marché des produits relativement ouvert. Son taux d’ouverture a ainsi atteint près de 60% en 2001 contre 50% en 1995.

La volonté d'ouverture du Maroc s'est concrétisée à travers son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1994, la signature de nombreux accords commerciaux avec ses principaux partenaires et la conclusion de l'accord d'association avec l'Union Européenne en 1996, dont l'ent rée en vigueur en mars 2000 a permis le démantèlement progressif des barrières tarifaires sur les produits provenant de l’Union Européenne.

Le Maroc a également eu recours à la réduction progressive des restrictions quantitatives, à l’allègement du niveau de protection tarifaire de la production nationale et à la libéralisation de la réglementation des changes.

De même, pour réussir l’ouverture du Maroc sur l’économie mondiale, la libéralisation du commerce extérieur s’est poursuivie à travers la simplification et l’harmonisation de la fiscalité douanière et son alignement sur les standards internationaux, notamment ceux de l’OMC. Ainsi, il a été procédé à la réforme du code des douanes et des impôts indirects, à la modernisation de l’administration douanière et à la conclusion d’un certain nombre d’accords

de non double imposition entre le Maroc et un nombre important de pays étrangers. En outre, la conclusion éventuelle d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis et

l’approfondissement de l’intégration Sud-Sud, dont l’accord de libre-échange des pays signataires de la déclaration d’Agadir (Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie) fera figure de test, devraient développer l’attrait de notre pays pour les IDE et de faire jouer à ceux-ci un rôle actif en matière de promotion des exportations.

Pour ce faire, il importe cependant que les pays membres de la future zone de libre- échange arabe surmontent les principaux facteurs entravant leur intégration économique, notamment à travers :

• l’extension de la libéralisation des échanges à de nouveaux secteurs, notamment dans les services et l’agriculture, au même titre que les accords Nord-Sud.

• la réduction des barrières non tarifaires.

• l’harmonisation, ou du moins la mise en cohérence, des législations, des règles et des disciplines (concurrence, investissement, règles d’origine, principes comptables, propriété intellectuelle, régimes douaniers) et la mise en place d’une coopération économique dans ces domaines.

2.2.3.2. La compétitivité-prix

La compétitivité-prix est une dimension importante de l’attractivité des territoires nationaux. Les performances des entreprises filiales de firmes étrangères sur les marchés d’exportation, comme sur le marché national, dépendent notamment de l’évolution des prix des biens produits localement par rapport à ceux de la concurrence étrangère.

Ainsi, par rapport à la Tunisie, le taux de change effectif réel (TCER) du dirham est légèrement supérieur à celui du dinar. Le TCER du dirham est plus élevé que celui du peso chilien depuis 1999, suite à la suppression par le Chili du système de bande de change qui prévalait jusqu’alors, et ce dans le but de préserver ses réserves de changes.

En revanche, le TCER du dirham est nettement en deçà de celui de la Pologne, pays qui a réalisé, grâce aux efforts de productivité, des performances intéressantes en matière d’exportation malgré l’appréciation du zloty durant la dernière décennie.

Par rapport à la Malaisie, le TCER du dirham est fort. Le ringgit a en effet dû faire face à d’importants mouvements de désaffection des investisseurs internationaux suite à la mise en place d’un système de contrôle des changes en 1998 en vue de renforcer les institutions financières.

Pour corriger cette situation, en plus de la poursuite d’une politique économique interne vigilante pour maîtriser l’inflation, le Maroc a procédé à un réajustement du panier de cotation du dirham en renforçant le poids de l’euro. Cette opération s’est traduite par une dépréciation en terme réel de 4,2% en 2001 par rapport à 2000.

De plus, le rapprochement entre le TCER et le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA), aussi bien pour les pays industrialisés que pour les pays émergents, a révélé une cohérence, du moins jusqu’en 2000, du niveau de taux de change du dirham avec le niveau de développement économique du Maroc. En conséquence, notre pays ne dispose que d’une marge de manœuvre relativement limitée en terme d’ajustement significatif du change au regard de son niveau de développement économique.

Tel n’est pas le cas pour les pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) qui disposent

de fortes marges de manœuvre en matière de dépréciation de leurs monnaies, ce qui leur confère un grand potentiel d’amélioration de leur compétitivité extérieure.

