6.3 Encours Compte tenu des modalités de perception des principales taxes sur les déchets instaurées
par le décret iscal du 22 mars 2007, le recouvrement en matière de déchets porte principa- lement sur les anciennes taxes déchets ménagers
376
et régime du droit commun
377
, ainsi que sur la taxe sur la détention de déchets.
Selon les données communiquées par le département du recouvrement externe le 4 sep- tembre 2014, l’encours global des taxes sur les déchets s’élève à 4.772.683,57 euros.
Encours des taxes déchets au 4 septembre 2014
Taxes Nombre de droits non apurés
Encours
Déchets ménagers 102.935
3.024.459,29 Déchets non ménagers
95 1.748.224,28
Total 103.030
4.772.683,57
en euros Alors que la taxe sur les déchets ménagers a été abrogée il y a plus de dix ans, son encours
actuel est encore élevé.
Néanmoins, depuis janvier 2012
378
, son encours a diminué de 2.866.096,71 euros. En efet, une première opération de mise en décharge de créances irrécouvrables, d’un montant de
1.907.254,67 euros, a été approuvée par le gouvernement wallon in 2011 et injectée dans le GCOM en février 2012. Par ailleurs, lors d’un examen des droits toujours ouverts dans le
système comptable, opéré par la DRE en collaboration avec les huissiers, les avocats et les médiateurs, il est apparu que de nombreux droits avaient déjà été honorés par les redevables
sans que les paiements réalisés ne soient rattachés aux droits dans le GCOM. D’autres droits avaient été perçus par des huissiers, qui ne les avaient pas ristournés à la Région wallonne.
Cette situation a été régularisée. Le montant perçu en 2012 s’élève in ine à 838.499,57 euros. Enin, certains droits avaient été mal imputés.
Selon les informations communiquées par la DRE, l’encours actuel de 3.024.459,29 euros comporte encore de nombreux droits irrécouvrables. Leur recensement a été réalisé au
début de l’année 2014.
Deux listes ont été établies. La première regroupe les droits dont le recouvrement a été conié à des huissiers, mais pour lesquels ceux-ci ont établi une attestation d’insolvabilité.
Ces droits représentent un montant total de 1.370.449,71 euros. Sur la base de l’article 57ter du décret du 6 mai 1999, la mise en irrécouvrable de ces droits a fait l’objet d’une appro-
bation du directeur de la DRE en août 2014. Les droits doivent encore être annulés dans la comptabilité par le prestataire informatique.
376 La taxe sur les déchets ménagers prévue par le décret du 25 juillet 1991 a été abrogée au 1
er
janvier 2003. 377
Ce régime, remplacé par la taxe sur la détention de déchets en vertu du décret du 22 juin 2007, visait déjà les sites pollués et avait, lui aussi, pour objectif principal de faire pression en vue de leur remise en état.
378 L’encours en matière de taxes sur les déchets ménagers s’élevait, au 9 janvier 2012, à 5.890.556 euros et concernait
44.950 dossiers, soit un montant moyen par dossier de 131,04 euros.
26
E
CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 187
La seconde liste regroupe diférents types de droits d’un montant total de 1.082.865,62 eu- ros, dont la mise en irrécouvrable a été approuvée par le directeur de la DRE et sera prochai-
nement soumise à l’approbation du gouvernement wallon pour en décharger le receveur en application de l’article 57quinquies du décret du 6 mai 1999. Il s’agit de :
•
27.444 droits prescrits pour 744.485,28 euros sans qu’aucun contentieux n’ait été ouvert
379
; •
13.911 droits mis en décharge pour 268.159,34 euros sur la base des informations commu- niquées par les huissiers et pour des motifs autres que l’insolvabilité
380
; • 4.997 droits mis en décharge pour 70.221 euros à la suite d’une ordonnance de clôture de
règlement collectif de dettes. Interrogée sur les motifs qui ont conduit la DRE à ne pas entamer de contentieux pour
27.444 droits, d’un montant de 744.485,28 euros, aujourd’hui prescrits, l’administration a déclaré que ceux-ci concernaient soit des redevables décédés, partis sans laisser d’adresse
ou radiés du registre de la population, soit des droits accessoires liés à des droits en princi- pal qui avaient fait l’objet de la première opération de mise en décharge.
