Stratégie et suivi

63 Chapitre 5 Conclusions et recommandations

5.1 Conclusion générale

Depuis 2012, la législation belge a largement étendu l’indépendance de la Creg vis-à-vis de l’État, un changement nécessaire pour satisfaire aux exigences du troisième paquet de directives européennes en matière d’énergie. La Creg est devenue indépendante sur le plan fonctionnel et son obligation de rendre compte est passée du pouvoir exécutif au législatif, à savoir la Chambre des représentants. Le ministre chargé de l’Énergie ne peut plus inter- venir dans les décisions ni dans la gestion de la Creg. Pour compenser la suppression du contrôle gouvernemental, l’existence d’autres garanties suisantes est cruciale au bon fonctionnement de la Creg. Ces garanties doivent permettre à la Creg de rester indépendante et impartiale vis-à-vis de tous les intervenants et d’être perçue comme telle. Une grande transparence quant au fonctionnement de la Creg est né- cessaire pour évaluer son impartialité et son intégrité. En outre, pour que la Chambre des représentants puisse exercer un contrôle eicace, il convient que la Creg fasse rapport de son fonctionnement de manière adéquate. Seule la réunion de toutes ces conditions peut contrebalancer à suisance son indépendance. La Cour des comptes a examiné si la Creg remplit son rôle de régulateur tout en respectant les normes de qualité. Son audit s’est articulé autour de cinq questions. 5.1.1 La Creg remplit-elle son rôle de régulateur ? La Creg est investie par la législation belge de missions et d’objectifs qui correspondent à ceux d’un régulateur du marché énergétique conformément aux directives européennes. La loi lui conie aussi un large éventail de missions consultatives. La délimitation de ce rôle de conseil par rapport au rôle de conseil de la Direction générale de l’énergie du SPF Économie de même que les canaux que la Creg emprunte pour rendre ses avis ne sont toutefois pas clariiés à suisance. Des conventions et procédures formelles en la matière font défaut. 5.1.2 La Creg dispose-t-elle de suisamment de compétences et de moyens pour réa- liser ses objectifs et les utilise-t-elle de manière eiciente ? La transposition des directives européennes dans la législation belge demeure probléma- tique au niveau des compétences. L’Union européenne a mis l’État belge en demeure à cet égard en 2014. Ses griefs concernent notamment : • l’autonomie de la Creg en matière de prise de décisions contraignantes et de mesures à l’égard des entreprises ; • les directives relatives à l’établissement de la méthodologie tarifaire ; • les compétences d’inspection ; • le montant maximal de certaines amendes. L’État belge a déjà répondu à la Commission européenne. La Creg a participé à la rédaction de cette réponse et se rallie à cette position. Le débat sur la transposition des directives n’empêche pas que ces missions soient réalisées en Belgique par la Creg, en collaboration ou non avec une autre instance comme l’Autorité belge de la concurrence. Un cadre législatif lacunaire empêche toutefois la Creg d’exercer des compétences d’inspection. De surcroît, les sanctions que la Creg peut imposer sont peu eicaces et dissuasives. Pour ce qui est du montant maximal des amendes, l’État a annoncé qu’il envisagerait la possibilité de modiier la loi conformément aux directives européennes. Le inancement de la Creg est réglé par la loi et repose sur une cotisation fédérale facturée aux clients inaux de l’électricité et du gaz. Le fait que la Creg perçoive elle-même les coti- sations contribue à son indépendance. Son budget, adopté par la Chambre, a été ixé ces dernières années dans un contexte d’économies et ne résulte pas d’une évaluation détaillée des moyens nécessaires pour qu’elle puisse s’acquitter de ses missions actuelles dans un souci de qualité et d’eicacité. Le mode de perception est, en outre, source de luctuations peu maîtrisables de ses recettes et de sa position de trésorerie, qui ne lui permettent pas d’optimaliser son budget. Le législateur a chargé la Creg de percevoir et gérer plusieurs fonds qui inancent des obli- gations de service public, ainsi que de rembourser certaines réductions et exonérations sur d’autres cotisations fédérales. Ces tâches ne relèvent pas de la mission essentielle d’un régulateur et la charge de travail qui y est associée est considérable. La Creg n’a pas une vue suisante des efectifs et compétences nécessaires de son person- nel. En outre, le recrutement, le suivi et l’évaluation du personnel ne sont pas uniformes et structurés. La communication interne contribue peu à décloisonner les directions. Le comité de direction a élaboré un plan d’action qui cible ces deux domaines. Il reste cepen- dant encore à mettre en œuvre en grande partie. Il en résulte une série de problèmes en matière de maîtrise de l’organisation interne, qui entravent le suivi régulier et la correction de la mise en œuvre du plan stratégique. La Creg s’eforce actuellement d’optimiser son environnement informatique. 5.1.3 La Creg travaille-t-elle de manière indépendante, impartiale et transparente ? Même s’il subsiste des points à améliorer, la Creg satisfait à la plupart des normes en matière d’indépendance. Ainsi, la réunion de tâches exécutives et de gestion entre les mains du co- mité de direction engendre une forte concentration des pouvoirs en l’absence d’un conseil d’administration. Conjuguée aux problèmes en matière d’obligation de justiication évoqués ci-après, cette concentration est susceptible de mettre l’impartialité de la Creg en péril. En outre, des problèmes subsistent en ce qui concerne la désignation du comité de direction, en matière de contrôle de l’indépendance du personnel, de transparence dans les contacts avec le secteur et l’État et d’indépendance du Conseil consultatif du gaz et de l’électricité. La Creg satisfait aux normes de transparence d’une manière générale, sauf pour la publi- cation d’autres actes que les décisions avis, propositions, études, etc.. La Creg n’a presque