Vérifications administratives 04.Part I French 170e 25e c obs r w

75 de Madame la Ministre en vue de préciser certaines définitions et notions. La notion de travail de groupe n’est pas définie et dès lors un groupe peut effectivement comporter un nombre très réduit de personnes. » Par ailleurs, pour la période examinée 141 , la pratique administrative ne s’appuie sur aucun manuel de contrôle des subventions, qu’il s’agisse de subventions réglementées ou facultatives. En outre, les conditions d’éligibilité des dépenses ne sont pas uniformément reprises dans les circulaires ou les arrêtés d’octroi. Cette situation peut être source d’interprétations divergentes et, en conséquence, d’inégalité de traitement. L’administration indique qu’un manuel sera élaboré à partir de l’automne 2013. Enfin, la Cour des comptes a observé, dans son échantillon, la prise en considération, par l’administration, d’une pièce justificative qui ne se rapportait pas à la période couverte par la subvention 142 .

2.6 Vérifications administratives

La gestion administrative du dossier de subvention devrait idéalement s’opérer en synergie avec un service d’inspection intervenant sur la base d’analyses de risques. Les résultats des inspections devraient être communiqués en temps utile pour permettre à l’administration de s’assurer de la réalité des prestations réalisées, notamment en vue du versement du solde des subventions. Aucune articulation systématique de ce type n’a pu être identifiée dans l’échantillon. Dans les secteurs où elle existe, l’inspection travaille en silo, poursuivant un objectif parfois purement quantitatif qui lui est propre ou en décalage temporel marqué avec les tâches de gestion administrative. Les résultats de l’inspection ne sont pas systématiquement communiqués au responsable administratif en temps utile, à savoir avant la liquidation du solde de la subvention. À titre d’exemple, le nombre de dossiers ouverts dans les services de médiation de dettes ou le taux d’occupation dans les maisons d’accueil constituent les éléments déterminant l’estimation du montant de la subvention allouée 143 . La liquidation du solde de ces subventions doit donc se fonder sur des données réelles et actualisées. Dans l’échantillon, la Cour des comptes a constaté que l’administration ne disposait pas systématiquement des résultats d’inspections ou de contrôles sur place permettant de valider la réalité des déclarations effectuées par les opérateurs subsidiés avant la liquidation du solde de la subvention. Au mieux, la vérification de ces données réelles ne s’effectue qu’avec un décalage dans le temps. À cet égard, l’administration rappelle, par exemple, que « les taux d’occupation en maison d’accueil et en maison de vie communautaire ne sont pas déterminants pour la fixation du montant de la subvention mais bien pour la détermination du personnel d’encadrement, la fixation du taux de personnel d’encadrement ne pouvant être revue qu’après constatation de deux années consécutives au moins d’un taux d’occupation moyen insuffisant. L’inspection ne pourrait fournir que des informations instantanées. » 141 L’administration précise qu’un manuel des subventions facultatives avait pourtant été rédigé sous le mandat du ministre des Affaires sociales et de la Santé mais que, depuis lors, des circulaires adressées aux opérateurs ont pris le relais. 142 Il s’agit d’une prime d’assurance accident du travail pour la période 2011 admise en justification pour la subvention de 2012. 143 70 euros par dossier ouvert –article 19 de l’arrêté du gouvernement wallon du 1 er mars 2007. 