Réduction des transferts Nord-Sud

6.1. Réduction des transferts Nord-Sud

La section précédente portait essentiellement sur les transferts Nord-Sud et Sud-Sud. Cependant, un examen plus précis des flux financiers nets entre le Sud et le Nord brosse un tableau différent : les paiements d'intérêts de la dette, les transferts de bénéfices et les investissements publics/privés dans les marchés de capitaux dans les pays développés compensent largement les flux financiers nets vers les pays en développement. Selon les Nations Unies (2015), les flux financiers nets hors des pays en développement ont totalisé 970 milliards de dollars en 2014 (tableau 4). La majeure partie est destinée aux Etats-Unis et représente les deux tiers de l'épargne mondiale, puis à d’autres pays développés comme le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Australie. En somme, les pays pauvres transfèrent des

ressources vers les pays riches, et non l’inverse 18 .

Tableau 4. Transfert net de ressources financières vers les pays en développement, 1998-2010 (en milliards de dollars)

Régions en 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014* développement

Afrique

14.6 -44.9 -44.2 -37.0 -3.7 37.1 Afrique subsaharienne*

-9.9 -20.6 -38.5 -85.0 -102.3 -97.0 -97.7

1.4 39.3 15.1 8.1 24.9 35.0 38.4 Asie de l’Est et du Sud

4.9 6.1 5.6 1.2 -6.0

-152.2 -185.5 -194.7 -293.3 -415.3 -557.6 -535.9 -458.0 -503.6 -455.7 -454.8 -567.9 -622.1 Asie de l’Ouest

-25.9 -50.1 -70.9 -142.3 -173.3 -132.8 -224.7 -53.6 -125.3 -305.5 -371.3 -311.8 -372.8 Amérique latine

-35.1 -66.6 -87.2 -111.4 -137.0 -102.9 -67.0 -68.8 -49.6 -60.1 -27.5 6.3 -12.9 Tous les pays en

-223.1 -322.7 -391.3 -632.1 -827.8 -890.2 -925.3 -565.9 -723.4 -865.5 -890.5 -877.1 -970.7 développement

Source : Nations Unis (2015). *hors Nigeria et Afrique du Sud; **estimation partielle

6.2. Lutte contre les flux financiers illicites

En plus des flux financiers légaux, la réduction des flux financiers illicites pourrait aussi libérer des ressources supplémentaires pour les investissements économiques et sociaux cruciaux dans de nombreux pays en développement. Les flux financiers illicites impliquent des capitaux illégalement acquis, transférés ou utilisés et comprennent, entre autres, des biens commercialisés sous-évalués pour éviter des tarifs plus élevés, des richesses transférées sur des comptes offshore pour échapper à l'impôt sur le revenu et des mouvements non déclarés de liquidités. Près de mille milliards de dollars de flux financiers illicites auraient quitté les pays en développement en 2012, principalement du fait d’une manipulation des prix d’échanges transnationaux, et près de deux tiers se trouveraient dans les pays développés (Kar et al., 2010). Globalement, les sorties annuelles moyennes de

18 En effet, certains de ces flux sont de l’épargne privée ou publique dans les pays en développement qui recherchent un retour sur investissement sûr dans les marchés de capitaux des pays développés.

Néanmoins, le flux de l'épargne mondiale ne se fait pas dans le bon sens, et les pays doivent veiller à ce qu’une part plus importante de l’épargne soit orientée vers des objectifs de développement nationaux et régionaux plutôt qu’exportée vers les pays riches. Inverser la sortie de ressources financières peut exiger une refonte du système financier pour assurer une plus grande stabilité du

secteur bancaire et promouvoir la confiance dans les institutions financières.

Espace budgétaire pour la protection sociale et les ODD 35 Espace budgétaire pour la protection sociale et les ODD 35

Figure 9. Flux financiers illicites et Aide publique au développement (APD), 2003-2012* (en millions de dollars courants)

APD (OCDE)

Flux financiers illicites

Source : Kar et Spanjers (2014) et Indicateurs du développement dans le monde (2015) *Seule l’APD des pays de l’OCDE est incluse

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