Exécution des marchés publics Conclusions et recommandations

113 L’évaluation des offres fait également apparaître des défaillances : la comparaison peut être biaisée car elle s’effectue entre prix unitaire et prix forfaitaire ; l’examen de certains éléments, comme les délais d’exécution, est parfois inexact ; ou encore l’évaluation néglige de lever des réserves ou de faire préciser certains points. La plupart des dépenses d’investissement de l’IPW dépasse le seuil fixé par le dispositif de délégation de signature 185 . La Cour a constaté que ces règles n’étaient pas toujours connues des agents et que certains marchés, qui relevaient de la compétence du ministre, ou du gouvernement, ont été attribués par l’administrateur général. Enfin, le pouvoir adjudicateur doit établir une décision motivée lorsqu’il attribue le marché et informer les soumissionnaires de la suite qui a été réservée à leurs offres. La Cour a relevé que la motivation n’est pas toujours pertinente, comporte des éléments incorrects ou erronés et que l’information des soumissionnaires s’avère parfois tardive ou non conforme à la loi.

5.4 Exécution des marchés publics

La notification de l’attribution de plusieurs marchés précède leur engagement comptable, en contravention avec une bonne pratique de comptabilité publique. Dans sa réponse, l’Institut signale qu’une note interne, diffusée à ses agents, rappelle, entre autres, que tout engagement juridique doit être précédé d’un engagement comptable. La Cour des comptes a relevé l’absence de procès-verbal de réception dans certains marchés publics. Cette lacune empêche notamment de s’assurer que les services prestés répondent aux conditions imposées par le marché et que le délai de livraison a été respecté. Le principe du service fait et accepté tel que prévu aux articles 8 de la loi et 4, § 2, des règles générales d’exécution des marchés publics n’a pas été respecté lors de l’exécution de quelques marchés de services. Par ailleurs, l’exécution de certains marchés publics s’avère problématique en raison du fait que l’IPW n’en a pas la pleine maîtrise. Il arrive en effet que l’exécution dépende d’intervenants extérieurs, tels que, par exemple, le ministère de la Communauté française ou une intercommunale, ce qui provoque des retards et augmente les coûts.

