Le lien au politique, marque d'une dépendance et signe d'une forme

1. Le lien au politique, marque d'une dépendance et signe d'une forme

de « propagande »

Il est frappant de constater qu'aucun média ne fait l'unanimité, aussi bien en termes positifs que négatifs. Les médias prokurdes, affiliés au PKK, sont d'un côté qualifiés de « propagande du PKK » et de source fiable de l'autre. L'AFP, qui alimente les médias francophones avec des dépêches sur la région, est d'un côté jugée parfaite et, de l'autre, considérée comme influencée par les politiques diplomatiques de la France et jouant le jeu du gouvernement turc.

Au sujet d’une agence comme Firat (ANF), la note est 1 ou 2 (sur 5, 5 étant fiable et 1 non fiable).

Abdulkhaliq, « La construction de l’identité nationale kurde dans la presse, au Kurdistan d’Irak, de 1991 à 2010 »., page 15.

Voir annexe page 85.

L’explication est lapidaire : « organe du PKK ». Selon Guillaume Perrier, correspondant du Monde en Turquie pendant une dizaine d’années, l'agence est « affiliée au PKK comme beaucoup de médias officiels. Certaines infos peuvent être intéressantes, ils ont une forte présence sur des terrains difficiles d'accès. Mais il faut savoir les lire ». Les notes seront globalement les mêmes pour les journaux Özgür Gündem, Azadiya Welat ou la chaîne Med Nuçe.

Globalement, les médias des Kurdes de Turquie ne sont pas pris au sérieux par les deux journalistes français. Pour ce qui est des médias du Kurdistan irakien, les désaccords apparaissent. Les deux journalistes qualifient un journal comme Xebat d'organe de propagande du PDK mais divergent sur le cas du groupe Rûdaw. Ce groupe récent, qui mêle télévision, radio, internet et journal papier, est en apparence le plus « moderne » des médias kurdes. Le site internet est complet et soigné et dispose de nombreuses rubriques régulièrement alimentées de nouveaux articles et vidéos. La qualité des vidéos est très bonne et le nombre de reportages publiés chaque jour conséquent. Il est par ailleurs très présent sur les réseaux sociaux.

Alors que Guillaume Perrier et Maxime Azadi considèrent que ce média, financé lui aussi par le gouvernement (PDK), est un organe de propagande, Allan Kaval lui concède au contraire une forme

de « professionnalisme » et décrit une propagande, certes, mais plus « subtile ». « Rûdaw reste la chaine la plus sérieuse, la plus internationalisée, elle a des

correspondants à l’étranger. Rûdaw a été voulu comme une sorte d’équivalent kurde d'Al Jazeera, il y avait cette volonté de créer une chaine moderne 134 .»

Le cas de Rûdaw illustre bien cette tension, surtout présente au Kurdistan irakien, entre le désir d'être crédible et les liens noués avec le politique. Côté crédibilité, Rûdaw est par exemple le concessionnaire du mensuel français Le Monde diplomatique pour le Kurdistan et deux journalistes ayant réalisé une enquête sur ce média racontent qu'il est très populaire au Kurdistan irakien 135 . Reste que les liens avec Nerchivan Barzani (Premier ministre, PDK) sont clairs et assumés : le chef du gouvernement finance ce média.