Pour conclure, la Cour des comptes a invité l’administration iscale à mener avec diligence toutes les actions en recouvrement ain de résorber l’encours résiduel des taxes sur les
déchets, estimé à 2.319.368,24 euros
381
.
6.4 Absence de titre exécutoire
En application de l’article 17bis, § 3, du décret du 6 mai 1999
382
, aucune taxe ne peut être exigée par le receveur et faire l’objet de mesures d’exécution forcée que si ces mesures sont
précédées d’une reprise dans un rôle rendu exécutoire, document qui constitue le titre exé- cutoire du recouvrement.
Lors de son contrôle, la Cour des comptes a constaté que l’administration ne disposait d’aucun titre exécutoire pour procéder au recouvrement d’amendes inligées en matière
de déchets non ménagers visées par le décret du 25 juillet 1991
383
relatif à la taxation des déchets en région wallonne
384
. Puisque ces amendes n’ont pas été enrôlées, elles ne sont pas comptabilisées en droits constatés dans le GCOM. Bien que la plupart de ces dossiers encore
ouverts fassent l’objet de recours judiciaires, l’administration iscale ne dispose d’aucun inventaire de ces amendes.
379 Leur recouvrement n’a pas été conié à un huissier, ils n’ont pas fait l’objet d’un règlement collectif de dettes, ni
d’une révocation de règlement collectif de dettes. 380
Redevable parti sans laisser d’adresse, etc. 381
Soit un encours de 1.748.224,28 euros pour la taxe sur les déchets non ménagers et 571.143,96 euros pour les déchets ménagers.
382 Disposition insérée par le décret du 17 janvier 2008 portant création d’un éco-bonus sur les émissions de CO
2
par les véhicules automobiles des personnes physiques.
383 En ce qui concerne le décret du 22 mars 2007, les seules amendes qui ont jusqu’à présent été appliquées concernent
la taxe subsidiaire sur la collecte et la gestion des déchets. Ces amendes ont été enregistrées dans le GCOM, de même que les amendes en matière de déchets ménagers.
384 Voir l’article 28 de ce décret qui stipule que pour toute infraction à l’obligation d’acquitter la taxe, il est encouru une
amende égale à deux fois le montant de la taxe éludée ou payée hors délai.
6.5 Recours aux huissiers
En vertu de l’article 56 du décret du 6 mai 1999, les taxes en matière de déchets se pres- crivent par cinq ans à compter de la date d’envoi de l’avertissement-extrait de rôle. Les
taxes enrôlées sont immédiatement exigibles et considérées comme des dettes liquides et certaines. Si l’envoi de l’avertissement-extrait de rôle reste sans efet, le receveur désigné
385
peut, par voie d’huissier, décerner une contrainte au redevable. La Cour des comptes a relevé que les protocoles conclus avec les huissiers ont pris in le
30 juin 2014. Une procédure de marché public a été lancée en décembre 2013 pour désigner de nouveaux huissiers. Le marché, attribué le 4 septembre 2014, a fait l’objet de recours
devant le Conseil d’État.
La Cour a relevé que, dans l’attente de désignation, le receveur ne fait plus appel à l’inter- vention d’huissiers depuis le 30 juin 2014.
7 Conclusions
Le décret du 22 mars 2007 a instauré une iscalité incitative qui vise à encourager l’utilisa- tion de modes de traitement des déchets plus respectueux de l’environnement. Sur les huit
taxes prévues, seules trois génèrent efectivement des recettes, qui sont afectées au fonds des déchets : elles concernent la mise en centre d’enfouissement technique des déchets,
leur incinération ou leur traitement en dehors du territoire wallon taxe subsidiaire.
Depuis 2009, les recettes suivent une tendance à la baisse pour atteindre 20,8 millions d’euros en 2013. Cette situation résulte de la diminution des tonnages globaux incinérés et
mis en CET et de la réorientation des lux de déchets vers les ilières de traitement moins taxées à la suite de l’adaptation des taux et de l’interdiction de mise en CET de certains
déchets.
