C3 / Refus, transformations et re-négociations

C3 / Refus, transformations et re-négociations

(Discu. : M. Perrenoud, Uni. de Lausanne et V. Rolle, Uni. de Nantes)

Dans les coulisses d’un jury de piano : refus, transformation et accès aux délibérations dans les concours de musique internationaux

ODONI Miriam, Institut de sociologie, Université de Neuchâtel, [email protected] Cette communication propose de discuter du refus et de l’accès aux délibérations du jury dans les

concours de musique internationaux. Cet accès m’a été refusé tout au long de ma thèse et je n’ai pu mener des entretiens avec les membres du jury. L’accès à la salle de délibération est en effet formellement interdit à toute personne externe au jury. Lors des concours, les organisateurs n’aiment pas non plus que les jurés discutent avec d’autres personnes de la compétition en cours. Pour certains concours, cette interdiction est même mentionnée dans le règlement. Les organisateurs craignent, dans ces cas, une possibilité d’influence sur les membres du jury. Mes demandes de m’entretenir avec eux en-dehors de la salle de délibération sont restées systématiquement sans réponse. L’investigation de ces jurys constitue ainsi une tâche compliquée. La difficulté d’accès aux délibérations du jury n’est pas spécifique à mon terrain et a été décrite dans d’autres recherches sur les concours de musique

internationaux (McCormick 2008 ; Wagner 2006) 6 . Aucun chercheur n’a jamais été autorisé à accéder à une salle de délibération dans ce contexte. Néanmoins, après huit ans de refus, l’accès aux délibérations du jury m’a finalement été accordé par le directeur d’un concours, ma demande s’insérant dans une activité pédagogique, associant sociologues et musicologues.

Mon terrain a porté sur sept concours de musique internationaux, tous font partie de la Fédération mondiale des concours de musique internationaux (FMCIM). J’y ai mené des entretiens avec les organisateurs de concours et les candidats au concours. J’assistais au déroulement des différentes épreuves jusqu’à la finale, à la restitution des résultats durant lesquels étaient divulgués les noms des personnes qui passaient au prochain tour, aux entractes des performances pendant lesquelles je me mettais en contact avec les candidats et à d’autres types d’événements ayant lieu pendant le concours (cérémonie finale de remise des prix, cérémonie d’ouverture, inscriptions et tirage au sort des candidats, etc.). Dans certains concours, j’avais accès au bureau de l’organisation, me permettant d’observer les activités des personnes y travaillant (prise en charge des candidats, relations avec les médias, préparation des programmes des différentes épreuves, préparation des délibérations, etc.). J’ai également récolté des documents produits par le concours tels que des règlements de concours et des programmes, et des articles de journaux sur l’événement en cours. Mon premier terrain a débuté en 2009 (Concours Reine Elisabeth) et le dernier a eu lieu en 2017 (Concours Clara Haskil), ce dernier étant le seul à ce jour à m’avoir donné accès aux délibérations du jury.

6 M C C ORMICK Lisa, 2008, Playing to Win : A Cultural Sociology of the International Music Competition, thèse de doctorat en sociologie, Yale University (New Haven). W AGNER Izabela, 2006, La production sociale des violonistes virtuoses, thèse de doctorat en sociologie, Ecole des

Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris).

A travers des extraits de mon journal de terrain, je reviendrai sur les modalités du refus et ensuite de l’accès aux délibérations du jury : l’alliance avec des musicologues, le jeu de rivalités entre concours, leur volonté de démocratisation et leur envie de se singulariser en étant le premier concours à ouvrir le jury à une personne externe. J’inscrirai également cet accès au terrain dans mon parcours de vie, l’accès étant dans ce cas soumis au statut de docteure, et dans la transformation à la fois de la chercheuse et

de son terrain.

Etudier l’univers de l’exorcisme féminin agni : un savoir-faire méthodologique entre devoir, pourparlers et habileté.

