Agrément Calcul de la subvention

84 Un ou plusieurs de ces problèmes ont été constatés lors de différents contrôles : à l’occasion de l’audit réalisé à l’AWIPH, de celui consacré aux centres de planning familial et de celui sur le subventionnement régional des investissements communaux. Compte tenu de ses observations, la Cour des comptes avait, dans le premier cas, recommandé de développer, sur la base d’une analyse fonctionnelle, une application informatique garantissant la sécurité et la fiabilité du calcul des subventions et préconisé d’améliorer le contrôle interne ou encore de prévenir le risque d’une rupture de service source 42. Dans le second cas, elle avait estimé que l’administration devrait motiver et documenter les décisions prises, en vue d’établir une jurisprudence permettant de traiter toutes les situations de manière uniforme source 43. Dans le dernier cas, elle avait recommandé de créer un guichet administratif unique, véritable outil de gestion au profit des différents utilisateurs source 37. Pour rationaliser les processus, la Cour des comptes recommande de rédiger et d’adresser aux autorités subventionnantes wallonnes des directives communes, qui rappellent la législation en vigueur et encadrent chaque étape du processus de subventionnement, éventuellement sous la forme d’un vade-mecum, comme c’est déjà le cas en matière de marchés publics. Par ailleurs, pour des raisons d’efficience et de simplification, la Cour des comptes recommande de standardiser au maximum les processus de subventionnement mis en œuvre par les autorités wallonnes en vue d’une informatisation plus aisée et afin d’améliorer la transparence pour les personnes ou autorités subsidiées. La Région wallonne, consciente de ces problèmes, a la volonté de mettre en œuvre, à l’initiative du commissariat Easi-wal, des processus génériques, afin de limiter au maximum les divergences de mise en pratique qui compliquent la vie de l’usager wallon. Le site internet de la Région définit ces processus 154 . En matière de subventions, deux processus génériques sont à relever : « allouer » et « contrôler ». La Cour salue cette initiative mais remarque qu’elle n’en n’a pas encore perçu les réalisations concrètes durant ses audits.

3.5 Octroi des subventions

3.5.1 Agrément

Dans le cas des subventions réglementées, il n’est pas rare que les bénéficiaires soient soumis à une obligation préalable d’agrément. En général, cet agrément ouvre les droits au subventionnement et en détermine les montants maxima. Les conditions d’agrément doivent être suffisamment précises pour ne pas donner lieu à interprétation et, dès lors, à un risque de discrimination. Parfois, il existe plusieurs catégories d’agrément, lesquelles déterminent le montant des subventions qui y sont liées. L’arrêté d’agrément fixe la catégorie pour laquelle l’allocataire est agréé en fonction de ses activités. Tout changement de catégorie doit faire l’objet d’une modification de l’arrêté d’agrément. 154 http:plone.easi.wallonie.beProcessusGeneriques. 85 Dans le cas des centres de planning familial, la Cour a constaté que le contrôle des activités donnant lieu à l’établissement de la catégorie, et donc du niveau d’agrément, se basait sur des éléments essentiellement déclaratifs. Le risque existait alors que l’allocataire favorise les activités les mieux subventionnées au détriment des autres. Dans la pratique, les contrôles administratifs étaient lourds et peu efficaces et n’aboutissaient jamais à une rétrogradation de catégorie source 43. Dans un autre cas, sept projets spécifiques avaient été subventionnés sans base légale, car les conventions d’agrément n’avaient pas été signées à temps source 46.

3.5.2 Calcul de la subvention

Dans deux audits, la Cour avait relevé la complexité du mode de calcul de la subvention, ce qui empêchait les bénéficiaires de vérifier l’exactitude du montant qui leur était versé. Dans le cas de l’AWIPH, la Cour avait observé que le calcul des subventions utilisait quelque 544 paramètres différents. Par ailleurs, le calcul de la subvention forfaitaire annuelle était aussi relativement lourd : il s’effectuait en deux étapes et était basé sur une ancienneté pécuniaire théorique de dix années minimum, qu’il convenait de corriger ensuite au cas par cas. La Cour avait recommandé de l’alléger en supprimant ce niveau minimal d’ancienneté pécuniaire de dix ans. Enfin, un système d’atténuation des conséquences d’un changement de catégorie avait été mis en œuvre afin de ne pas confronter les services subventionnés à des adaptations trop brusques, notamment en matière de personnel employé. La Cour écrivait cependant : « … l’octroi systématique du montant théorique de la subvention devrait être privilégié. Près de 90 des services ayant une ancienneté pécuniaire supérieure à dix ans, soit 223 services, ont perçu ce montant théorique en 2010. Les 10 restants maintiennent, parfois durant plusieurs années, un niveau de subventions que leur situation réelle ne justifie plus. S’il est concevable d’atténuer, temporairement et dans certaines limites, les effets de modifications intervenues dans le nombre et les caractéristiques des personnes prises en charge, par contre l’octroi d’avantages excessifs et durables se révèle problématique. » source 42 Lors de l’audit sur les centres de planning familial, la Cour avait remarqué que la législation était complexe, manquait de clarté et contenait même des contradictions. Il en était résulté la mise en place d’une véritable ingéniérie comptable sous la forme d’un système de basculements entre les diverses subventions : basculement des dépenses du personnel salarié sur la subvention du personnel indépendant, basculement des dépenses du personnel indépendant sur la subvention de fonctionnement et basculement des dépenses de personnel salarié sur la subvention de fonctionnement. La Cour écrivait à ce propos : « Le système de basculement se révèle très complexe et relativement opaque. Cette situation nuit à la traçabilité de la prise en charge des différents types de dépenses. Bien que l’affectation effective des subventions après opérations de basculement soit notifiée aux centres, il est extrêmement difficile, sur cette base, de retracer le cheminement des mouvements de dépenses entre les différentes enveloppes. » Par ailleurs, la Cour avait écrit à propos de ce personnel qualifié de « hors cadre » qu’« en autorisant l’imputation, sur la subvention de fonctionnement, de « toute dépense supportée par le centre », y compris des dépenses de personnel « pour lequel aucune qualification n’est requise », cette disposition organisait le financement, par la Région, d’un personnel affecté à d’autres tâches que celles découlant des missions prévues par le décret. Étant donné que les centres peuvent dépendre de pouvoirs organisateurs réalisant d’autres activités éventuellement subventionnées, cette situation créait un risque de multisubventionnement de certains membres du personnel. » source 43 86

3.5.3 Arrêtés d’octroi