7.1 Taxes sur la mise des déchets en centre d’enfouissement technique, sur l’inciné-
ration et sur la co-incinération et taxe subsidiaire Ces taxes sont perçues sur une base déclarative ; leur paiement est concomitant au dépôt
de la déclaration. Des contrôles de cohérence ou administratifs sont réalisés par la direc- tion des instruments économiques. Toutefois, la Cour des comptes estime que les pouvoirs
d’investigation de terrain dont dispose cette direction devraient être davantage utilisés ain de valider les informations communiquées par les redevables sur la base des docu-
ments administratifs et comptables en leur possession. De tels contrôles devraient égale- ment permettre de récolter les éléments nécessaires à la détermination de la base imposable
en l’absence de déclaration et de taxation d’oice. Une présence, même occasionnelle, sur le terrain constituerait, en outre, un signal vis-à-vis des gestionnaires d’installation, qui
les inciterait encore davantage à respecter les règles iscales. Le ministre relève que de tels contrôles opérés par le passé ont donné peu de résultats, puisque les fraudes ne seraient pas
détectables au départ des documents comptables, mais il donnera néanmoins ordre de les réinstaurer.
385 Article 36 du décret du 6 mai 1999 relatif à l’établissement, au recouvrement et au contentieux en matière de taxes
régionales directes.
26
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CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 189
La Cour estime par ailleurs que la nouvelle périodicité des déclarations dans le cadre du régime de la taxe subsidiaire sur la collecte et la gestion des déchets allégera la charge de la
direction et permettra de dégager du temps pour des contrôles de terrain.
Si le département de la police et des contrôles opère déjà ce type de contrôles, ils sont surtout axés sur la nature des déchets transportés ou traités par les installations de trai-
tement sans opérer de lien avec l’établissement de la taxe. La Cour considère donc que les procédures d’information et de communication entre ce département et la direction des
instruments économiques devraient être améliorées et davantage formalisées pour per- mettre la transmission de toute information pertinente à l’établissement de la taxe. Selon
le ministre chargé de l’Environnement, la DIE aura prochainement accès à une base de données des constats du DPC, actuellement en phase de test.
Les montants perçus dans le cadre de chartes de gestion durable, mécanisme alternatif à la taxe sur la co-incinération de déchets dangereux, sont versés directement à l’Oice wallon
des déchets. En vertu de ces chartes, deux entreprises cimentières assurent le traitement de déchets dangereux au bénéice de trois opérateurs publics. La Cour des comptes a constaté
que la mise en œuvre de ces chartes procure à la Région wallonne des recettes inférieures aux taxes théoriques. En tout état de cause, la Cour recommande d’accélérer la procédure
menant à la constatation des créances à l’égard des redevables et à leur comptabilisation. Bien que les rapports annuels relatifs aux années 2011 à 2013 aient été élaborés par l’OWD
et soumis en temps utile au gouvernement wallon, celui-ci ne les a pas encore approuvés. Les déclarations de créance qui, au 30 juin 2014, s’élèvent à 2,9 millions d’euros, n’ont donc
pas encore été établies. Le ministre chargé de l’Environnement s’est engagé à accélérer le processus d’approbation des rapports.
