Résultats comptables 05.171e 26e c obs r w

Si cette situation permet aux ports de bénéicier de l’expérience et de l’expertise des agents de la Région wallonne dans une matière complexe, elle manque de transparence et aboutit à la perte d’un niveau de contrôle. En efet, dans un marché public donnant lieu à subvention, le pouvoir subsidiant représente la garantie d’un contrôle supplémentaire par rapport aux mesures de contrôle interne mises en œuvre par le pouvoir adjudicateur, car il doit notam- ment s’assurer que la dépense pour laquelle le subside est sollicité a été réalisée dans le respect de la réglementation sur les marchés publics. Dans sa réponse, le PAC précise néan- moins qu’un contrôle est opéré par son conseil d’administration CA, lequel est renforcé par la présence de commissaires du gouvernement en son sein. Ensuite, le dossier est égale- ment soumis au contrôle de l’Inspection des inances. Cependant, ain de garantir l’efecti- vité de ce contrôle, la Cour préconise que le CA dispose de l’ensemble des pièces du dossier. Le manque de clarté dans la déinition des missions de chacun, associé au fait que la plupart des gestionnaires des marchés des ports sont des agents des directions territoriales DT détachés à temps partiel dans ces ports, a entraîné des confusions dans les signatures approbation, à diférents stades du dossier de marché, par la hiérarchie de la DT plutôt que par la direction du Port, des contradictions dans les clauses des cahiers spéciaux des charges CSC, l’application inadaptée de procédures liées à la Région wallonne ouverture électronique des ofres au sein d’un port qui ne dispose pas d’un accès internet aisé et, pour le Port autonome qui ne dispose pas d’agents détachés, une situation où sa direction n’a aucune autorité pour contrôler le travail réalisé par les agents qui gèrent intégralement ses marchés.

2.1.3 Contrôle de l’exécution

Ain de pallier le manque de personnel dont soufrent les ports, de même que les DT de la DGO2, les organismes portuaires ont recours, pour le contrôle de l’exécution des marchés, à des sociétés privées ou à du personnel retraité. Le PAC a ainsi passé un marché public 209 pour assister le fonctionnaire dirigeant dans sa mission de contrôle de l’exécution des marchés adjugés ; cette solution se traduit par une perte partielle de la maîtrise des marchés. Au PAN, certains chantiers sont contrôlés par un ancien membre du personnel.

2.1.4 Archivage des pièces du dossier

Lorsqu’il approuve les documents, aux stades successifs de l’évolution du marché, le conseil d’administration des organismes doit avoir la possibilité de s’assurer de leur conformité aux diverses pièces du marché CSC, ofres reçues, modiications, décomptes, etc.. Or, certaines pièces des dossiers de marchés sont conservées au sein des DT et ne sont pas disponibles dans les ports. Au Paco, aucune pièce n’est présente. Dans sa réponse, le PAC souligne qu’il a, de manière récurrente, demandé un accès au logi- ciel de dématérialisation des marchés publics Cesame développé au sein du SPW. 209 Conclu en novembre 2013 pour une durée d’un an, reconductible deux fois. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 127

2.2 Application de la réglementation relative aux marchés publics

2.2.1 Avis de marché

Dans deux cas, le délai minimal imposé par la réglementation pour la réception des ofres a été raccourci sans aucune motivation. Ce délai vise à permettre aux soumissionnaires de répondre à l’avis de marché sur la base du CSC. Son non-respect est de nature à entraîner l’irrégularité de la procédure et à compromettre la qualité de l’ofre. En outre, la Cour des comptes a relevé des discordances susceptibles de perturber la bonne exécution dans les documents de deux marchés : ainsi, un avis de marché mentionnait un délai d’exécution de 180 jours ouvrables ; un avis rectiicatif a ramené ce délai à 150 jours, alors que le CSC indiquait 240 jours et que l’ordre de commencer les travaux reprenait le délai de l’avis de marché non rectiié 180.

2.2.2 Utilisation de la déclaration sur l’honneur implicite

La plupart des ports recourent à la déclaration sur l’honneur implicite 210 , tout en ne l’appli- quant pas de manière systématique 211 . Pour assurer l’égalité de traitement des soumissionnaires, le pouvoir adjudicateur utili- sant cette procédure est tenu 212 de contrôler la réalité des éléments contenus dans cette déclaration en demandant, au seul soumissionnaire retenu, les documents prouvant son exactitude. Les dossiers examinés font apparaître que cette obligation n’a pas été respectée dans quatre cas.