76 La Cour estime que la réalité de ces informations doit être vérifiée afin de valider la réalité des déclarations effectuées par les entités subsidiées ainsi que la réalité des justifications de dépenses fournies. Pour les maisons d’accueil, la vérification des données utilisées à l’appui du calcul de la subvention ne se fait pas en lien avec un tableau de bord des inspections réalisées ou à mener. La Cour des comptes a déjà amplement abordé les faiblesses d’organisation de l’inspection dans le cadre de l’audit relatif à L’organisation de l’inspection au sein de la direction générale opérationnelle des Pouvoirs locaux, de l’Action sociale et de la Santé publié dans son 21 e cahier d’observations adressé au Parlement wallon en 2009 144 . L’échantillon d’opérations d’ordonnancement imputées sur l’année budgétaire 2012 dénote la récurrence des manquements relevés à l’époque. À ce propos, l’administration rappelle les travaux actuellement en cours en vue de réformer l’inspection, lesquels ont d’abord été axés sur deux secteurs pilotes et seront étendus progressivement à d’autres secteurs. « L’administration est consciente de ses forces et faiblesses : elle est consciente des efforts déjà consentis, en cours et à venir, compte tenu de la situation de départ, ce qu’elle traduit dans divers documents internes et qu’il faut maintenant transcrire dans des documents publiables. Ces changements sont, en outre, à accompagner aussi bien pour les agents concernés que pour les acteurs de terrain confrontés à de nouvelles méthodes, tous partagent des craintes. Dans ce contexte, toute recommandation ou remarque de la Cour des comptes est saisie comme une opportunité. » Les subventions aux Espaces rencontres échappent aussi totalement à l’inspection. Le contrôle de la réalité ne peut donc que se réduire aux aspects strictement formels. La Cour des comptes a relevé une situation identique pour l’opération traitant de la subvention d’un opérateur, d’une part, comme centre de planning familial et de consultations conjugales et, d’autre part, comme Espace rencontres 145 . La clé de répartition reproduite sur les pièces justificatives n’a pu être explicitée par l’agent traitant et n’a pas fait l’objet d’un accord préalable de l’administration. Sans contrôle a priori ou a posteriori de cette clé, appliquée par l’opérateur sur ses pièces justificatives, la prise en charge des dépenses ne repose pas sur une base de calcul objectivée. En l’espèce, le pourcentage des dépenses acceptées sans contrôle par l’administration est de 36,2 . Une instance de supervision, avec sa garantie du double regard, fait défaut dans le cas des subventions aux services de médiation de dettes et des subventions aux services d’insertion sociale, en l’absence d’échelon hiérarchique intermédiaire entre l’agent traitant et son inspection générale. En effet, dans ces deux cas, la fonction de directeur n’est plus exercée depuis plusieurs mois, voire plus d’un an. L’audit précédent de la Cour 146 avait déjà mis en évidence des situations similaires et leurs effets dommageables sur le contrôle interne. 144 21 e cahier d’observations adressé par la Cour des comptes au Parlement wallon, Fasc. I er , Doc. Parl. Rég. w., 127 2009- 2010, N° 1, p. 85 à 101. 145 Opération 2561. 146 Ibidem. 77 L’administration signale à cet égard qu’elle a « proposé au Ministre de la Fonction publique de désigner un directeur faisant fonction ». La Cour des comptes a relevé, dans l’échantillon examiné, plusieurs cas d’application du principe de confiance, notamment pour la justification de subventions facultatives allouées à une maison d’accueil 147 , à une maison médicale 148 ainsi qu’à une entreprise de formation par le travail 149 . Sur la base de circulaires ministérielles appliquant le principe de confiance, la liquidation s’opère sur simple production d’une déclaration sur l’honneur et d’une déclaration de créance. La Cour des comptes attire l’attention sur le fait que cette application ne s’est pas toujours accompagnée d’une analyse correcte de la faisabilité de la mise en œuvre de ce principe. Étant donné les faiblesses constatées dans les contrôles et inspections, il convient pourtant d’effectuer de telles analyses afin de s’assurer que l’administration reste en mesure de contrôler la bonne utilisation des subventions, conformément aux lois coordonnées sur la comptabilité de l’État du 17 juillet 1991 et aux dispositions du nouveau décret comptable du 15 décembre 2011. Pour ce qui concerne les subventions allouées à une maison médicale, l’administration estime qu’il ne s’agit pas ici de l’application du principe de confiance, mais bien de la mise en œuvre d’une méthode de contrôle adaptée à la nature de la subvention, en fonction des effectifs disponibles, dans un souci d’efficience.

2.7 Conclusions et recommandations