Aides octroyées à un bénéficiaire unique

60 Les deux premières considérations sont générales et ne justifient pas la décision, même si elles sont exactes factuellement. La troisième consiste en une clause générale formulée dans chaque cas, en des termes stéréotypés : elle ne peut donc être considérée comme une motivation claire, complète, précise et propre aux circonstances de l’espèce telle que la jurisprudence du Conseil d’État l’impose 104 . Quant à la référence faite à l’avis du jury, elle est sans portée dès lors que rien n’est connu de ces avis, ni leur date, ni leur motivation, ni les critères sur lesquels ils sont fondés. Si la jurisprudence du Conseil d’état admet la motivation par référence, encore faut-il que l’acte auquel il est fait référence soit identifié et que cet avis soit reproduit dans lacte ou qu’il y soit annexé 105 . Les décisions d’octroi des aides manquent dès lors de transparence. L’absence de motivation formelle adéquate ne permet pas d’assurer qu’elles résultent d’une analyse cohérente et impartiale garantissant l’égalité de traitement des bénéficiaires. Le risque existe que les critères utilisés pour accepter les projets ou les hiérarchiser ne soient pas appliqués de façon homogène. Au surplus, ces manquements soulèvent la question de savoir si les avis du jury sont traduits adéquatement par le gouvernement lorsqu’il décide de subventionner un PIT par un arrêté spécifique. Cette interrogation découle de l’examen des décisions du gouvernement de labelliser les différents projets de recherche alors que, pour certains d’entre eux, les avis de ce jury sont parfois assortis de réserves ou de commentaires.

1.2.2 Aides octroyées à un bénéficiaire unique

Le même commentaire quant à l’absence de motivation formelle adéquate s’applique aux décisions individuelles d’octroi d’aides accordées à des entreprises. Voici deux exemples de motivation en fait :  premier arrêté : « Considérant que la demande de subvention introduite par … vise à faciliter la mise en œuvre dun projet de recherche relatif à la recherche et à la validation de composants et matériaux pour applications spatiales; Considérant que ce projet a pour but lacquisition de connaissances requises pour élaborer des méthodes ou moyens nouveaux qui permettront, dans une phase ultérieure, le développement de produits, procédés ou de services nouveaux ou fortement améliorés. »  deuxième arrêté : « Considérant que la demande davance remboursable introduite par la société … vise à faciliter la mise en œuvre dun projet de recherche relatif au projet … phase III; Considérant que la nature de ce projet consiste en la recherche ou la mise au point de prototypes, de produits nouveaux ou de procédés nouveaux de fabrication, appelées à être principalement mis en œuvre en Région wallonne et à donner lieu a une exploitation industrielle ou commerciale rentable. » 104 Cf. l’arrêt n° 221.690 du Conseil d’État. 105 Cf. l’arrêt n° 137.674 du Conseil d’État. 61 L’administration a analysé les demandes d’aide correspondantes et élaboré, pour chacune, une note de synthèse 106 . Elle a ensuite présenté ces notes au collège visé par l’article 57 de l’arrêté du gouvernement wallon du 18 septembre 2008. Après examen, le collège a émis des avis favorables 107 ; il n’a cependant rédigé aucun procès-verbal, ni motivé ses décisions. Les avis de ce collège ne constituent pas des actes créateurs de droits et ne sont donc pas intrinsèquement soumis à l’obligation de motivation formelle fixée par la loi du 29 juillet 1991 précitée. Il en est de même des notes de synthèse élaborées par l’administration et présentées au collège, qui figurent au dossier administratif de la direction des projets de recherche. Par contre, les arrêtés ministériels octroyant les aides subvention dans le premier cas, avance récupérable dans le second sont des actes soumis à la loi du 29 juillet 1991 relative à la motivation formelle des actes administratifs. Or, il n’est fait aucune mention ni des avis du collège ni des notes de synthèse dans la motivation des arrêtés. Dès lors, comme pour les PIT, l’absence de motivation formelle adéquate de ces décisions ne contribue pas à leur transparence et ne permet pas d’assurer qu’elles résultent d’une analyse cohérente et impartiale garantissant l’égalité de traitement des bénéficiaires.

1.3 Dossier spécifique