Modalités du contrôle

94 plus véniels comme une distraction ou une erreur de détail aux plus graves comme une tromperie intentionnelle ».

3.7.3 Modalités du contrôle

Selon la circulaire du 20 juillet 2011, toute décision de mise en œuvre du principe de confiance doit être subordonnée à une analyse de sa faisabilité, en particulier sur le plan financier. À niveau de maîtrise des risques donné, l’application du principe de confiance ne peut en effet conduire à un accroissement du coût du contrôle pour l’administration. Indépendamment des gains réalisés par les usagers en termes de réduction des charges administratives, il convient, par conséquent, de mettre en balance les coûts résultant de la mise sur pied d’un contrôle a posteriori, avec les bénéfices qu’il génèrera en termes de maîtrise des risques. Suite à l’introduction du principe de confiance, le métier des agents administratifs chargés du contrôle va nécessairement évoluer vers la réalisation de contrôles sur place inspections, dont la sélection s’effectuera sur la base d’une analyse de risques, ce qui nécessite la mise à disposition de ressources suffisantes en quantité et qualité, c’est-à-dire suffisamment formées. Cet aspect est pris en considération par la circulaire, selon laquelle « le passage d’un contrôle a priori systématique, à un contrôle a posteriori, souvent réalisé par échantillonnage mais de manière plus profonde ainsi que chez l’usager, peut demander des ressources supplémentaires ou des compétences dont l’administration ne dispose pas aujourd’hui. En termes de ressources humaines, l’administration devra donc se poser la question de savoir si elle dispose d’assez de ressources humaines et si celles-ci disposent des compétences nécessaires. Le cas échéant, des formations pourront être prévues pour accompagner le changement de procédure. D’un point de vue matériel, outre la problématique de la logistique nécessaire pour que les agents puissent réaliser des contrôles de site, les processus de simplification administrative dépendent généralement de systèmes informatiques leur permettant de dématérialiser les processus. » La circulaire souligne également que « dans ce cadre, et bien que cela ne soit pas propre à l’application du principe de confiance, il faudra veiller à ce que les systèmes soient mis en place avant le changement de procédure ». Selon les informations dont la Cour dispose 167 , il apparaît toutefois que la mise en œuvre du principe de confiance ait débuté sans que les modalités concrètes des contrôles de substitution ne soient correctement anticipées, ni qu’une analyse coût-avantages ne soit effectuée pour s’assurer de la pertinence, au point de vue de l’administration, de leur mise en place. Un consultant a élaboré une méthode de « mesure des coûts et des gains résultant de l’application du principe de confiance » 168 . Selon cette méthode, les coûts de la situation optimisée, c’est-à-dire après application du principe de confiance, correspondent aux « coûts encourus par les usagers et les administrations compétentes une fois que les pièces justificatives ont été supprimées, et éventuellement remplacées par exemple par une déclaration sur l’honneur, l’utilisation des sources authentiques, etc. ». La Cour relève que les coûts inhérents à la mise en œuvre du principe de confiance résulteront également, sinon principalement, des contrôles de remplacement. Il est évident que cette analyse devrait alimenter le processus de décision quant à 167 À titre d’exemple, l’analyse de faisabilité menée sur certains dispositifs pilotes n’envisage que la possibilité de supprimer le contrôle a priori, autrement dit la possibilité de modifier la réglementation en vigueur pour commuter l’obligation de produire des pièces ex ante en une déclaration sur l’honneur. Le volet ex post du contrôle n’est pas concrètement envisagé dans les documents consultés. 168 La méthode utilisée est similaire à celle du Standard Cost Model SCM, mais s’en distingue notamment par le fait qu’il s’agit ici de mesurer les coûts et gains qui incombent non seulement aux usagers mais également aux administrations. 95 l’application du principe de confiance, et donc venir à l’appui de l’évaluation dont question ci-avant, et non être effectuée ultérieurement en vue de légitimer une décision déjà adoptée. Par ailleurs, l’avant-projet de décret précité soulignait également que des analyses discriminantes menées sur la base des caractéristiques des usagers pourraient guider le choix des contrôles à opérer : « une autre forme de contrôle, complémentaire au contrôle a posteriori, repose sur un agrégat d’informations en possession de l’administration au moment du dépôt de la demande de l’usager et qui permet de se faire une idée du niveau de maturité du demandeur et de la vraisemblance de la demande ». Selon les informations dont la Cour des comptes dispose, l’administration ne pratique pas encore ce type d’analyse. Le risque d’une mise en œuvre hâtive du principe de confiance est d’autant plus important que la circulaire précitée laisse de nouveau transparaître un parti pris favorable quant à son application. La circulaire fournit, à titre indicatif, un arbre de décisions établi sur la base des résultats obtenus sur les trois axes « opportunité », « risques » et « faisabilité ». Dans certains cas, l’examen de la faisabilité est considéré comme facultatif par la circulaire, au motif que « la faisabilité n’est plus qu’une question de moyens à mettre en œuvre » 169 . Le plan de simplification administrative et e-gouvernement 2010-2014 prévoit en effet de repenser le contrôle et de « lui donner plus de moyens ». La circulaire stipule également que le changement de procédures la suppression des pièces ne peut intervenir qu’une fois que les contrôles de substitution seront opérationnels. Les moyens précités doivent donc être dégagés avant d’apporter des modifications aux modalités du contrôle.

3.8 Conclusions