EHUI Prisca Justine, Institut des Sciences Anthropologiques de Développement (ISAD), [email protected]

Terrain : Les terrains d’étude se situent à l’Est de la Côte d’Ivoire en pays agni ndénié 7 dans les localités suivantes : Apprompronou, les 23 -24 mars 2016 ; Diangogbo, les 30-31 mars 2016/ 8 Février 2017 ;

Aniassué, les 25-26 mars 2016 ; Padiégnan, les 20-21-mars 2016. Le moumoumé est une cérémonie d’exorcisme relevant du cercle féminin exécuté à de périodes

précises. Elle se traduit par une procession émaillée de séance de purification pour conjurer le mauvais sort et d’invocation de bénédiction venant de Gnamien kpli 8 . Sa connaissance est un ensemble de

tactiques et de savoir-faire soutenus par quatre formes de négociations avec des objectifs précis : • Négocier avec le temps (appels téléphoniques, voyages) pour établir un chronogramme sur la

base de la disponibilité des enquêtés et de l’enquêteur, • Négocier avec les officiels administratifs (établissement de documents administratifs :

autorisation d’absence, attestation de recherche, accords des autorités…) pour accéder au terrain et aux informateurs dans les normes,

• Négocier avec les enquêteurs pour créer un climat de confiance entre interlocuteurs (préciser les objectifs et l’utilité sociale de l’étude)

• Négocier avec la tradition pour se conformer aux pratiques coutumières (don de boisson Gin pour libations afin de demander la permission aux ancêtres) et pénétrer le discours des

enquêtés (comprendre les proverbes, les symbolismes…).

Enjeux de négociation : • Optimisation du temps de travail ( planifier, organiser et gérer le temps pour plus d’efficacité

dans le travail), • Officialisation du déroulement travail et de notre présence sur le terrain,

• Favorisation de la qualité des informations pour de résultats fiables et soutenus, • Obtention de la permission des ancêtres, véritables détenteurs des savoirs selon l’idéologie

locale.

7 Un sous du grand groupe ethnolinguistique Akan 8 Le grand Dieu.

Négocier son terrain en sorte de le restituer: implications d'une posture de recherche action RIEGEL Julie, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Centre européen de sociologie et de sciences

politiques, [email protected] Cette communication propose de mettre en regard deux expériences contrastées de négociation de terrains ethnographiques, et leurs implications en matière d'accès et de conduite de l'enquête, de possibilités de restitution aux enquêtés et finalement de choix épistémologiques du chercheur. Ma thèse en socio-anthropologie du développement (2011-2015) s'est penchée sur la capacité supposée des ONG vertes internationales à maîtriser la diffusion de discours et de pratiques de conservation de la biodiversité d'un niveau de gouvernance à l'autre, c'est-à-dire de l'arène globale, émettrice de normes, aux territoires de déploiement de projets au Sénégal. J'imaginai me baser dans trois instances situées

de l'UICN (Union mondiale pour la conservation de la nature), pour y mener des entretiens et des observations participantes, grâce à un accueil formel au bureau régional ouest-africain, au bureau national de l'ONG à Dakar, puis au sein d'un territoire de déploiement d’un projet dans le delta du Saloum. Mais le bureau de l'UICN au Sénégal, pivot de mon enquête, est entré en crise financière et stratégique, et les portes d'accès au terrain se sont refermées. L'enquête planifiée au sein d'instances

de travail formelles et circonscrites de l'UICN s'est muée en une enquête à tâtons et opportuniste, à travers les réseaux d'individus ayant collaboré avec cette ONG. Le terrain multisitué initialement prévu

