Comptabilisation des opérations

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2.6 Contrôle des pulvérisateurs

2.6.1 Procédure En vertu d’une convention à durée indéterminée qui le lie à l’Agence fédérale pour la sécu- rité de la chaîne alimentaire Afsca, le CRA-W assure le contrôle obligatoire des pulvérisa- teurs de produits phytopharmaceutiques 88 . Le Centre envoie au propriétaire d’un pulvérisateur une convocation mentionnant la date, l’heure et le lieu du contrôle et exigeant le paiement en liquide de la prestation. Les contrôleurs de l’unité des machines et infrastructures agricoles du CRA-W se déplacent en camionnette ; celle-ci est équipée d’une imprimante et d’un ordinateur connecté au serveur du Centre et muni d’une application spéciique recensant les contrôles à efectuer. Si le pulvérisateur est conforme, l’agriculteur reçoit un rapport d’inspection 89 et un auto- collant à apposer sur celui-ci. Chaque jour, les contrôleurs déposent la recette en numéraire dans un cofre installé dans les bâtiments du Centre. Un contrôle de la correspondance entre les montants encaissés et facturés est réalisé de façon hebdomadaire au sein de l’unité. Une fois par mois, le respon- sable de l’unité dépose ces fonds sur le compte bancaire du Centre. Pour les années 2012 et 2013, la moyenne de ces dépôts périodiques s’est élevée à 32.000 euros. Vu les risques importants que génère cette situation, la Cour des comptes a recommandé : • dans l’immédiat, d’accélérer le versement des dépôts à un rythme hebdomadaire, par exemple ain d’éviter la conservation de sommes trop importantes dans le cofre ; • d’équiper le plus rapidement possible l’unité chargée des contrôles d’un terminal de paie- ment électronique nomade, ce qui permettrait d’exiger le paiement par carte bancaire. Le Centre devra également prévoir un moyen de paiement alternatif en cas d’absence de dis- ponibilité du réseau de télécommunication, en évitant toutefois les paiements en espèces. En guise de pièce justiicative, seul un récapitulatif mensuel est transmis par l’unité machines et infrastructures agricoles au service comptable. Ce dernier ne dispose donc pas du détail des prestations facturées et est dès lors dans l’impossibilité de vériier l’exhausti- vité des montants perçus ou encore l’exactitude des tarifs appliqués lors des contrôles 90 . La Cour des comptes a donc recommandé d’annexer le relevé des prestations au récapitulatif mensuel. 2.6.2 Comptabilisation La convention entre l’Afsca et le CRA-W prévoit que le prestataire perçoit et conserve les montants versés par les propriétaires des pulvérisateurs. Le Centre est responsable de la gestion des fonds perçus dont l’utilisation est exclusivement réservée au paiement des frais relatifs à l’organisation et à la réalisation du contrôle. 88 Les modalités relatives à ce contrôle sont ixées par l’arrêté royal du 13 mars 2011 relatif au contrôle obligatoire des pulvérisateurs en application de l’article 8 de la directive 2009128 du Parlement européen et du Conseil du 21 octobre 2009 instaurant un cadre d’action communautaire pour parvenir à une utilisation des pesticides com- patible avec le développement durable. 89 Ce rapport mentionne le prix du contrôle et porte les signatures du propriétaire du pulvérisateur et du contrôleur. 90 Les tarifs sont mentionnés à l’annexe 9 de l’AR du 13 mars 2011. Les recettes et dépenses liées à cette activité sont comptabilisées comme les opérations réa- lisées dans le cadre des conventions de recherche. En vertu des règles d’évaluation adoptées par l’organisme 91 , la prise en résultat s’opère à l’échéance de la convention. Puisque cette convention est établie à une durée indéterminée, le résultat de cette activité n’a jamais été comptabilisé. Suivant le décompte des recettes et dépenses établi par le Centre, le résultat bénéiciaire s’élève à 260.708,63 euros au 31 décembre 2006. Ain de respecter le prescrit de la convention, la Cour des comptes a préconisé la mise en réserve de ce résultat bénéiciaire ain de pouvoir inancer de futurs investissements qui seraient nécessaires à l’exercice de cette mission. La constitution de cette réserve doit toutefois être autorisée par le ministre en vertu de l’article 20 de l’arrêté ministériel du 24 juin 2008 qui ixe les règles d’évaluation applicables au Centre.