2.2.3 Information et motivation

Le pouvoir adjudicateur a l’obligation d’informer les candidats évincés 213 en leur communi- quant, dans les meilleurs délais, la décision motivée de ne pas les retenir. Cette obligation a pris de plus en plus d’importance au il de l’évolution de la législation des marchés publics, au point qu’elle fait l’objet d’une loi spéciique 214 dans la nouvelle réglementation entrée en vigueur le 1 er juillet 2013. Cette information permet au soumissionnaire qui s’estime injustement évincé de contester la décision du pouvoir adjudicateur au moyen des voies de recours qui lui ont également été communiquées. 210 Dans une optique de simpliication administrative, la déclaration sur l’honneur implicite permet à un soumission- naire de déclarer qu’il ne se trouve pas dans une des situations visées par les articles 17 travaux, 39 fournitures ou 60 services de l’arrêté royal du 10 janvier 1996, par le seul fait de participer à la procédure de passation du marché, au lieu de fournir les documents habituellement demandés pour appuyer son droit d’accès. Les circulaires régio- nales du 21 mai 2001 relative aux marchés publics et à la sélection qualitative des entrepreneurs, des fournisseurs et des prestataires de services Moniteur belge du 18 juillet 2001, p. 24524 et du 10 mai 2007 relative à la simplii- cation et à la transparence des marchés publics Moniteur belge du 28 novembre 2007, p. 59174 encouragent les pouvoirs adjudicateurs wallons à y recourir. 211 Par exemple, le PAC. 212 Circulaire du 10 mai 2007 précitée. 213 Soumissionnaires non sélectionnés ou ayant remis une ofre irrégulière ou non retenue. 214 Livre II bis de la loi du 24 décembre 1993 ; loi du 17 juin 2013 relative à la motivation, à l’information et aux voies de recours en matière de marchés publics et de certains marchés de travaux, de fournitures et de services. Dans un marché, le courrier d’information a été envoyé aux soumissionnaires évincés deux mois après l’attribution. En outre, la législation référencée 215 dans le courrier n’était plus en vigueur depuis février 2010. Dans deux autres cas, il n’existe aucun courrier d’information. 2.2.4 Concurrence Dans un dossier, le PAC a fait appel, sans consulter la concurrence, aux services d’une intercommunale pour réaliser les cahiers spéciaux des charges. Dans sa réponse, le Port insiste sur le partenariat établi avec l’intercommunale, notamment pour l’aménagement d’une plateforme multimodale, et mentionne des prestations réalisées en régie. Cependant, les prestations ayant donné lieu à rémunération constituent une commande publique qui aurait dû être mise en concurrence. Dans un autre dossier, la modiication d’une conduite relevant d’une intercommunale a fait l’objet d’un décompte pour un montant de 72.736,96 euros hors TVA. Ce supplément aurait pu être évité par une bonne conception du marché identiication précise des impétrants lors de l’élaboration du CSC, d’autant que l’intercommunale dispose de deux sièges au conseil d’administration du Port. Pour faire face à cet « imprévu », les travaux ont été réali- sés en urgence par une société proposée par l’intercommunale sans mise en concurrence.

2.2.5 Délais de paiement et intérêts de retard

Les factures liées aux marchés de travaux devaient être payées, hormis le décompte inal, dans un délai de 60 jours à compter du jour de la réception de la déclaration de créance introduite par l’adjudicataire 216 . Au Paco, 20 des 28 factures relatives aux travaux subventionnés payées en 2012 et 2013, pour un montant total de 2.036.663 euros TVA comprise, ont été liquidées avec retard. Dans 11 cas, le paiement a été réalisé plus de 100 jours après l’introduction de la facture par l’adjudicataire. Les intérêts de retard n’ont pas été payés alors qu’ils sont dus de plein droit 217 . Ce retard semble trouver une explication dans la procédure suivie : le Port introduit sa déclaration de créance pour l’obtention de la subvention lorsqu’il reçoit la facture de l’adjudicataire et ne paie cette dernière que lorsque la subvention a été liquidée. Dans les autres ports, les factures relatives à l’ensemble des marchés subventionnés exami- nés ont généralement été payées dans les temps.

2.2.6 Constats divers

Certains documents font parfois défaut : il en va ainsi de la preuve de la constitution du cautionnement, ou d’autres documents imposés ou non par le CSC. Les CSC de trois marchés imposent aux soumissionnaires de démontrer leur agréation dans l’une des deux catégories mentionnées, alors que la réglementation prévoit de ne ixer qu’une seule catégorie, celle dans laquelle rentrent les travaux représentant le pourcentage 215 Article 21bis de la loi du 24 décembre 1993. 216 Conformément à l’article 15, § 1 er , 3°, du cahier général des charges en annexe de l’arrêté royal du 26 sep- tembre 1996 établissant les règles générales d’exécution des marchés publics et des concessions de travaux pu- blics. 217 L’article 15, § 4, du cahier général des charges prévoit que lorsque les délais légaux sont dépassés, « l’adjudicataire a droit au paiement, de plein droit et sans mise en demeure, par mois ou partie de mois de retard, à un intérêt ».