Établissement et contrôle de la taxe
De nouveaux moyens de pression en vue d’obtenir l’assainissement des sites pollués sont apparus dans le cadre du décret du 5 décembre 2008 relatif à la gestion des sols. La DPS
peut désormais intervenir directement en imposant la réalisation d’une étude d’orientation ainsi que, le cas échéant, celle d’une étude de caractérisation et de travaux d’assainisse-
ment
358
, ce qui a induit une diminution du nombre de dossiers transmis à la DIE. En outre, parmi les sites déjà répertoriés comme pollués dans le cadre de l’ancien régime de
taxation dit « du droit commun »
359
, ceux où la pollution concernait plus spéciiquement le sol et pour lesquels un plan de réhabilitation n’avait pas été déclaré recevable à la date d’en-
trée en vigueur du décret du 5 décembre 2008
360
ont été gérés dans le cadre de ce décret. Ils sont donc sortis de la liste de dossiers visés par la procédure de taxation.
Seuls les sites faisant l’objet d’une pollution par des déchets inertes etou ceux pour lesquels un plan de réhabilitation
361
avait été introduit et déclaré recevable avant la date d’entrée en vigueur du décret du 5 décembre 2008 sont toujours concernés par le régime de taxation de
la détention de déchets.
Par ailleurs, quelques dossiers dont les données nécessaires à la taxation
362
étaient incom- plètes ou imprécises ont été transmis au DPC pour un contrôle sur place et un nouveau
cubage du volume de déchets présents
363
. Certains dossiers ont cependant dû être abandon- nés, faute de données suisantes.
La DIE a conirmé dans sa réponse que, pour obtenir une base taxable correcte, l’adminis- tration a besoin de données précises et complètes concernant la parcelle, le propriétaire et
le cubage visés. L’absence de cubage précis rend impossible l’action iscale sous peine de se faire débouter lors du contentieux judiciaire. La DIE a ajouté qu’elle insisterait à nouveau
sur ce point lors de la prochaine réunion de concertation bisannuelle avec le DPC.
Dans certains cas, les contrôles du DPC ont révélé qu’il n’existait plus de déchets sur les sites concernés. Selon une note interne à l’administration, une décision d’annulation de
la taxe a été prise pour un certain nombre de dossiers antérieurs à 2008. Ils concernaient des sites assainis ou débarrassés des déchets présents. La Cour des comptes a relevé qu’en
l’absence de preuve de l’évacuation des déchets vers un centre de traitement, d’enfouisse- ment ou d’incinération agréé, le risque existe que ces déchets aient été transférés sur un
autre site ou abandonnés dans la nature. La Cour recommande donc d’exiger la production des preuves de l’évacuation des déchets vers une ilière autorisée avant d’annuler la taxe.
358 Le fait de ne pas respecter ces obligations constitue une infraction de deuxième degré au code de l’environnement,
qui est passible d’un emprisonnement de huit jours à trois ans et d’une amende d’au moins 100 euros et au maxi- mum de 1 million d’euros ou d’une de ces peines seulement.
359 Instauré par le décret du 25 juillet 1991 relatif à la taxation des déchets en région wallonne.
360 Le 18 mai 2009.
361 Plan de réhabilitation introduit en vertu du décret du 25 juillet 1991 relatif à la taxation des déchets en région wal-
lonne ou du décret iscal du 22 mars 2007 favorisant la prévention et la valorisation des déchets en région wallonne. 362
Identité du redevable, localisation cadastrale de la parcelle et volume de déchets dangereux ou non présents sur le site. 363
La contestation du redevable porte le plus souvent sur le cubage des déchets présents sur son terrain. Dans ce cas, une visite sur place est demandée au DPC. Celui-ci dispose de télémètres permettant d’établir avec précision le
cubage de déchets. Cependant, dans certains cas, les déchets ont percolé dans le sol, réduisant le cubage et com- pliquant la détermination du volume à considérer comme un déchet. Dans les cas les plus diiciles, il est fait appel
aux services de géomètres.
26
E
CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 181
La DIE a pris acte de cette recommandation, à laquelle elle portera une attention particu- lière. Le ministre chargé de l’Environnement signale que l’administration réclame bien les
documents nécessaires depuis l’instauration du décret du 22 mars 2007, ajoutant qu’il lui a demandé de veiller à continuer d’exiger systématiquement les preuves de l’évacuation des
déchets vers une ilière autorisée. La Cour a relevé la contradiction apparente des réponses fournies par l’administration et le ministre sur ce point précis.
La gestion et le suivi de ces dossiers ne sont pas réalisés par le biais d’une application infor- matique. Néanmoins, un ichier développé récemment à l’aide d’un tableur permet de réa-
liser le suivi de chaque dossier
364
. La sécurité des données qu’il contient n’est toutefois pas garantie puisque aucune traçabilité des modiications apportées par les utilisateurs n’est
assurée.
Dans sa réponse, la DIE a précisé que le ichier sur tableur établi d’initiative constitue une amélioration récente
365
et précieuse et qu’il n’est accessible qu’aux agents de la direc- tion générale. L’administration considère que, même s’il y avait eu des perturbations, elles
auraient été de nature strictement administrative, sans aucune conséquence sur l’établisse- ment de la taxe. Elle a ajouté que, depuis la mi-octobre, des mesures avaient été prises ain
de limiter les accès en écriture aux deux agents chargés de ces dossiers.
Pour conclure, la Cour des comptes souligne que, malgré sa faible rentabilité, cette taxe constitue néanmoins un outil de pression en vue de favoriser l’assainissement des sites.