Réduction de taxes liées à un mécanisme de prévention et exonération de
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Le montant assez faible des dépenses réalisées au moyen des cotisations versées par Fost+ résulte des restrictions imposées quant à leur utilisation par l’accord de coopération et
la convention environnementale précités, puisque les projets inancés doivent impérative- ment être liés au secteur de l’emballage. La Cour des comptes a donc recommandé de s’in-
terroger sur le bien-fondé de ces limitations ain d’envisager un élargissement des facultés d’utilisation du fonds.
L’administration a rappelé qu’une autre limitation, d’ordre budgétaire cette fois, interdit de dépenser un montant supérieur aux recettes perçues durant la même année. En outre,
il existe un décalage d’environ un an et demi au minimum lors de la phase de démarrage du fonds entre la décision et le paiement. Une rélexion va être entamée pour dégager une
solution permettant d’afecter les montants thésaurisés.
Dans sa réponse, le ministre chargé de l’Environnement a conirmé que les dépenses auto- risées sont prévues par l’accord de coopération et la convention environnementale validés
par les trois régions ; la Région wallonne ne peut donc de son propre chef en modiier les modalités. Il ajoute que les décisions prises lors du dernier conclave budgétaire imposent
de réaliser des économies sur le fonds pour la gestion des déchets à hauteur de 2,5 millions d’euros en 2015 et de 6,0 millions d’euros en 2016.
La DIE étudie la possibilité d’étendre ce type de convention à d’autres associations ain de récupérer, au sein du budget de l’OWD, une partie des réserves constituées par les asso-
ciations. Dans son plan de prévention transmis au ministre fonctionnel, la DIGD a évalué à 0,7 million d’euros ces recettes nouvelles provenant des cotisations à percevoir de Bebat
et Recupel.
La Cour des comptes ne peut qu’encourager l’administration à poursuivre dans cette voie ; elle a toutefois relevé que le montant estimé de 0,7 million qui pourrait être récupéré auprès
de Bebat et Recupel paraît assez faible au regard des réserves accumulées par ces deux associations. Il importe également, comme c’est le cas pour le fonds des emballages, que la
Région wallonne conserve la gestion de l’éventuel fonds qui serait alimenté par ces recettes, ainsi que le pouvoir de décision inale de leur afectation. De manière générale, la Cour
estime qu’il convient de s’assurer que l’ensemble des cotisations versées par les citoyens aux associations de producteurs sont bien utilisées aux ins pour lesquelles elles leur sont
versées
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. Enin, eu égard au montant des réserves accumulées par les organes de gestion, la Cour des
comptes estime nécessaire de mener une rélexion sur l’adéquation du montant des cotisa- tions, compte tenu du coût réel des obligations de reprise.
Dans sa réponse, l’administration soutient que la création de tels fonds permettrait de inancer le coût de politiques régionales non prises en compte par les secteurs concernés,
prévention, propreté, recherche et développement, lutte contre les ilières illégales, etc.
347 Voir l’article 6 de l’arrêté du gouvernement wallon du 23 septembre 2010.
Pour sa part, le ministre chargé de l’Environnement a souligné que la déclaration de poli- tique régionale 2014-2019 prévoyait des actions prospectives en la matière, notamment pour
conforter l’encadrement réglementaire, exiger une gestion transparente, suivre la bonne exécution des agréments et des conventions environnementales, inclure des objectifs plus
ambitieux de prévention, de collecte et de valorisation dans les conventions à renouveler, ainsi que pour évaluer le rapport coûteicacité des obligations de reprise pour le citoyen.
4.3.5 Recours Lors de la promulgation du décret en 2007, l’ensemble des associations a introduit un
recours auprès de la Cour constitutionnelle ain de contester la taxe sur les déchets soumis à une obligation de reprise. La Cour constitutionnelle a tranché ce recours en faveur de la
Région wallonne.
Les associations Recybat, Bebat, Febelauto, Recupel et Recytyre ont introduit un autre recours auprès du Conseil d’État contre l’arrêté du gouvernement wallon du 23 sep-
tembre 2010. Il porte sur plusieurs dispositions de l’arrêté, plus particulièrement sur le premier paragraphe de l’article 7 et sur le dernier alinéa de l’article 11.
Le premier paragraphe de l’article 7 dispose que « l’obligataire de reprise est tenu de reprendre auprès des personnes morales de droit public, de manière régulière et à ses frais, les déchets
ménagers visés à l’article 2 que celles-ci ont collectés sélectivement sauf lorsque les personnes morales de droit public territorialement responsables de la gestion des déchets ménagers attri-
buent elles-mêmes le marché de collecte et de traitement des déchets, etou assurent le trans- port etou la collecte des déchets en régie jusqu’ à un point de regroupement ou de traitement
établi ». C’est cette possibilité d’attribuer le marché de collecte et de traitement à un autre prestataire qui pose problème aux organismes chargés d’exécuter les obligations de reprise.
L’article 11 dispose, pour sa part, que l’agrément d’un organisme chargé par des produc- teurs de remplir leurs obligations inhérentes à l’obligation de reprise est soumis à plusieurs
conditions, dont celle de n’exercer directement ou indirectement, notamment par l’entre- mise d’une iliale, aucune activité opérationnelle de gestion des déchets couverts par l’obli-
gation de reprise. Or, certaines associations ont clairement la volonté de développer ce type d’activités
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. L’auditeur du Conseil d’État a d’abord remis un avis préconisant d’annuler certaines dis-
positions ou parties de disposition, mais il a inalement proposé l’annulation complète de l’arrêté.
Si le Conseil d’État devait annuler l’arrêté, la base juridique redeviendrait l’arrêté du gou- vernement wallon du 24 avril 2002 instaurant une obligation de reprise de certains déchets
en vue de leur valorisation ou de leur gestion. Or, cet arrêté ixe des taux inférieurs aux taux minimaux imposés pour certains types de déchets par l’Union européenne, ce qui rendrait
indispensable l’adoption rapide d’un nouvel arrêté par le gouvernement wallon.
348 D’après les renseignements recueillis auprès de la directrice de la DIGD, Bebat a déjà construit une usine de tri de
déchets de piles en région lamande avec l’accord de l’Openbare vlaamse afvalstofenmaatschappij, la réglementa- tion lamande n’interdisant pas de cumuler les deux activités.
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