Figure 9 : Evolution du taux de change effectif réel (base 100 = 1995)

Pologne Source : SFI/FMI

2.2.4. La dynamique de la main-d’œuvre

Le coût des facteurs, singulièrement celui du facteur travail, joue un rôle déterminant dans la décision d’investir à l’étranger. Au Maroc, le coût de la main-d’œ uvre demeure relativement bas par rapport aux pays industrialisés, avantage que ne détruit pas pour le moment une productivité apparente du travail plus faible qu’explique une sensible montée des

effectifs employés dans l’industrie manufacturière. 2 Cet avantage n’existe cependant pas vis- à-vis de l’ensemble des pays émergents concurrents 3 et serait même appelé à disparaître dans

un contexte de libéralisation générale des échanges dans le cadre de l’OMC (amorcée avec l’accord multifibres).

La productivité apparente du travail est plus importante au Maroc qu’en Egypte et en Tunisie, ce qui signifie que comparativement à ses homologues égyptiens et tunisiens, le

salarié marocain travaille plus efficacement. Autrement dit, les entreprises installées au Maroc disposent, auprès de leurs salariés, d’un capital de dévouement et d’attachement, supérieur à ceux que l’on peut rencontrer dans les pays arabo-méditerranéens concurrents.

A terme, le dynamisme de la population active qu’engendrerait les effets positifs de la transition démographique dans notre pays pourrait favoriser l’apparition de gains de

productivité supplémentaires, à la condition de transformer ce dividende démographique en aubaine grâce à un redéploiement des dépenses d’éducation et à leur extension à la résorption à l’analphabétisme, l’allongement de la durée des études et l’amélioration de l’enseignement.

Les apports de main-d’œ uvre dans l’ensemble de l’économie dépendent également d’autres facteurs, en l’occurrence le niveau d’activité et la qualité des actifs. Concernant le premier facteur, les incitations au travail sont limitées par le système d’imposition : le coin fiscal et social au Maroc paraît élevé, en particulier pour les revenus bas, ce qui est de nature à provoquer, à long terme, une hausse des prix et une perte de compétitivité des entreprises installées au Maroc.

S’agissant du second, la qualification de la main-d’œ uvre reste encore faible dans notre pays puisque 74% de la population occupée est non diplômée et seulement 15,5% de celle-ci a reçu une formation fondamentale.

La productivité des industries méditerranéennes. CEPII, décembre 2001, n°16. 3 Le secteur manufacturier marocain à l’aube du 21ème siècle, 2002.

Par ailleurs, malgré la baisse du taux de chômage, la proportion des chômeurs diplômés reste élevée, ce qui implique le risque de perte irréversible de capital humain.

Le capital humain peut aussi se révéler dans l’intensité de l’activité de recherche et développement. Dans ce domaine, le Maroc accuse un retard marqué par rapport aux pays émergents concurrents en ce qui concerne les dépenses de recherche et développement ou le nombre de brevets déposés, ce qui est relié à la part dominante de l’Etat dans le financement

de la recherche, mais aussi au niveau général de formation de la population et à l’intensité des liens entre universités et entreprises.

2.2.5. Le système financier

L’attractivité d’un territoire pour les IDE dépend aussi des conditions de financement

de l’économie. A ce titre, elle est tributaire de la présence d’un système bancaire efficace, essentiel pour assurer le financement des PME, de l’immobilier et des besoins de trésorerie des entreprises et d’un marché de capitaux efficient capable de drainer une épargne longue vers le secteur productif.

Cependant, dans les pays émergents pris globalement, l'élaboration et la mise en œuvre des réformes structurelles au niveau du système financier en vue d'améliorer son efficience et d'optimiser l'allocation des ressources, n’ont pas permis d’améliorer les conditions de financement de l’investissement privé.

Ce dernier est ainsi resté fortement contraint du fait de la persistance d’un faible taux d’intermédiation et de l’étroitesse du marché financier local. Alors que, dans les pays développés, le rôle des marchés dans la recherche de capitaux pour les entreprises prenait progressivement de l’ampleur au détriment des financements bancaires, et ce depuis le début des années 80.

Dans les pays émergents, le secteur bancaire reste confronté, malgré l’amélioration de la supervision et l’accélération de la mise en place de règles prudentielles, à d’importantes lacunes. En effet, les banques s’y caractérisent par une grande aversion au risque, préférant placer leurs liquidités dans les titres publics.

