Les impacts de la crise sur l’économie et le marché du travail

23 Le Burkina Faso face à la crise

1. Les impacts de la crise sur l’économie et le marché du travail

L’impact de la crise financière et économique internationale 2008-2009 sur l’économie du Burkina Faso est majeur même s’il a été ressenti avec retard. Les équilibres macroéconomiques sont fragilisés creusement des déficits du compte courant et budgétaire, baisse des recettes d’exportation, baisses des flux de capitaux, contraction de l’investissement privé, tandis que les indicateurs sociaux et d’emploi sont préoccupants. Des performances macroéconomiques fragiles La réduction de l’investissement privé mais aussi public ont des effets négatifs sur la croissance et entame sérieusement la capacité du pays à atteindre les OMD et les objectifs de réduction de la pauvreté. La crise a entamé les acquis de la dernière décennie en termes de croissance et de réduction de la pauvreté. Tableau 1. Evolution des agrégats macroéconomiques projections après la crise :, J 596 . 59:, 6 5 6 5 6 5 6 5 6 8 8 8 8 8 8 8 8 37 8 8 8 8 8 8 8 e estimations et p projections, Source : BAfDOCDE 2010 et FMI 2010. L‘ampleur de l’impact de la crise dépend du degré de vulnérabilité économique et de résilience face aux chocs. Le Burkina Faso est parvenu à réduire les impacts de la crise grâce à l’augmentation de la production aurifère sur la base de partenariats publics-privés, à une politique agricole volontariste et à des investissements publics. Le pays est principalement exportateur de produits miniers et agricoles. Il a été affecté par la crise en raison de la baisse de la demande mondiale et des cours internationaux notamment le coton, de la baisse des IDE et de l’aide au développement, avec un impact direct sur les recettes publiques. Néanmoins, il a maintenu une relative performance macroéconomique bien que contrastée, suite aux effets successifs des crises alimentaire, énergétique puis financière et à la baisse de la demande du coton sur le marché international. • Après une décélération entre 2006 et 2007 - de 5,5 à 3,6-, la croissance du PIB réel atteint 5,2 en 2008 grâce à la hausse de la production agricole et des investissements dans le secteur minier. La croissance diminue en 2009 en passant à 3,1 avec le ralentissement de l’économie mondiale, la crise ayant affecté les activités cotonnières et celles du secteur tertiaire. La reprise économique est projetée à 4,2 en 2010 et à 5,3 en 2011. • La baisse des investissements directs étrangers et des entrées d’investissements de portefeuille est notable et le ralentissement de la demande affecte la qualité des portefeuilles de crédits des banques. La crise entraîne une baisse des taux d’investissement de 19,5 du PIB en 2007 à 18,1 en 2008 et 2009, mais ils doivent remonter à 19,5 en 2010. • La reprise économique serait essentiellement tirée par l’industrie extractive tandis que les services, incluant le commerce, les transports et télécommunications, constitueraient le second pilier de la croissance. L’agriculture continuerait à jouer un rôle majeur dans la croissance, grâce aux mesures du Gouvernement semences améliorées, équipement, contre-saison, restructuration de la filière coton, contrôle des prix des produits alimentaires. • Les pressions inflationnistes alimentaire, énergétique ont élevé le taux d’inflation à 10,7 en 2008 mais il a baissé à 3,8 en 2009 et doit atteindre 2,3 en 2010, soit en dessous du critère de convergence de 3 UEMOA, 2009 et FMI, 2010. 24 • Les termes de l’échange se sont dégradés entre 2006 et 2008 en raison de la nature des produits de leurs exportations. Entre 2008 et 2009, les termes de l’échange se sont améliorés de 12,5 amélioration des prix du coton et des produits miniers. La baisse relative des exportations entraîne une baisse des revenus des producteurs et travailleurs des secteurs d’exportation, entraînant un ralentissement de la demande de consommation mais aussi de l’épargne intérieure. Tableau 2. Exportations et termes de l’échange du Burkina Faso 2007-09 . 59 :, 6 . KJ 5 . 