2.7 Application de la taxe sur la valeur ajoutée

2.7.1 Contexte légal

En tant qu’exploitant agricole, le CRA-W est dispensé de la plupart des obligations en matière de facturation, de déclaration et de paiement de la TVA, à l’exception des obliga- tions résultant des opérations intra-communautaires qu’il réalise. Ce régime, déini par l’article 57 du code de la TVA, s’applique à tout exploitant agricole qui efectue les activités suivantes : • livraisons de biens, produits ou cultivés par l’agriculteur, et d’animaux qu’il a élevés ; • prestations de services fournies en exécution de contrats de culture ou d’élevage ; • livraisons de biens d’investissement usagés et d’autres biens utilisés dans l’entreprise. En application de l’article 3 de l’arrêté royal n°22 du 15 septembre 1970 relatif au régime particulier applicable aux exploitants agricoles en matière de taxe sur la valeur ajoutée, le CRA-W ne peut exercer le droit à la déduction de la TVA qui lui est portée en compte par ses fournisseurs. Toutefois, il peut appliquer une compensation forfaitaire lorsqu’il facture ses propres prestations ou livraisons à ses clients assujettis et à certaines personnes morales non assujetties. Cette compensation est ixée à 2 pour la livraison de bois et à 6 pour la livraison d’autres biens et les prestations de service susvisées. Pour les autres activités, le Centre se considère comme assujetti exonéré.

2.7.2 TVA appliquée sur les factures de vente

Les factures de vente éditées par les diférentes unités du Centre mentionnent que « le CRA-W n’est pas assujetti à la TVA pour les analyses efectuées par le département ». La Cour des comptes a relevé qu’en vertu de l’article 4 de l’arrêté royal n°22 du 15 septembre 1970, le Centre doit mentionner sur ses factures qu’il est soumis au régime forfaitaire des exploi- tants agricoles. Elle constate en outre qu’une TVA de 21 a été portée en compte sur certaines factures d’analyses et d’expertises. Cette TVA facturée et encaissée n’a pas été reversée à l’administration iscale. 91 Voir le point 3.2.2 Comptabilité économique. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 57

2.7.3 Qualité d’assujetti

La Cour des comptes s’est interrogée précisément à propos de l’absence d’assujettissement du Centre pour ses activités de recherche et d’analyses réalisées notamment au bénéice de tiers privé. Ces prestations ne sont pas visées par le régime particulier agricole qui exclut tout autre régime. Lorsqu’un assujetti efectue des opérations exclues du régime agricole, il perd en principe le bénéice de ce régime particulier. Interrogée sur cette question, la direction générale du CRA-W n’a pas été en mesure de justiier la non-application de la TVA pour les activités précitées. La Cour des comptes a souligné que certaines institutions, telles que les universités par exemple, sont assujetties pour les activités d’analyse et ce, ain d’éviter les situations de distorsion de concurrence. Elle a en outre relevé que, pour le Centre, la qualité d’assujetti ouvrirait le droit à la récupération de la taxe payée sur ses achats. Néanmoins, ain de béné- icier de cette déductibilité, la législation impose à l’assujetti la tenue d’une comptabilité appropriée à l’étendue de ses activités en vue de permettre l’application et le contrôle de la taxe sur la valeur ajoutée. Actuellement, compte tenu du retard dans la reddition des comptes, le Centre ne remplit pas cette condition. La Cour des comptes a donc recommandé au Centre de clariier sa situation en matière de TVA, non seulement pour respecter les obligations imposées par la législation, mais égale- ment pour examiner, en concertation avec l’administration iscale, les diférentes possibi- lités ofertes par le code pour optimiser sa situation iscale, compte tenu de la particularité et la diversité de ses activités.

2.7.4 Liste TVA

Dans le cadre du régime particulier de la TVA pour les exploitants agricoles, le CRA-W a l’obligation de déposer la liste des clients annuelle pour le 31 mars de chaque année. Ce dernier ne doit reprendre que les clients assujettis non exemptés à qui, au cours de l’année civile écoulée, des biens ou des services ont été fournis pour un montant annuel de plus de 250 euros. Alors que les listes des années 2007 à 2009 mentionnaient un chifre d’afaires de 1.931.528,15 euros, 515.976,55 euros et 478.864,10 euros, la Cour des comptes a constaté que les listes TVA des années 2010 à 2012 renseignent un chifre d’afaires nul, alors qu’une multitude de factures ont été délivrées par le Centre avec un taux de compensation de 6 pour ces années 2010 à 2012. La Cour des comptes relève par conséquent le caractère erroné des listes établies. Enin, la Cour des comptes a constaté qu’à la date du 31 mars 2014, la liste de l’année 2013 n’avait toujours pas été déposée par le Centre, ce qui constitue une infraction au code de la TVA 92 .

2.8 Cartes carburant

Actuellement, le CRA-W compte 70 véhicules et 40 engins agricoles et horticoles motorisés. Les dépenses en carburant sur l’année 2013 s’élèvent à 84.046,54 euros. 92 Voir l’article 53 quinquies du code de la TVA.