Contrôles administratifs Contrôle

87 L’arrêté d’octroi doit énoncer de manière précise et exhaustive les justificatifs que le bénéficiaire de la subvention doit fournir ainsi que les délais dans lesquels ils doivent être communiqués.

3.6.1 Contrôles administratifs

Pour être efficaces, les contrôles administratifs doivent être réalisés par du personnel compétent et porter sur un échantillon suffisamment représentatif. Les différents services contrôleurs doivent avoir une approche coordonnée, afin de garantir l’égalité de traitement des allocataires des subventions. Lorsque des justificatifs prévus ne sont pas fournis, il faut appliquer les sanctions prévues par la réglementation et récupérer la part non justifiée. C’est ici qu’apparaît l’importance d’arrêtés d’octroi clairs, complets et pris en temps utile : à défaut, le contrôle en est rendu difficile, voire impossible. Dans le cas de la gestion durable de l’azote en agriculture, les contrôles n’étaient ni efficients ni efficaces. Ainsi, pour le contrôle du taux d’azote potentiellement lessivable, qui permet de juger du suivi par l’exploitant des bonnes pratiques agricoles en matière d’épandage en zone vulnérable 157 , seules 3 des exploitations étaient contrôlées. Il s’agit pourtant de l’un des dispositifs de contrôle permettant d’assurer l’efficacité et la crédibilité du programme de gestion durable de l’azote. Le gouvernement s’était engagé, à l’époque, à porter ce taux à 5 . Dans le même audit, la Cour des comptes avait constaté que les contrôles a posteriori réalisés par la direction des contrôles étaient limités aux aides à l’investissement cofinancées ; ils ne portaient donc pas sur les aides visant la mise en conformité des infrastructures de stockage des effluents d’élevage, qui n’avaient pas été cofinancées. Par ailleurs, ces contrôles ne portaient pas sur le maintien de l’affectation de l’investissement subsidié source 2. Dans le cas du Commissariat général au tourisme, la Cour a relevé qu’il n’y avait pas de contrôle systématique du maintien de l’affectation touristique de l’équipement pendant 15 ans après l’octroi de la subvention, comme la réglementation l’exige sous peine de devoir rembourser la subvention source 49. L’audit sur le subventionnement des investissements communaux avait révélé l’absence d’un inventaire précis des subventions ainsi que l’absence de normes communes aux différents services concernés pour le contrôle des subventions. Cela génère un cloisonnement du travail des services de contrôle source 37. Lors de l’audit du FOREM, la Cour des comptes a constaté que le contrôle des déclarations justificatives de l’utilisation des points APE était lacunaire. Elle écrivait à ce propos : « En ce qui concerne les secteurs marchand et non marchand, le contrôle des déclarations justificatives de l’utilisation des aides APE n’a pas encore commencé, deux ans après le constat de risque élevé d’indu souligné par la Cour des comptes. La charge administrative supplémentaire qu’engendre cette mission est réelle, d’autant que des rappels doivent encore être adressés à plusieurs employeurs, surtout dans le secteur marchand, et que la situation de plusieurs employeurs du secteur non marchand ne pourra être connue avec précision qu’après l’intervention de l’administration wallonne en cas de cofinancements des charges salariales. Vu le temps qu’exigent les tâches de contrôle, la Cour recommande d’intégrer ces vérifications dans la procédure de calcul des subventions et dexaminer si les informations relatives à certains composants du coût salarial des travailleurs APE ne pourraient pas être transmises 157 Le respect d’un taux maximal est un critère de conditionnalité de la subvention. Son non-respect peut conduire à une réduction des aides accordées à l’exploitant. Ce contrôle est opéré pour l’ensemble des exploitants qui bénéficient de certaines aides européennes. 88 directement par l’ONSS au FOREM, via la Banque carrefour de la sécurité sociale. Cette solution serait la plus efficiente, dans la mesure où les employeurs ne devraient plus être mis à contribution. » source 9. La Cour des comptes avait également constaté l’insuffisance des contrôles lors de l’audit sur les aides à la promotion de l’emploi source 10. La Cour des comptes a encore noté la faiblesse du contrôle lors de l’analyse du programme Nature, forêts, chasse, pêche. Elle écrivait à ce propos : « En ce qui concerne loctroi et lutilisation de subventions, la faiblesse du contrôle interne se manifeste par : – le retard de la notification de la subvention par rapport à la date de la prise de cours du subside et, partant, la prise en compte de dépenses effectuées en dehors de la période de subventionnement ; – labsence dapprobation, par le fonctionnaire dirigeant et le comité daccompagnement, de