Réserves de change de la banque centrale

7.2. Réserves de change de la banque centrale

Les réserves de change accumulées à la banque centrale ont augmenté de façon spectaculaire dans de nombreux pays en développement au cours de la dernière décennie, et offrent des possibilités créatives de financement des investissements sociaux et économiques. A l’échelle mondiale, l’accumulation de réserves de change a été multipliée

par plus de six entre 2000 et 2013, atteignant 17 pour cent du PIB mondial en 2013 24 . Cependant, plusieurs régions en développement ont enregistré une croissance massive. Par exemple, le total des réserves de change a été multiplié par six en Europe et en Asie centrale,

16 fois en Asie de l'Est et au Pacifique, et par plus de huit en Asie du Sud, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en moyenne, au cours de la même période (figure 11).

23 Voir é galement le rapport de pays du FMI n° 11/65, février 2011 et Centre d’informations des Nations Unies, «Timor- Leste’s Economy at ‘Turning Point,’ Says Top UN Envoy» 7 avril 2010.

24 Calcul des auteurs d’après la base de données Global Economic Monitor, Banque mondiale (2014).

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Figure 11. Accumulation de réserves de change par les régions en développement, 1993-2013 (en milliards de dollars courants; à l’exclusion de l’or)

7000 14000 Afrique subsaharienne

6000 Asie du Sud 12000 Moyen-Orient et Afrique du Nord

5000 10000 Amérique latine et Caraïbes 4000

Pays à revenus élevés 8000

3000 Europe et Asie centrale 6000 Asie de l'Est et Pacifique 2000

Monde (axe droit) 4000

Source : Base de données Global Economic Monitor, Banque mondiale (2014)

L'accumulation massive de réserves de change est largement attribuable à deux stratégies. Premièrement, certains pays constituent des stocks importants de réserves pour s’auto-assurer contre les chocs économiques et financiers, notamment la fuite des capitaux ou de sévères déséquilibres extérieurs (Aykuz, 2014). Bien que cette tendance soit plus évidente dans les économies de marché émergentes, notamment en Asie, elle s’applique de plus en plus à un certain nombre de pays à faible revenu. En Afrique subsaharienne, par exemple, plus d'un tiers de l'aide étrangère reçue entre 1999 et 2005 a été utilisée pour accumuler des réserves (FMI, 2007 : 42). Deuxièmement, les pays ont également stocké des réserves de change dans le cadre de travaux plus généraux visant à stabiliser la macroéconomie, en particulier les taux de change. Ceci est le plus souvent lié à des stratégies

de croissance axée sur les exportations fondées sur des régimes de taux de change avec des ancrages de droit ou de fait au dollar américain ou à des paniers de devises.

La stratégie d'acc umulation de réserves en tant qu’auto-assurance est souvent remise en question, notamment par l'Organisation des Nations Unies et le FMI. Toutefois, jusqu'à la mise en place de meilleures solutions à l’échelle internationale, certains indicateurs fondament aux soulignent la nécessité d'étudier la possibilité d’utiliser des réserves de change pour financer le développement économique et social. Par exemple, d’après les indicateurs les plus populaires – le nombre de mois durant lequel un pays pourrait maintenir le niveau

de ses importations si tous les autres flux de capitaux devaient soudainement s’arrêter – 52 pays en développement disposant de données récentes sur les réserves affichaient un nombre une fois et demi supérieur au niveau sécuritaire de référence de trois mois (soit plus de 4,5 mois) en 2013. Selon un autre indicateur standard – le ratio de la dette à court terme par rapport aux réserves de change – 43 pays en développement enregistraient des taux inférieurs à 25 pour cent à partir de 2013, ce qui dépasse de loin la méthode empirique de Greenspan et Guidotti encourageant les pays à détenir suffisamment de réserves de change pour couvrir la totalité des obligations au titre de la dette extérieure à court terme. En combinant ces deux indicateurs, 24 pays en développement disposant des données correspondantes dépassent les deux niveaux sécuritaires de référence (tableau 7).

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