Établissement de la taxe

26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 173 les ventes de producteurs non ailiés 342 aux organismes peuvent ne pas être répertoriées, soit parce que les producteurs ont introduit un plan de gestion collectif, soit parce qu’ils fraudent ou ignorent la législation. La DIE a néanmoins préparé des modèles de déclaration pour chaque type de produit concerné ain d’estimer les quantités à collecter et réellement recyclées. Ces déclarations n’ont cependant jamais été transmises aux redevables, car l’administration estime qu’elle ne peut, en matière iscale, déterminer la base taxable à l’aide de méthodes approximatives. En outre, les simulations réalisées par la DIE sur la base des données igurant dans les rap- ports de la DIDG et de la DPD ain d’évaluer le rendement potentiel de la taxe en cas de non-respect des obligations des producteurs montrent que les taux de collecte et de recy- clage seraient systématiquement atteints, de sorte qu’aucune taxe ne serait due. Toutefois, la Cour des comptes considère que ces résultats doivent être interprétés avec prudence, car les données utilisées ne peuvent, dans la plupart des cas, être vériiées par la DIGD, chargée du suivi des conventions environnementales. La Cour a conclu que cette taxe est, dans les circonstances actuelles, diicilement applicable. L’administration a pris acte de la conclusion de la Cour sur l’inapplicabilité de cette taxe et apporté des précisions supplémentaires. Comme mentionné dans son évaluation du décret iscal du 22 mars 2007 après sept années de mise en œuvre, qu’elle a transmis au ministre chargé de l’Environnement le 3 octobre 2014, il s’avère diicile de ixer des méthodes appro- priées. La DIE admet que trop de données résultent actuellement d’estimations, inutili- sables en matière de taxation. En outre, la rentabilité de cette taxe serait quasi nulle si l’on s’en réfère aux simulations réalisées à partir des données actuellement connues en termes de collecte. Elle estime également que le coût lié au contentieux iscal risque d’être élevé pour la Région, tant en termes de personnel que de coûts de procédure. Dans le bilan précité, l’administration a proposé de supprimer ce régime iscal trop dépen- dant d’évaluations et d’estimations. Toutefois, elle estime nécessaire de poursuivre la rélexion sur l’amélioration de la prévention dans les obligations de reprise des piles et des déchets d’équipements électriques ou électroniques. La proposition d’envisager la création de fonds Bebat et Recupel, à l’instar de ce qui existe pour Fost+, a d’ailleurs été formulée lors des travaux préparatoires du nouveau plan wallon des déchets.

4.3.4 Réserves constituées par certaines associations de producteurs

Il ressort des rapports annuels rendus par les associations de redevables que certaines d’entre elles ont constitué des réserves grâce aux cotisations 343 que leur versent les produc- teurs, lesquelles sont, in ine, répercutées sur les consommateurs. C’est principalement le cas de Recupel, Bebat et Fost+. 342 Appelés « free-riders », ces producteurs restent en dehors des associations et ne se conforment pas aux obligations de reprise. La DIGD et la DPD doivent les rechercher. 343 Lors du contrôle, l’administration a transmis une étude juridique concernant la nature de ces montants. Cette étude conclut qu’ils ne constituent ni une taxe ni une redevance, principalement parce qu’ils ne sont pas perçus par l’autorité publique pour être afectés à ses services. Ces montants doivent être considérés comme des cotisations sui generis. Selon le projet de rapport de l’administration concernant la convention environnementale du 22 décembre 2005 obligation de reprise en matière de piles et accumulateurs usagés pour la période 2012-2013, Bebat a généré des bénéices s’élevant respectivement à 7,5 et 5,7 millions d’euros pour les deux années sous examen. Son bilan 2013 fait apparaître des placements de trésorerie pour 84,7 millions d’euros et des valeurs disponibles de 25,5 mil- lions d’euros. En ce qui concerne la convention environnementale du 11 mai 2010 obligation de reprise en matière de déchets d’équipements électriques et électroniques, le projet de rapport de l’administration pour les années 2012 et 2013 indique que Recupel a généré un bénéice à reporter de respectivement 6,4 millions et 5,9 millions d’euros, tandis que son bilan fait apparaître des valeurs disponibles incluant les comptes de régularisation s’élevant à res- pectivement 251,4 et 254,6 millions d’euros. Recupel a ainsi créé un fonds de placement d’un montant de 171,4 millions d’euros 344 . L’actionnariat de cette Sicav est exclusivement réservé aux producteurs du secteur des équipements électroniques et électriques 345 . La constitution de telles réserves dans les comptes des associations de producteurs s’ex- plique par le montant parfois important des cotisations qui rémunèrent les organismes chargés de reprendre des déchets, ces recettes s’avérant largement supérieures aux coûts de collecte et de recyclage, déduction faite des bénéices de vente. Dans le cas des déchets d’emballage et en application de l’accord de coopération du 4 novembre 2008 concernant la prévention et la gestion de ces déchets, une convention a été signée avec l’association chargée de la reprise, Fost+. Celle-ci s’est engagée à reverser une cotisation de 50 centimes indexés par habitant à chaque région. Ces recettes sont afectées au fonds qui sert exclusivement à inancer des dépenses liées à la prévention, à la propreté et à la gestion des déchets d’emballage 346 . Comme en témoigne le tableau ci-après, ces recettes s’élèvent à ce jour à 10,3 millions d’euros, alors que les dépenses engagées se chifrent à 2,6 millions, dont seulement 1,6 million a été liquidé. Recettes et dépenses liées aux cotisations perçues de Fost+ 2010 2011 2012 2013 2014 Total Recettes 3.456.774,99 1.784.175,84 1.854.143,52 1.915.017,72 1.306.455,36 10.316.567,43 Dépenses – Engagements 0,00 45.393,69 517.144,28 1.310.522,31 717.983,00 2.591.073,28 Dépenses – Liquidations 0,00 22.927,49 388.218,78 853.678,17 310.120,39 1.574.944,83 Source : administration en euros 344 Fonds constitué en obligations d’État dont la notation est au minimum AA. 345 Le cas de l’association Recytyre fait aussi l’objet d’une attention particulière de l’administration, car elle perçoit également des cotisations de la part des acheteurs de pneus. À ce jour, cette association n’a cependant pas consti- tué de réserve importante. 346 Un comité réunissant des représentants de Fost+, de l’administration wallonne et du ministre de l’Environnement a été constitué ain de décider des projets qui seront inancés par le biais de ce fonds. En cas de désaccord au sein de ce comité, c’est le ministre chargé de l’Environnement qui emporte la décision inale.