Cadre général

26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 165

4.1.7 Non-déductibilité et substitution

Réduction des taxes incinération, co-incinération et subsidiaire Depuis 2004, les taxes environnementales ne sont plus déductibles à l’impôt des sociétés, ce qui crée une distorsion de concurrence entre les opérateurs privés et publics 319 . En com- pensation, les taxes sur l’incinération, la co-incinération et la taxe subsidiaire sur la collecte et la gestion de déchets sont afectées d’un coeicient réducteur de 0,7 pour les redevables soumis à l’impôt des sociétés. D’après les informations communiquées par l’administration, les dépenses iscales liées à l’application de ce coeicient réducteur sont estimées à 530.909 euros pour 2011, à 906.228 euros pour 2012 et à 609.977 euros pour 2013. La taxe subsidiaire vise à établir, pour le redevable, une iscalité identique en cas d’exporta- tion de déchets hors du territoire de la Région wallonne 320 . La Cour des comptes a constaté qu’en appliquant ce coeicient à la taxe subsidiaire pour les déchets mis en CET hors de la région wallonne, la neutralité iscale n’était toutefois plus assurée puisque ce coeicient réducteur n’est pas appliqué en cas de mise en CET sur le territoire wallon. Par conséquent, l’exportation des déchets en vue de leur mise en CET bénéiciait d’un traitement iscal plus avantageux que les déchets mis en CET en région wallonne. Ain de résoudre ce problème, l’administration avait déjà, en juin 2012, suggéré, dans le cadre d’une proposition de modi- ication du décret 321 , d’exclure l’application du coeicient réducteur lors de la mise en CET en dehors du territoire wallon. Le législateur n’avait alors pas pris en compte cette propo- sition. L’application du coeicient réducteur a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2014 par le dispositif du décret contenant le budget des recettes pour l’année 2014 322 . Le décret-pro- gramme, qui entre en vigueur le 1 er janvier 2015, résout ce problème en prévoyant que le coeicient n’est plus d’application pour le calcul du montant de la taxe subsidiaire pour la partie des déchets mis en CET hors du territoire de la Région wallonne. La Cour a également attiré l’attention sur la rédaction erronée de l’article 30 de ce décret, ainsi libellé : « l’article 70, § 1 er du décret du 22 mars 2007 est remplacé comme suit : pour les redevables qui sont soumis à l’ impôt des sociétés, les taxes visées par les chapitres II à V sont, pour les exercices 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013 afectées d’un coeicient de 0,7 ». Or, comme l’article 70 du décret iscal ne comprend qu’un seul paragraphe composé de deux alinéas 323 , le cavalier budgétaire supprime la dérogation pour les mises en CET. La volonté du législateur était pourtant bien de la maintenir et, en pratique, elle l’a été. 319 Les opérateurs privés supportent la taxe de la même manière que les opérateurs publics. Toutefois, la non-déduc- tibilité de la taxe à l’impôt des sociétés augmente la base imposable des opérateurs privés et donc l’impôt qu’ils paient. 320 Voir le point 4.2 Taxes subsidiaire sur la collecte et la gestion des déchets. 321 Note au gouvernement wallon. 322 Article 30 du décret du 11 décembre 2013 contenant le budget des recettes de la Région wallonne pour l’année budgétaire 2014. 323 L’article 70 du décret iscal stipule que « pour les redevables qui sont soumis à l’impôt des sociétés, les taxes visées par les chapitres II à V sont, pour les exercices 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 et 2013 afectées d’un coeicient de 0,7 ». L’ali- néa 2 précise en outre que « par dérogation à l’alinéa 1 er , le coeicient n’est pas d’application aux montants de la taxe sur la mise en C.E.T. des déchets visés aux articles 5 et 6, § 1 er , aux montants de la taxe sur l’incinération des déchets visés aux articles 10, § 2, et 11, § 2, et au montant de la taxe sur la co-incinération de déchets visé à l’article 16, § 2 ». D’après les calculs de la DIE, une extension du facteur 0,7 à la taxe sur la mise en CET en 2013 aurait provoqué un supplément de dépenses iscales de 2.910.590 euros 324 . Dans sa réponse, la DIE a souligné que la volonté du législateur était bien de maintenir la dérogation et que, jusqu’à présent, aucun redevable n’a appliqué ce coeicient dans ses déclarations iscales pour la mise en CET. Elle a ajouté que la formulation de l’article 70 du décret iscal a été revue par l’article 128 du décret-programme précité, ce que conirme le ministre chargé de l’Environnement. Substitution Ain d’éviter la répercussion de la non-déductibilité de la taxe à l’impôt des sociétés sur le coût du traitement des déchets facturé aux communes ou aux associations de communes, certaines d’entre elles se substituent à l’exploitant du centre d’enfouissement technique ou de l’installation d’incinération pour la déclaration et le paiement de la taxe sur les déchets ménagers qu’elles leur apportent. En pratique, cette faculté est surtout exercée pour les déchets mis en CET, qui ne béné- icient pas du coeicient réducteur de la taxe. En 2013, cela ne concernait que 11,5 du montant de la taxe perçue sur les déchets mis en CET et 0,8 de la taxe perçue sur l’inci- nération de déchets.