8 L 6 1 1 1 1 8 8 8 8 8 8 8 8 Prévisions. Source : FMI, 2009 • La structure des exportations s’est modifiée en raison de la crise internationale et des évolutions respectives des cours du coton et de l’or. La part du coton dans les exportations passe de 60 en 2005 à 29 en 2009. L’or devient le premier produit d’exportation avec une contribution de 41 en 2009 contre moins de 4 en 2005 avec 12 tonnes en 2009 contre 5,5 tonnes en 2008. • Le déficit du compte courant extérieur y compris les transferts atteint 8 du PIB en 2009, contre 12 en 2008 et 8,3 en 2007, alors que les prévisions étaient plus pessimistes, et ce, grâce à une production aurifère meilleure que prévue. En 2010, la position extérieure du pays sest redressée grâce aux bons résultats à lexportation et à lamélioration des termes de léchange, suite à la baisse des cours mondiaux des produits alimentaires et énergétiques. Mais cette position favorable reste fragile car les importations restent dominées par les produits énergétiques. • Le solde global de la balance des paiements est passé d’un surplus de 5,8 du PIB en 2007 à un déficit de 1 en 2008 et doit se rapprocher de l’équilibre en 2009. • Les chocs exogènes qui ont affecté le Burkina Faso ont exercé une forte pression sur le budget de l’État. Avec une politique budgétaire expansionniste, le déficit budgétaire global hors dons est estimé à 13,8 du PIB en 2009, contre 8,4 en 2008. En 2010, la situation globale des finances publiques s’améliore avec un déficit budgétaire estimé à 11,7 du PIB. Les résultats budgétaires ont été meilleurs que prévu grâce à laugmentation des recettes, rendue possible par les gains defficience réalisés dans ladministration fiscale, et à la diminution des dépenses non prioritaires FMI, 2010. • L’endettement reste un défi majeur, représentant 113,9 de la valeur des exportations en 2009 et 20,6 en 2010. • Les investissements privés ont été limités y compris dans le secteur minier : les nouveaux projets d’investissements dans le secteur minier ont été stoppés en 2009 sur les six mines qui devaient démarrer leurs activités en 2009, trois sociétés minières ont reporté le démarrage de leurs opérations face aux difficultés de mobilisation de fonds. • Le crédit à léconomie a nettement ralenti du fait que lactivité économique a manqué de dynamisme et que la conjoncture incertaine a incité les banques commerciales à une plus grande prudence. La situation sociale et de l’emploi reste préoccupante Les indicateurs sociaux et de pauvreté restent préoccupants : le Burkina Faso est lun des pays les plus pauvres du monde en étant classé en 177ème position sur les 182 pays pour l’indicateur de développement humain en 2009. La crise internationale coton, céréales notamment et les inondations de septembre 2009, ont agi négativement sur la situation sociale et remis en cause les résultats atteints au cours de la dernière décennie. • Malgré une amélioration des indicateurs sociaux de base espérance de vie, taux de mortalité infantile, taux d’analphabétisme, taux de scolarisation…, la pauvreté continue à être une question majeure. La proportion de la population située en dessous du seuil de pauvreté nationale se situe à 25 43,2 en 2009, contre 46,3 en 2004, et ne devrait pas s’améliorer sur les années suivantes, notamment en milieu rural, alors qu’on assiste parallèlement à une urbanisation de la pauvreté. L’atteinte des OMD est remise en cause objectif de 35 de la population en dessus du seuil de pauvreté en 2015. • La population est très jeune : 47 des habitants ont moins de 15 ans, tandis que les jeunes de 15 à 24 ans et ceux de 25 à 35 ans représentent respectivement 19,1 et 14,3 de la population. Avec un taux de croissance démographique de 3,1 par an, la croissance de la part des jeunes de 15 à 35 ans est la plus importante sur la dernière décennie soit 3,7. • Le niveau d’employabilité de la population en âge de travailler 15 ans et plus et son potentiel de productivité, est faible. Le taux d’instruction est de 25,5 avec à peine 1 de la population ayant un niveau supérieur et 17,8 qui ont un niveau primaire. Le taux d’instruction de la population en âge de travailler est de 23,2, avec un écart encore plus important selon le sexe 17,2 des femmes en âge de travailler sont instruites contre 30,1 pour les hommes. L’offre de travail reste jeune, peu instruite et de plus en plus féminine. • Le secteur primaire agriculture, produits miniers concentre près de 85 des emplois et le secteur informel concentre 96 des emplois. Le taux de sous-emploi global atteint 53 et le taux des travailleurs pauvres est proche de l’incidence de pauvreté. • Les questions d’emploi sont restées non résolues en raison au cours des deux dernières décennies en raison de la nature de la croissance économique : peu porteuse d’emplois productifs et n’agissant pas sur le niveau de pauvreté de façon significative. Le récent ralentissement économique a notamment touché le BTP et le secteur coton et fibre-textile. Il s’est traduit par une dégradation des conditions de travail et une hausse des taux de chômage, de sous-emploi et des taux de travailleurs pauvres et vulnérables BIT, 2009.

2. Des réponses nationales tournées vers la promotion de l’entrepreneuriat et des