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mission de surveillance, des pratiques déloyales, un comportement anticoncurrentiel ou un rapport injustiié entre les prix. C’est notamment pour cette raison que la Commission européenne a mis en demeure la Belgique le 16 octobre 2014 au sujet de la transposition des directives gaz et électricité dans la législation belge 16 . Aux yeux de la Commission, la loi belge ne permet pas à la Creg de prendre de telles décisions en matière de transparence et de libre concurrence sur le mar- ché. Elle n’est donc pas compétente pour adopter les mesures nécessaires et équitables pour promouvoir une concurrence réelle et garantir le bon fonctionnement du marché par des décisions contraignantes à l’égard des entreprises d’électricité et de gaz. Les directives considèrent en efet que, pour garantir le bon fonctionnement du marché intérieur, les ré- gulateurs énergétiques doivent pouvoir décider concernant tous les aspects réglementaires pertinents 17 . La réponse coordonnée de l’autorité fédérale et des autorités régionales à la mise en demeure de la Commission européenne indique toutefois que l’État belge a attribué ces compétences à l’Autorité belge de la concurrence ABC, en collaboration avec la Creg. La réponse ren- voie à l’article 37, 2, de la directive électricité qui dispose que les missions de surveillance énumérées à l’article 37, 1, de la directive peuvent être exercées par d’autres instances que les régulateurs. Concrètement, les lois gaz et électricité disposent que la Creg transmet ses constatations et les infractions présumées au ministre et à l’ABC. Pendant l’audit, la Creg s’est montrée favorable à ce mode de fonctionnement, s’écartant ainsi du point de vue de la Commission européenne. En ce qui concerne la collaboration entre l’ABC et la Creg, notamment l’échange d’informations conidentielles, la Creg, l’ABC et le SPF Économie ont rédigé un projet d’arrêté royal qu’ils ont transmis à la mi- nistre de l’Énergie voir également point 3.6. Le fait que la Creg ne soit habilitée à prendre ni des décisions contraignantes à l’égard des entreprises ni d’autres mesures était un des points relevés dans la « plainte » que la Creg a déposée le 6 juillet 2012 auprès de la Commission européenne contre l’État belge pour non-respect de l’obligation de transposition du troisième paquet énergie 18 . Dans sa plainte, la Creg inventorie les manquements des lois gaz et électricité par rapport au cadre réglementaire européen. Selon elle, sa « plainte » doit être entendue comme une demande adressée à la Direction générale de l’énergie de la Commission européenne pour qu’elle intervienne dans le dossier de la transposition du troisième paquet énergie en droit belge. Il ne s’agit donc pas d’une plainte oicielle auprès de la Cour de justice européenne comme celle que la Commission pourrait déposer. La Commission européenne a informé la Creg le 15 février 2013 que la plainte avait été classée. 16 Mise en demeure – Infraction n° 20142189 – C2014 7337 inal. 17 Considérants 30 de la directive gaz et 34 de la directive électricité. 18 Creg, plainte contre l’État belge pour manquement à l’obligation de transposition du troisième paquet énergie article 258 du TFUE. À consulter sur www.creg.be. 23 La Commission européenne a poursuivi l’examen de la transposition dans le cadre de EU Pilot 19 . La mise en demeure précitée du 16 octobre 2014 en est issue. La Creg a participé à la rédaction de la réponse de l’État belge et sa présidente conirme que la Creg se range au point de vue de l’État belge face aux arguments avancés dans la mise en demeure. La Creg suit de la sorte l’arrêt de la Cour constitutionnelle relatif à son recours de 2012 en annulation partielle de la transposition du troisième paquet énergie dans les lois gaz et électricité 20 , arrêt qui lui a en grande partie donné tort. En raison de l’extension de ses missions et compétences par le règlement Remit, la Creg peut néanmoins prendre des sanctions dans diférents domaines. Ses compétences supplé- mentaires d’enquête et de sanction découlent des articles 3, 4 et 5 de ce règlement. Il s’agit plus particulièrement de : • l’interdiction d’utiliser des informations privilégiées ; • la publication obligatoire d’informations privilégiées ; • l’interdiction de manipulation du marché. Dans ce cadre, la Creg est elle-même compétente pour mener certaines enquêtes, au be- soin après autorisation d’un juge d’instruction, et imposer des sanctions en fonction de ses constatations. La Creg a ainsi moins besoin d’invoquer l’article 23bis de la loi électricité et l’article 1514bis de la loi gaz qui s’appliquent à tout « comportement anticoncurrentiel ou » à toutes « pratiques commerciales déloyales ayant un efet ou susceptibles d’avoir un efet sur un marché de l’ électricité performant en Belgique ». Les compétences issues du règlement Remit ont donc en partie résolu le problème. 2.3.3 Sanctions Les directives européennes disposent que la Creg doit, notamment, pouvoir imposer ou proposer d’imposer des sanctions aux gestionnaires de réseau à hauteur de maximum dix pour cent de leur chifre d’afaires annuel. Selon la législation belge, l’amende maximum que la Creg peut imposer aux personnes physiques ou morales établies en Belgique s’élève toutefois à deux millions d’euros ou à trois pour cent du chifre d’afaires annuel réalisé sur le marché belge si ce montant est supérieur. En cas de récidive, l’amende est tout au plus doublée. Selon l’État belge, la directive a ainsi été transposée de manière correcte, puisque le maxi- mum imposé par les directives n’est pas dépassé. La mise en demeure de la Commission européenne qui est mentionnée au point 2.3.2 précise toutefois que la Creg doit être compé- tente pour imposer des amendes pouvant aller jusqu’à dix pour cent maximum. L’État belge a répondu à cette mise en demeure qu’il examinera si les amendes peuvent être revues pour les mettre en conformité avec les directives européennes. La ministre actuelle conirme cette vue. 19 EU Pilot est une plateforme que les services de la Commission européenne et les États membres utilisent pour clari- ier les problèmes de concordance du droit national avec le droit européen et d’application du droit européen. C’est la première étape pour résoudre les problèmes et éviter ainsi les infractions et les mises en demeure formelles. 20 Cour constitutionnelle, arrêt 1172013 du 7 août 2013.