La mixité sociale : Un choix politique de la mairie

Les enjeux de la gestion des établissements scolaires au niveau de la commune 59

5.3. La mixité sociale : Un choix politique de la mairie

« Pensée à l’origine comme un outil de gestion et de répartition sur le territoire de l’offre, des moyens et des flux scolaires, les périmètres scolaires sont devenus au fil du temps la principale mesure censée garantir la mixité sociale à l’école » [Oberti, 2007]. Alors, comment les périmètres scolaires jouent-ils leur rôle d’outil de la mixité sociale à Lyon et Vaulx-en-Velin ? En général, la commune examine la taille des écoles, le nombre de classes qu’elles peuvent accueillir et le total d’élèves qu’elles peuvent accepter. En suite, elle détermine le territoire qui englobe ces écoles en fonction du nombre d’élèves dans ce territoire. Après, c’est un choix de la mairie de prendre en compte la mixité sociale dans les périmètres scolaires. Les territoires bougent d’une année sur l’autre car il y a beaucoup de constructions. La commune modifie donc un peu les périmètres en fonction du changement démographique.

5.3.1. Lyon : Périmètres scolaires sans mixité sociale

D’après le Directeur de l’Education de Lyon, la ville utilise très peu les périmètres scolaires dans un but social. « Jusqu’à maintenant, la mairie ne définit pas les périmètres en fonction de la mixité sociale et la mixité n’est pas encore l’objectif des périmètres scolaires », affirme-t-il. Par exemple, elle ne scolarise jamais des enfants du quartier des logements sociaux dans un autre quartier qui a moins de « difficultés » que l’autre. « C’est plutôt un choix politique. La ville de Lyon ne crée pas un débat politique sur les périmètres scolaires. Aujourd’hui il n’y a qu’un débat technique, par exemple sur le nombre d’enfants et la distance entre l’école et le domicile, afin de satisfaire les besoins des enfants », le Directeur explique pourquoi la mixité sociale ne devient pas un des éléments des périmètres scolaires dans la commune centrale. C’est vrai, pour la ville de Lyon, la mixité sociale à l’école n’est pas qu’une question politique, mais aussi un problème technique. Le Responsable du Service Travaux de la DE dit, « Les quartiers des logements sociaux ne sont pas bien répartis dans les villes. Par exemple, Vaulx-en-Velin est un gros ‘quartier’ des logements sociaux, mais en revanche, il y a certaines villes à l’ouest de Lyon qui n’ont pas du tout de logement social et à Lyon, il n’y en a que dans quatre quartiers » la proportion des HLM ne représente que 18 du total des résidences principales dans la ville. Les enjeux de la gestion des établissements scolaires au niveau de la commune 60 Même s’il y a de problème technique, la volonté politique de la mairie est la raison principale qu’il fait que les périmètres scolaires ne sont pas des outils de la mixité sociale. A Lyon, selon le Responsable du Service Travaux, « les périmètres existent pour uniquement affecter les enfants aux bons endroits, c’est tout. C’est un problème mathématique ». Sans ces outils, la commune aura des difficultés : il y aura des écoles trop pleines et des écoles pas assez remplie en raison de la liberté de choix des écoles publiques. Aussi les périmètres ont pour seul but de repartir les enfants de façon mathématique... Alors, comment, à Lyon, arrive-t-on à la mixité sociale à l’école ? « La ville arrive à la mixité sociale en mettant les logements sociaux ailleurs », selon le Responsable du Service Travaux. Ce que la mairie décide aujourd’hui est de démolir une partie des grands ensembles et de mettre des logements en copropriété logements privés dans le quartier. « La commune construite les logements sociaux partout dans la ville par petites unités de 20 à 50. Il n’y aura plus de gros logements sociaux de 2.000 à 3.000 pièces comme avant. La mixité sociale est créée par les logements, pas par les écoles », elle ajoute. Donc, il semble que la direction de l’éducation de Lyon « attend » que la mixité sociale arrive aux écoles lyonnaises en fonction de la planification des logements sociaux.

5.3.2. Vaulx-en-Velin : Mixité sociale dans une commune « difficile »

Si la mairie de Lyon, ville où il n’y a qu’une petite partie de logements sociaux, ne touche pas la mixité sociale dans les sectorisations de ses écoles, comment cela fonctionne-t-il à Vaulx-en-Velin, où 51 des résidences principales sont des HLM ? La Directrice de l’Education affirme, « Chaque école de Vaulx-en-Velin a son périmètre dont chacun prend déjà en compte la mixité sociale ». Par exemple, lorsque le premier logement a été construit dans le centre ville, deux choix s’offraient à la commune : soit de scolariser des enfants arrivant dans ces nouveaux bâtiments à l’école Makarenko au quartier Verchères, soit à l’école Mistral au centre ville. Quand la mairie a étudié quelle population était déjà représentée dans chacune des écoles, on a choisi de les scolariser à Makarenko pour améliorer les conditions de la mixité sociale. Elle affirme, « la décision a été prise du fait que dans les logements du centre ville, il y a pas mal d’accession à la propriété et dans les périmètres de Makarenko, il y a surtout des logements sociaux ». Par contre, avec le grossissement du centre ville qui a eu lieu après, selon la Directrice, la commune ne peut pas mettre tous les élèves à Makarenko parce qu’il n’y a plus de place. Donc il se pose une nouvelle question sur la répartition des élèves parmi les écoles Makarenko, Mistral et Lorca, Les enjeux de la gestion des établissements scolaires au niveau de la commune 61 trois écoles voisines. En plus, « il y a des programmes de logement qui vont amener les enfants à l’école Mistral, ce qui entraînera de gros programmes d’agrandissement et de réhabilitation des écoles », explique-t-elle. Un autre cas à Vaulx-en-Velin : il y a quelque temps la commune a considéré la possibilité de construire une école dans le centre ville parce qu’il y avait beaucoup de constructions dans le quartier. La décision politique qui a été prise était de ne pas construire une école dans le centre ville pour éviter justement, d’après la Directrice de l’Education, « une école de l’élite » parmi des écoles dans les périphéries…. Actuellement, d’un coté, la ville a un gros travail de prospective pour voir comment tous les quartiers vont évoluer et pour voir, école par école, s’il faut agrandir certaines écoles ou construire d’autres. Il a pour but de répondre tous les besoins de l’avenir avec l’arrivée d’une nouvelle population qui vient de s’installer à Vaulx-en-Velin. D’un autre, la mairie a déjà décidé qu’il n’y aura pas une école dans le centre ville parce que, d’après la Directrice, « il y a une crainte que cette école soit considérée comme pendant longtemps on a considéré des écoles du Village comme la ‘bonne’ école et puis les autres sont les ‘mauvaises’ écoles ». Elle ajoute, « C’est assez complexe, le problème des périmètres scolaires ; ils sont à la fois une discussion technique et politique ».

5.4. Les débats