a cédé la place à un terrain multisite, et à un procédé de négociation officieux et opportuniste de rencontre des acteurs enquêtés, s'appuyant sur des recommandations personnelle et des stratégies pour partie voilées. L'enquête sur ce terrain dilaté, ''tournant autour'' de l'UICN, a induit de la méfiance et de la suspicion de la part des représentants de l'ONG. Mon souhait initial de restituer mes données auprès d'eux, et d'organiser des temps de débat, a été définitivement compromis, du fait aussi du manque de confiance et de la concurrence existant au sein même de la structure. Le projet postdoctoral que je mène (2016-2018) prend soin, à l'inverse, de tisser de la confiance avec les enquêtés et de la préserver, quitte à modifier temporairement mes objectifs et mon cadre scientifiques. Cette recherche s'attache à la mémoire et aux traces de processus de concertations environnementales dans des territoires ruraux en France, concertations qui ont été animées ou supervisées par des médiateurs, et ont été pour certaines conflictuelles. Je m'efforce de ne pas contourner les étapes de négociation qui se présentent, qu'elles soient planifiées ou imprévues, pour ne pas enquêter à couvert, afin de préserver la possibilité de restituer et de confronter mes analyses avec une partie des enquêtés. Mais cette posture a des implications que je n'avais pas mesurées. Attendre des enquêtés un assentiment pour entrer sur le terrain leur donne le pouvoir de refuser cet accès, ou de le conditionner, ce qui oblige le chercheur à négocier avec lui-même : jusqu'où aller pour obtenir cet assentiment ? Dans le cas de situations conflictuelles, le maintien sur le terrain peut en outre se négocier sur le fil, et soulever des questions déontologiques et épistémologiques, lorsqu'on est sommé de donner son avis, de prendre parti, ou de porter une parole. Rechercher l'appropriation des analyses produites par certains enquêtés ouvre en outre la porte à la confrontation, voire à la contestation. Négocier en permanence son terrain

de manière à pouvoir le restituer implique peut-être de prendre ses distances avec le régime scientifique de la robustesse, pour tendre vers celui de la pertinence scientifique, au sens de sa capacité à ouvrir de nouveaux questionnements et à accueillir une diversité de savoirs, plutôt qu'à s'efforcer de construire de la certitude. Si l'anthropologue ne s'efforce plus de tendre vers une neutralité scientifique évidemment impure, sa production n'a plus lieu d'être objective, surplombante, stable. Il s’attelle à la notion de Confiance plutôt que de Certitude telle que Bruno Latour nous y invite pour retisser les liens entre la science et la société.

C4 / Mentir sur son identité et son projet

(Discu. : M. Meyer, Uni. de Lausanne et Ch. Papinot, Uni. de Poitiers) Enquêter parmi les femmes de l’AKP en Turquie : présentation de soi et négociation de la

relation enquêtrice-enquêtée AYMÉ Prunelle, Sciences Po – CERI, [email protected] Terrain : La branche féminine du Parti de la Justice et du Développement (AKP) à Istanbul (Turquie).

Juillet-Août 2016, Janvier-Février 2017, Décembre-Janvier 2018 Cette communication s’appuie sur une enquête de terrain menée auprès des militantes de la branche

féminine du Parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir en Turquie depuis 2002. Afin de comprendre les raisons de l’engagement des femmes dans un parti politique islamo-conservateur et leur rôle dans le fonctionnement de « l’institution AKP », j’ai réalisé une enquête ethnographique de quatre mois au sein de la branche féminine, organe auxiliaire du parti qui réunit 4,5 millions de femmes (sur 9 millions de membres). J’ai réalisé d’une part des entretiens longs de type récit de vie afin de restituer les trajectoires d’engagement. En parallèle, j’ai effectué de l’observation participante au sein

de plusieurs comités locaux du parti à Istanbul afin d’analyser les pratiques militantes des femmes et leur façonnage institutionnel. Dans l’accès et le maintien sur mon terrain d’enquête au sein de la branche féminine de l’AKP, trois enjeux principaux peuvent être identifiés. Se pose d’abord la question