modifications relatives aux délai et budget de certains projets ; – labsence de contrôle du respect par les bénéficiaires de subsides de la législation sur les marchés publics ; – le non- respect du principe de spécialité budgétaire lors de limputation dune subvention au profit [d’une] administration communale, afin dacquérir trois immeubles expropriés menacés par des chutes de pierres. » source 25 Dans le cas des aides au secteur agricole, l’exactitude des déclarations de dépenses n’était pas aisément vérifiable car les aides wallonnes n’étaient pas contrôlées source 1. Lors de son premier audit sur la question, la Cour des comptes avait pourtant déjà recommandé de contrôler les risques de paiements indus grâce à un système informatique efficace source 3. Durant son audit sur le subventionnement des centres de planning familial, la Cour des comptes a relevé que les contrôles étaient peu efficaces et peu efficients : de nombreux contrôles étaient ainsi réalisés uniquement sur la base d’informations purement déclaratives. Par ailleurs, aucune sanction n’était appliquée aux centres en défaut de produire leurs comptes. Les contrôles étaient plus conçus comme une action de conseil que comme une vérification des justificatifs, alors que ces deux rôles doivent être bien distingués source 43. Dans le cas des services d’aide aux familles, la Cour a constaté que les contrôles se basaient uniquement sur les données transmises par les services eux-mêmes. En raison de la structure complexe de certains centres, la tenue d’une comptabilité détaillée s’avérait nécessaire. La question du contrôle des comptes se posait donc, ainsi que celle de la constitution, pour ce faire, d’un service d’audit comptable source 47. En ce qui concerne les aides financées par le Fonds énergie, les critères d’éligibilité n’étaient pas vérifiés dans 90 des cas. L’administration invoquait à cet égard un manque de personnel source 22. Quant aux comptes de l’IFAPME, la Cour a relevé l’insuffisance des procédures de contrôle pour s’assurer de la fiabilité des données transmises par les centres de formation source 12. En matière de restauration des monuments classés, le respect de la législation des marchés publics par les bénéficiaires des subventions était insuffisamment contrôlé. Cette obligation imposée aux bénéficiaires était pourtant mentionnée dans les arrêtés d’octroi source 33. De même, en ce qui concerne le programme 02 Gestion de l’espace rural, la Cour a constaté le manque de documents permettant de s’assurer que les marchés conclus grâce aux subventions l’ont été dans le respect des règles propres aux marchés publics source 7. Dans le cas de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité, les justificatifs présentés par les bénéficiaires des subventions étaient parfois insuffisants source 4. En matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme, le contrôle de l’emploi des subventions laissait également à désirer source 38. 89 Dans le cadre d’un contrôle des comptes du Fonds piscicole de Wallonie, la Cour des comptes a relevé que, lorsque l’arrêté d’octroi prévoit que les originaux doivent être produits, le contrôle ne peut se baser sur des copies. Les dispositions des arrêtés d’octroi sont en effet de stricte application. Par ailleurs, travailler sur la base de copies laisse subsister un risque de sur- ou multisubventionnement source 23. Lors du contrôle du programme 02 Service de la présidence et chancellerie, la Cour a relevé l’absence de nombreuses pièces justificatives. Les conditions d’octroi n’étaient pas toujours respectées et le contrôle était assuré par le cabinet plutôt que par l’administration source 51. Durant son audit sur l’archéologie en Région wallonne, la Cour avait constaté que le contrôle des justificatifs des subventions était faible et que le contrôle comptable était inexistant. Le solde de nombreuses subventions était liquidé, alors que les justificatifs produits n’étaient pas probants. La Cour avait encore relevé un risque de conflit d’intérêt, car, durant la période de référence de son audit, des fonctionnaires régionaux avaient été membres des organes exécutifs de certains allocataires de subventions source 35. Lors du bilan financier des aérodromes régionaux wallons, la Cour avait constaté le défaut de contrôle des subventions en raison de pièces justificatives non pertinentes source 20. Le contrôle du programmes 05 de la division organique 13 Ressources naturelles et environnement a également mis en évidence un contrôle déficient. Les arrêtés d’octroi étaient mal rédigés et ne mentionnaient pas les pièces justificatives probantes à fournir source 30. Des lacunes dans le contrôle ont encore été relevées dans de nombreux autres cas sources 6, 8, 13, 21, 26, 28, 29, 34, 40, 41, 50, 52, 53.

3.6.2 Inspection sur place