Quant à la taxe subsidiaire, qui vise à établir pour le redevable une iscalité identique lors de la mise de déchets en CET hors du territoire wallon, la Cour des comptes a observé
qu’en lui appliquant, jusqu’au 31 décembre 2014, le coeicient réducteur 0,7 pour compen- ser la suppression de la déduction des taxes sur les déchets à l’impôt des sociétés, la neu-
tralité iscale n’était plus assurée puisque ce coeicient réducteur n’est pas appliqué à la mise en CET sur le territoire wallon. Cette situation pouvait favoriser les exportations de
déchets destinés à faire l’objet d’un enfouissement technique. Ce problème sera résolu dès le 1
er
janvier 2015 avec l’entrée en vigueur du décret-programme. Dans le cadre de cette taxe subsidiaire, la Cour considère que la DIE devrait, pour réduire
la fraude iscale, appliquer systématiquement les sanctions prévues par le décret du 6 mai 1999, en cas de fausse déclaration sur l’honneur. Faisant suite à la recommandation
de la Cour, le ministre a donné ordre d’appliquer dorénavant l’amende dans ce cas. Par ailleurs, en raison des coûts de procédure, les transporteurs étrangers ne font actuellement
l’objet d’aucune poursuite. La Cour estime que les poursuites ne peuvent être abandonnées systématiquement et que les sanctions administratives doivent être appliquées de manière
uniforme à l’ensemble des redevables. Tant la DIE que le ministre ont conirmé que les avis de taxation d’oice seront désormais envoyés aux transporteurs étrangers. Les possibilités
de recouvrement seront examinées en concertation avec la DGO7. En outre, la DIE devrait accroître sa collaboration avec le DPC par l’établissement et la mise à disposition d’un
cadastre des transporteurs qui ne sont pas en ordre de déclaration.
7.2 Taxe sur les déchets soumis à une obligation de reprise
La taxe sur les déchets soumis à une obligation de reprise n’est pas mise en œuvre en raison de la diiculté de déterminer la quantité de produits concernés mis sur le marché, ainsi
que la part à collecter des déchets générés. La base de cette taxe est le nombre de tonnes de déchets résultant des produits mis sur le marché en région wallonne et qui doivent,
en vertu de l’obligation de reprise, faire l’objet d’une collecte, d’un recyclage etou d’une valorisation. Le redevable de la taxe en est toutefois exonéré pour le nombre de tonnes de
déchets efectivement collectés, recyclés etou valorisés durant l’exercice en exécution de l’obligation de reprise.
Toutefois, les producteurs des biens concernés se sont, en général, regroupés en organismes de gestion chargés de mettre en œuvre l’obligation de reprise. Des conventions environne-
mentales déinissant les responsabilités et les obligations, notamment en termes de straté- gie pour atteindre les taux de collecte et de recyclage, ont été signées avec les fédérations et,
le cas échéant, certains organismes de gestion.
Il s’avère que certains d’entre eux ont constitué d’importantes réserves grâce aux cotisa- tions que leur versent les producteurs, lesquelles sont, in ine, répercutées sur les consom-
mateurs. Pour certains produits, le total des cotisations et des ventes se révèle très largement supérieur aux coûts de collecte et de recyclage des déchets.
Dans le cas des déchets d’emballage, une convention signée avec l’association chargée de la reprise, Fost+, prévoit la rétrocession d’une partie de ces cotisations à chaque région pour
alimenter un fonds destiné à inancer exclusivement des dépenses liées à la prévention, à la propreté et à la gestion des déchets d’emballage. À ce jour, seuls 15,5 des recettes perçues
par la Région wallonne depuis 2009 ont été dépensés en faveur des projets sélectionnés par le comité de pilotage.
Le niveau assez faible d’utilisation de ce fonds s’explique principalement par le fait que les projets inancés doivent impérativement être liés au secteur de l’emballage. La Cour des
comptes recommande donc de s’interroger sur le bien-fondé de ces limitations prévues par l’accord de coopération et la convention environnementale.
Il importe d’encourager la possibilité d’étendre ce type de convention à d’autres organismes de gestion pour récupérer, au sein du budget de l’Oice wallon des déchets, une partie des
réserves constituées. De manière générale, il convient de s’assurer que l’ensemble des coti- sations versées par les citoyens sont bien utilisées aux ins pour lesquelles elles sont versées.
Eu égard au montant des réserves accumulées par ces organismes, la Cour des comptes estime nécessaire de mener une rélexion sur l’adéquation entre le montant des cotisations
et le coût réel des obligations de reprise. Le ministre chargé de l’Environnement souligne que ces recommandations correspondent aux actions prospectives inscrites dans la décla-
ration de politique régionale 2014-2019 en cette matière.
7.3 Taxe favorisant la collecte sélective des déchets ménagers