de l’approche de l’objet d’étude. Ma recherche porte sur le militantisme et l’engagement à la base du parti, au niveau des quartiers, dans une approche du politique « par le bas ». Or, le contexte fortement autoritaire et marqué par une méfiance envers les observateurs étrangers m’a forcée à aborder le parti « par le haut » afin d’obtenir les autorisations de la hiérarchie. Ensuite, la négociation de l’entrée sur le terrain a porté sur la présentation de mon identité et de mes objectifs (voir plus bas). Enfin, si l’entrée est une étape difficile, une des difficultés principales de cette enquête a été le maintien sur le terrain et le contrôle de ma recherche par l’institution partisane. On a souvent choisi pour moi les personnes que j’allais rencontrer, les lieux des entretiens, les éléments que j’allais pouvoir observer. Comment faire sens de ce contrôle et en faire un élément d’analyse ? Dans le cas d’un parti politique en contexte autoritaire, notamment, on peut observer une analogie entre le contrôle exercé sur le chercheur et le contrôle exercé sur les membres de l’institution par la hiérarchie (contrôle sur les discours, les corps, les pratiques).

Je présenterai en particulier les stratégies de « présentation de soi » que j’ai dû élaborer pour négocier la relation d’enquêtrice à enquêtée, notamment lors des entretiens. En particulier, j’expliquerai les avantages et les inconvénients inhérents à la position d’étrangère et la manière dont j’ai dû bricoler une identité de terrain afin « d’euphémiser les distances sociales » (Pinçon, Pinçon-Charlot, 1991) entre mes enquêtées et moi : comment se présenter aux enquêtées quand tout – opinions politiques, religion, mode de vie - nous oppose ? J’évoquerai ainsi les difficultés éthiques et pratiques à mentir sur son identité. Surtout, je détaillerai la manière dont on peut s’intégrer dans un collectif entièrement féminin : être soi-même une femme est une condition nécessaire mais non suffisante pour se faire accepter, et d’autres critères de confiance sont appliqués. Je soulignerai ainsi la nécessité d’observer, de comprendre et d’appliquer les codes de bienséance – et notamment de contrôle des corps, en particulier des corps des femmes – qui s’appliquent dans un milieu fortement normé.

« Devenir » une étudiante « catho-compatible » : quels risques méthodologiques et épistémologiques pour l’enquête ?

CHOUPEL Claire, IRISSO – Dauphine, PSL Sociohistoire et ethnographie d’une association catholique – L’association enquêtée a une place

particulière au sein des associations et mouvements de laïcs catholiques en France. Institutionnalisée par les pouvoirs publics depuis 1945 et à la tête d’un réseau de 300 associations locales en France, elle joue un rôle officiel de représentation des intérêts des familles catholiques. En plus d’une participation aux débats et aux lois sur la politique familiale (quotient et allocation familiales, lois de sécurité sociale etc.), cette légitimité et accès aux arènes politiques a permis aux militant·e·s de s’opposer au contrôle

de la fécondité (avortement et contraception), à la liberté conjugale (divorce, PACS, « mariage pour tous »), à la création d’un « grand service public de l’éducation » (projet de loi Savary, 1984) ainsi qu’aux lois de bioéthique. Contre les démarches d’ouverture initiées par les mouvements d’Action catholique c’est à restaurer « l’Église dans son statut traditionnel de guide de la Cité » (Portier, 2012) qu’ils travaillent.

Cette thèse propose une sociohistoire de l’association des années 1960 à aujourd’hui. Nous nous appuyons pour cela sur les archives privées du mouvement, celles des évêques de France et réalisons des entretiens avec les ancien·ne·s membres du mouvement. En parallèle nous menons une enquête ethnographique : observations de différentes manifestations publiques (assemblées générales annuelles, rencontres nationales des président·e·s, conférences etc.) et entretiens semi-directifs (principalement avec les membres du Bureau et du CA).