4.2 Taxe subsidiaire sur la collecte et la gestion des déchets

4.2.1 Objet

Cette taxe est dite « subsidiaire » 325 puisqu’elle n’est pas due lorsque : • les déchets collectés sont réutilisés, recyclés ou valorisés en région wallonne ou exonérés de taxe par le décret iscal ; • les déchets sont gérés selon un mode de gestion qui entraîne le paiement d’une autre taxe prévue par le décret iscal CET, incinération, co-incinération. Par conséquent, la taxe ne porte que sur les transferts de déchets produits et collectés en région wallonne et transportés vers une installation de traitement ou un centre d’enfouis- sement technique situé hors de ce territoire. L’objectif est d’uniformiser la taxation du trai- tement des déchets de manière à éviter de créer un avantage inancier dans le chef de qui ferait traiter ses déchets hors du territoire wallon. À défaut de collecteur de déchets agréé ou enregistré sur la base du décret relatif aux déchets 326 , le redevable est toute personne physique ou morale agréée ou enregistrée comme transporteur de déchets. 324 Pour rappel, une dépense iscale équivaut à une perte de recettes iscales. 325 Voir les articles 17 à 21 et 50 du décret du 22 mars 2007. 326 L’enregistrement et l’agrément des transporteurs et collecteurs de déchets sont réalisés par la direction des statis- tiques et des transferts de déchets et l’OWD. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 167 Le montant de la taxe est identique à celui qui aurait été appliqué si les déchets avaient été gérés en région wallonne selon les mêmes procédés, sous déduction de la taxe ou redevance appliquée au lieu de gestion des déchets. Ce montant ne peut toutefois être inférieur à zéro.

4.2.2 Évolution des recettes par année iscale

Les recettes relatives à la taxe subsidiaire sur la collecte et la gestion des déchets par exer- cice iscal ont évolué comme suit. Évolution des recettes sur la collecte et la gestion des déchets 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Taxe sur la collecte et la gestion des déchets 333.505 254.729 604.445 1.105.380 1.915.350 1.245.210 en euros

4.2.3 Établissement et contrôle de la taxe

La DIE a mis en œuvre une procédure d’établissement et de contrôle pour la taxe sur la collecte et la gestion des déchets. Base de données des redevables Tous les collecteurs et transporteurs de déchets en région wallonne 327 doivent préalable- ment être enregistrés ou agréés auprès de l’OWD. Au 1 er janvier 2014, la base de données de l’Oice répertoriait environ 5.000 collecteurs et transporteurs de déchets. Toutefois, nombre d’entre eux ne sont pas visés par cette taxe puisqu’elle ne porte que sur la gestion des déchets en dehors du territoire wallon. Dès lors, dans un souci de simpliication administrative 328 et d’allègement de la charge de travail pour l’administration, la DIE a mis en place un système d’attestation sur l’hon- neur d’absence de gestion des déchets en dehors du territoire de la Région wallonne. Cette attestation, qui dispense de l’obligation d’établir des déclarations, est valable pour toute la durée de l’agrément ou de l’enregistrement 329 . Compte tenu de ceux qui ont opté pour ce système, seuls 1.800 redevables étaient tenus de déposer des déclarations au 1 er janvier 2014. Déclarations Dans le courant du premier trimestre, les quatre déclarations iscales sont envoyées aux redevables soumis à déclaration. Elles sont accompagnées d’un code d’accès leur permet- tant de remplir leurs déclarations en ligne 330 . Les déclarations d’un trimestre et leur paie- ment doivent parvenir à la DIE pour le 20 e jour du mois qui suit le trimestre 331 . Lors de son contrôle, la Cour des comptes a constaté que ces délais étaient souvent dépassés 332 . 327 En ce compris les transporteurs étrangers circulant sur le territoire wallon. 328 Conformément à la circulaire du 20 juillet 2011 relative à la mise en œuvre du principe de coniance en Wallonie. 329 Tout collecteur ou transporteur de déchets reçoit, lors de sa demande d’agrément ou de son enregistrement, une déclaration sur l’honneur à renvoyer attestant qu’il n’envisage pas d’exporter des déchets au cours de sa période d’autorisation. 330 Ou d’imprimer les déclarations. 331 Article 50 du décret iscal. 332 Sur les 1.800 déclarations relatives au premier trimestre 2014, seulement 20 d’entre elles étaient rentrées le 16 juillet 2014.