5.5 Conclusions et recommandations

L’Institut du patrimoine wallon n’établit pas de registre des marchés publics. Aucun manuel ne rassemble les procédures utilisées, qui, du reste, sont peu ou non formalisées. De même, il n’existe pas de documents types. La Cour des comptes a recommandé de tenir un registre informatique, qui reprendrait les informations importantes pour chaque marché public atteignant un certain seuil. Ce registre doit être conçu comme un outil de gestion, qui permettrait de déceler, par exemple, des limitations au principe de la mise en concurrence ou au respect du principe du forfait. L’IPW 185 Articles 3, § 2, et 4 de l’arrêté du gouvernement wallon du 6 mai 1999 définissant les règles relatives aux délégations accordées aux fonctionnaires dirigeants de l’Institut du patrimoine wallon. Article 3 de l’arrêté du gouvernement wallon du 27 mai 2004 réglant les modalités de contrôle de l’Inspection des finances à l’Institut du patrimoine wallon. 114 signale qu’à la suite de cette recommandation, un registre des marchés a été préparé et mis en service le 1 er octobre 2013. La décision de notifier le marché public intervient avant l’introduction du dossier à la comptabilité, ce qui pose la question du montant des crédits disponibles et crée le risque de reporter l’engagement comptable après l’engagement juridique. La Cour a recommandé de respecter la règle de bonne gestion comptable selon laquelle la notification de l’attribution des marchés doit toujours être postérieure à leur engagement comptable. Le service juridique de l’IPW jour un rôle primordial dans le contrôle interne car il lui incombe de valider le processus de passation des marchés publics. Or, d’une part, ce service ne comporte qu’un seul agent et, d’autre part, certains services ne le consultent pas systématiquement. Enfin, le service juridique est également chargé de former les nouveaux agents en matière de services publics, mais cette formation est insuffisante. La Cour a recommandé de déterminer un seuil au-delà duquel la consultation du service juridique serait obligatoire et, par ailleurs, d’investir dans la formation du personnel à la pratique des marchés publics, d’autant que la législation est en constante évolution. La Cour a relevé des irrégularités qui témoignent d’une application incorrecte de la réglementation des marchés publics : elle a ainsi noté des manquements au respect des principes de base de la réglementation, comme la mise en concurrence. Elle a rappelé que la consultation de la concurrence constitue un principe fondamental de la législation relative aux marchés publics et que seule l’hypothèse prévue à l’article 17, § 2, 1°, f, de la loi du 24 décembre 1993 peut être invoquée pour justifier l’impossibilité de consulter plusieurs soumissionnaires. En toute autre circonstance, il convient de consulter, si possible, au minimum trois compétiteurs. Pour assurer l’égalité de traitement des soumissionnaires, la Cour recommande de mettre en œuvre des procédures transparentes d’examen de la régularité et d’attribution des offres. Une attention particulière doit être apportée aux procédures négociées sans publicité, de même qu’à la rédaction des cahiers spéciaux des charges des marchés, notamment par l’utilisation de modèles régulièrement mis à jour selon les modifications de la législation. Il convient de veiller à l’application, partielle ou intégrale, du cahier général des charges en fonction des seuils mentionnés dans la réglementation, au besoin par la rédaction d’un manuel à l’intention des agents concernés. En matière d’exécution des marchés publics, les dispositions légales ne sont pas toujours respectées : absence de preuve de réception des prestations, paiement par avances, non-suivi des délais, etc. La Cour a recommandé de remédier à cette situation par la formalisation de procédures détaillant les actions attendues de chaque responsable aux différentes phases de l’exécution d’un marché public. Enfin, elle attire également l’attention sur la nécessité de respecter les délégations de signature lors de l’attribution des offres. 115 6 Défaillances du contrôle interne constatées lors du contrôle de comptes de comptable 186 À l’occasion du contrôle de deux comptes de comptable, la Cour a constaté certaines défaillances dans le contrôle interne : d’une part, des avantages en nature étaient accordés à des fonctionnaires à la charge de fonds versés par l’Union européenne, sur la base d’un règlement adopté par un fonctionnaire général qui bénéficiait lui-même de ces avantages, et, d’autre part, un compte bancaire avait été utilisé pour financer des dépenses en dehors des procédures réglementaires d’engagement et d’ordonnancement. Par lettres du 15 janvier 2013 adressées au ministre-président et au ministre du Budget, des Finances, de l’Emploi, de la Formation et des Sports, la Cour des comptes a signalé qu’à l’occasion du contrôle des comptes rendus par le receveur général du service public de Wallonie SPW pour l’exercice 2011, elle avait relevé des achats 187 de vêtements au bénéfice de cinq fonctionnaires à partir du compte bénéficiaire des fonds versés par l’Union européenne dans le cadre du programme ERA-NET. Elle a constaté que ces achats avaient été effectués sur la base d’un règlement signé par un fonctionnaire général qui bénéficiait lui-même de ces avantages. Ce règlement aurait dû être approuvé par une autorité supérieure, sinon par le gouvernement. Le ministre-président et le ministre du Budget ont pris acte de l’observation de la Cour par lettres du 1 er février et du 1 er mars 2013 et annoncé qu’ils demandaient à leurs services de prendre les mesures nécessaires. Par ailleurs, lors du contrôle du compte de la direction de l’archéologie, la Cour des comptes a observé que le compte ouvert pour recevoir les participations aux colloques organisés par cette direction a été crédité, le 25 mai 2010, d’un montant de 3.453,93 euros, viré au départ d’un compte intitulé Colloques archéologie à Bruxelles et portant comme communication Clôture. Par lettre du 14 septembre 2010 adressée au vice-président et ministre du Budget, des Finances, de l’Emploi, de la Formation et des Sports, la Cour a demandé l’origine des montants virés depuis ce compte bancaire, les activités officielles de son titulaire et son lien avec le SPW. Après l’échange de plusieurs courriers, l’administration a répondu, le 8 août 2013, que ce compte avait été ouvert à l’initiative personnelle d’un fonctionnaire et qu’il permettait de percevoir, de la part de personnes extérieures, des frais d’inscription à des colloques et de payer certaines dépenses afférentes à leur organisation en dehors des procédures normales d’engagement et d’ordonnancement. Dès qu’elle a eu connaissance des faits, l’administration a mis fin à cette pratique et ordonné de clôturer le compte et de verser son solde sur un compte de recettes du SPW. 186 Drs 3.697.477 et 3.615.762. 187 Ces achats se sont élevés à 2.570 euros en 2011 et à 7.660 euros en 2012 situation arrêtée au début décembre 2012. 116 7 Récupération des traitements indûment versés par la province de Hainaut – Audit de suivi 188 La Cour des comptes a effectué un audit de suivi des remarques et des recommandations qu’elle avait formulées en 2010, au terme de son contrôle de la récupération des traitements indûment versés par la province de Hainaut. Elle a constaté que, même si l’arriéré des rémunérations indues non réclamées a été résorbé, son recouvrement pose de nombreux problèmes. Les traitements payés indûment chaque mois restent nombreux et représentent des sommes conséquentes. Ils exposent les services du directeur financier de la province à d’importantes surcharges de travail. La province n’a pas mis en œuvre les principales recommandations de la Cour, visant à réduire le nombre de traitements indus, comme le paiement des rémunérations à terme échu qui permettrait d’atteindre au mieux cet objectif. Le collège de la province s’est engagé à l’avenir à donner suite à ces recommandations pour autant que les conditions de leur mise en œuvre soient réunies.

7.1 Introduction