Une année de négociation pour gagner la confiance de militant·e·s catholiques – Rencontrer et se faire accepter par les membres de l’association a, dès les prémisses de l’enquête, suscité une réflexion relative à la présentation de soi. En effet, sociologue, féministe et ancienne étudiante du Master « Genre, Politique et Sexualité » de l’EHESS, j’ai fait le choix d’enquêter des acteurs qui, dans le cadre d’un conflit social et politique dans lequel moi-même et mes collègues sommes engagé·e·s, représentent des adversaires politiques. Ont donc été mis en évidence, lors des prises de contact, les attributs de jeune étudiante en science politique de Dauphine, anciennement scolarisée dans des établissements privés catholiques – principale ressource « catholique » à disposition. Ces données ont cependant été insuffisantes. Suite à la rencontre du délégué général en mars 2016, nos différents mails

de relance demeurent sans réponse. Puis en juillet, un autre acteur, le secrétaire général de l’association, explicite notre manque de ressources « catholiques » : pour les rassurer il faudrait que je témoigne de mon baptême, de ma participation à des mouvement de scoutisme, ou que j’obtienne une lettre de recommandation. Les portes de l’association ne s’ouvriront finalement qu’en mars 2017 suite à l’envoi, à notre initiative, d’un projet de thèse « catho-compatible ». La rédaction de cet écrit d’une dizaine de pages suit deux logiques. La première est de garantir le caractère non « politique » de notre travail en présentant les différentes étapes de notre projet scientifique : « objet d’étude », « protocole d’enquête », « apports de ce travail », « déontologie ». La deuxième stratégie consiste, pour gagner leur confiance, à mobiliser des références au dogme et à la doctrine catholique.

Les risques méthodologiques et épistémologiques d’un projet de thèse « catholique » – Notre communication se concentrera sur les enjeux de cette stratégie adaptative ; stratégie qui a nécessité de se socialiser au catholicisme « à distance » de l’association (lecture de « manuels », en histoire et Les risques méthodologiques et épistémologiques d’un projet de thèse « catholique » – Notre communication se concentrera sur les enjeux de cette stratégie adaptative ; stratégie qui a nécessité de se socialiser au catholicisme « à distance » de l’association (lecture de « manuels », en histoire et

Enquêter en camp disciplinaire : du silence aux malentendus. Le dilemme éthique d’une jeune chercheuse

DEVITA Eva, ISP Université Paris Nanterre Durant dix jours, il m’a été possible de mener des observations participantes au sein d’un « camp », un

séjour disciplinaire aux inspirations militaires à destination des « jeunes de quartiers ». Ce dernier est mis en place par une association que j’appellerai « Association Jeunes Citoyens » (AJC) dont le Président est un ancien parachutiste dans la réserve de l’armée de terre. Organisé dans des conditions matérielles élémentaires, le « camp » impose aux jeunes participants une proximité particulièrement élevée et des activités minutieusement réglementées : de la réalisation de travaux d’intérêt général à la participation aux cérémonies nationales.

Initialement, ma thèse porte sur les mouvements dits « conservateurs » et, plus spécifiquement, sur une déclinaison locale de « La Manif pour tous » dont le Président est le trésorier de l’AJC.

Je rencontre son dirigeant, particulièrement soutenu par l’institution ecclésiastique et les militants de « La Manif pour tous », au cours d’une de leurs activités. Me voyant distribuer des tracts au côté de ces derniers qui me présentent comme une « veilleuse », il pense que mon implication, au-delà de mon intérêt sociologique, est la manifestation d’une véritable adhésion idéologique. Je l’ai convaincu de cela de manière passive, mon silence ayant valeur de confirmation. Le Président de l’AJC me propose alors de me joindre au « camp » en tant qu’encadrante.

Hostile aux forces armées et à toute tentative d’enrôleme nt, je profite toutefois de ce malentendu pour mener l’enquête.

Si les relations nouées par le « jeu » des interconnaissances ne sont pas des négociations explicitement engagées par le chercheur, elles n’en sont pas moins des relations négociées « passivement » par celui- ci. En l’occurrence, cette négociation « passive » a eu un impact crucial sur la future relation d’enquête et a soulevé des interrogations d’ordre rhétorique et éthique. Le silence peut-il être considéré comme une véritable stratégie argumentative ? Comment se maintenir sur un terrain où l’on a laissé l’ ambiguïté s’instaurer et se prolonger ? Que peut-on laisser croire ? Ce sont autant de questions que je soulèverai et auxquelles j’essaierai d’apporter des éléments de réponse.