Tandis que les PME/PMI souffrent d'un accès limité aux financements en raison de leur fonctionnement peu concurrentiel, la consolidation du secteur bancaire est de plus rendue difficile en liaison avec le nombre élevé d’établissements bancaires contribuant, par une concurrence accrue, à l’érosion de leurs marges.

De même, la dégradation de la qualité des actifs dû à une mauvaise conjoncture internationale (crise asiatique, crise turque,…) affecte la rentabilité du secteur et pèse sur les financements intermédié s. A cela, s’ajoute l’autonomie limitée des Banques Centrales, ce qui ne leur permet guère de concentrer leur politique monétaire sur les objectifs de stabilité et de croissance.

Le développement des moyens de financement direct à travers les marchés est resté limité. Ces derniers n'ont pas pu concurrencer les financements bancaires malgré les réformes initiées dans la majorité des pays émergents pour dynamiser l’activité boursière. Le processus

de réforme nécessite d'être poursuivi notamment avec le renforcement de l'épargne institutionnelle, le développement de l'épargne salariale et le dynamisme de l'épargne

extérieure. Celle-ci ne représente que 10 à 20% de la capitalisation des places boursières émergentes contre 70% sur les autres places internationa les.

S’agissant du Maroc, les conditions de financement de l’économie se sont particulièrement améliorées durant la dernière décennie. Dès 1993, des réformes importantes ont été accomplies, touchant l’ensemble des compartiments du système financier à savo ir le système bancaire, les marchés de capitaux et l’épargne institutionnelle. Plusieurs mesures ont été prises dont notamment :

• la consolidation et la modernisation du secteur bancaire à travers notamment le désencadrement du crédit et la libération totale des taux d'intérêt ainsi que la refonte du

cadre législatif régissant l’activité du système bancaire.

• la dynamisation du marché des capitaux et du marché monétaire, à travers l’entrée en scène financière de sociétés de bourse et d’organismes de placement collectif de valeurs mobilières (154 à fin 2001), l'institution du CDVM, la réforme et la modernisation du

fonctionnement de la Bourse des Valeurs de Casablanca, ainsi que la création du second marché et du marché hypothécaire.

• la diversification des sources de financement, particulièrement l’établissement d’un marché des changes et la possibilité pour les opérateurs de mobiliser librement des

financements extérieurs en se plaçant directement sur le marché financier international.

• la poursuite de la libéralisation de la réglementation des changes.

• le développement de l’épargne institutionnelle et qui recouvre les secteurs de l'assurance et de la retraite, ainsi que l'activité des institutions qui concourent à la collecte de l'épargne

et à sa transformation telles que la C.D.G. et la C.E.N.

• la mise en place d’un système de garantie des crédits destiné au financement de l’investissement et de la mise à niveau des entreprises.

Néanmoins, en 2001, le financement de l’investissement à travers les crédits à moyen et long termes ne représentait que 40,3% du montant total des crédits accordés par les banques. Les concours bancaires destinés au financement de l'investissement ont cependant enregistré une progression notable entre 1995 et 1999, passant respectivement de 79,5% à 85,5% du PIB. En la matière, le Maroc n’est dépassé que par la Malaisie, la Corée du Sud et l’Egypte.

La modification des stratégies des banques asiatiques en faveur des crédits à la consommation, intervenue au lendemain de la crise financière de 1997, s’explique par une

aversion au risque plus marquée, conséquence du processus de restructuration du secteur bancaire et de contraintes de rentabilité plus présentes, de la fragilité financière des entreprises et de l'atonie prolongée de l'investissement.

Tableau 1 : Evolution des crédits bancaires en % du PIB

72,54 Corée du Sud

39,3 Source : Banque Mondiale

Au Maroc, la baisse relative des marges, en lien avec la diminution tendancielle des taux d’intérêt et le niveau encore élevé du coefficient d’exploitation, devraient peser négativement à l’avenir sur la rentabilité des banques.

L’ouverture à terme du secteur bancaire à la concurrence étrangère devrait en outre pousser les banques à la consolidation, tandis que le renforcement considérable des fonds propres des banques, suite à la mise en conformité de notre système prudentiel avec les standards internationaux, devrait soutenir le financement de l’investissement privé.