Partenariats d’innovation technologique

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1.1.4 Contexte administratif

En application de l’article 57 de l’arrêté du gouvernement wallon du 18 septembre 2008 précité, les projets éligibles d’un montant supérieur à 150.000 euros doivent, une fois complets, être présentés par l’administration à un collège composé au minimum de deux membres de l’administration. Cette disposition a été mise en application à partir de mars 2010. Compte tenu de la séparation des compétences relatives à la recherche et aux technologies nouvelles, un collège a été mis en place par le ministre de la Recherche, et un autre, sous le nom de « comité », par le ministre des Technologies nouvelles. Ces deux organes sont composés de représentants de l’administration et du cabinet du ministre compétent, mais aucun arrêté n’en a fixé formellement la composition. Les avis de ces collèges ne sont pas communiqués à l’administration de façon détaillée. La direction des projets de recherche appose donc dans le dossier et la note de synthèse une simple mention : avis favorable, avis favorable sous conditions, ou avis défavorable.

1.2 Absence de motivation formelle des décisions d’octroi des aides

1.2.1 Partenariats d’innovation technologique

Le gouvernement wallon a, par cinq arrêtés relatifs à des partenariats d’innovation technologique PIT, accordé des aides à des entreprises et des universités pour un montant total de 9,7 millions d’euros. Les dossiers de cette catégorie ont été présentés à l’administration à la suite d’appels à projets. L’administration entame une phase de ruling pour vérifier leur éligibilité et, ensuite, les soumet au jury de chaque pôle de compétitivité concerné. Les projets retenus par les pôles donnent lieu à une note de synthèse de l’administration, puis sont présentés au gouvernement, qui décide de leur labellisation après avis d’un jury international. La DGO6 ne connaît pas la composition de ce jury. Par ailleurs, elle reçoit les avis qu’il rend sans en connaître les motivations. Les arrêtés d’octroi de ces aides sont des actes soumis à la loi du 29 juillet 1991 relative à la motivation formelle des actes administratifs, en application de son article 1 er , et ils doivent être motivés formellement, en application de son article 2. Enfin, selon l’article 3, cette motivation en droit et en fait doit être adéquate. Si des motifs de droit sont mentionnés dans les arrêtés d’octroi de ces aides, les motifs de fait stipulés ne permettent pas d’expliquer la décision prise. Ces motifs de fait se résument à trois considérations :  les pôles de compétitivité ont été invités à présenter des programmes de recherche à la Région ;  le projet de recherche concerné « lui [le gouvernement wallon] a été présenté » ;  « en se fondant sur lévaluation de ce programme par le jury constitué à cet effet, le Gouvernement wallon a estimé quil y avait lieu den soutenir financièrement la réalisation ». 60 Les deux premières considérations sont générales et ne justifient pas la décision, même si elles sont exactes factuellement. La troisième consiste en une clause générale formulée dans chaque cas, en des termes stéréotypés : elle ne peut donc être considérée comme une motivation claire, complète, précise et propre aux circonstances de l’espèce telle que la jurisprudence du Conseil d’État l’impose 104 . Quant à la référence faite à l’avis du jury, elle est sans portée dès lors que rien n’est connu de ces avis, ni leur date, ni leur motivation, ni les critères sur lesquels ils sont fondés. Si la jurisprudence du Conseil d’état admet la motivation par référence, encore faut-il que l’acte auquel il est fait référence soit identifié et que cet avis soit reproduit dans lacte ou qu’il y soit annexé 105 . Les décisions d’octroi des aides manquent dès lors de transparence. L’absence de motivation formelle adéquate ne permet pas d’assurer qu’elles résultent d’une analyse cohérente et impartiale garantissant l’égalité de traitement des bénéficiaires. Le risque existe que les critères utilisés pour accepter les projets ou les hiérarchiser ne soient pas appliqués de façon homogène. Au surplus, ces manquements soulèvent la question de savoir si les avis du jury sont traduits adéquatement par le gouvernement lorsqu’il décide de subventionner un PIT par un arrêté spécifique. Cette interrogation découle de l’examen des décisions du gouvernement de labelliser les différents projets de recherche alors que, pour certains d’entre eux, les avis de ce jury sont parfois assortis de réserves ou de commentaires.

1.2.2 Aides octroyées à un bénéficiaire unique