Réduction de taxes liées à un mécanisme de prévention et exonération de

26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 175 Le montant assez faible des dépenses réalisées au moyen des cotisations versées par Fost+ résulte des restrictions imposées quant à leur utilisation par l’accord de coopération et la convention environnementale précités, puisque les projets inancés doivent impérative- ment être liés au secteur de l’emballage. La Cour des comptes a donc recommandé de s’in- terroger sur le bien-fondé de ces limitations ain d’envisager un élargissement des facultés d’utilisation du fonds. L’administration a rappelé qu’une autre limitation, d’ordre budgétaire cette fois, interdit de dépenser un montant supérieur aux recettes perçues durant la même année. En outre, il existe un décalage d’environ un an et demi au minimum lors de la phase de démarrage du fonds entre la décision et le paiement. Une rélexion va être entamée pour dégager une solution permettant d’afecter les montants thésaurisés. Dans sa réponse, le ministre chargé de l’Environnement a conirmé que les dépenses auto- risées sont prévues par l’accord de coopération et la convention environnementale validés par les trois régions ; la Région wallonne ne peut donc de son propre chef en modiier les modalités. Il ajoute que les décisions prises lors du dernier conclave budgétaire imposent de réaliser des économies sur le fonds pour la gestion des déchets à hauteur de 2,5 millions d’euros en 2015 et de 6,0 millions d’euros en 2016. La DIE étudie la possibilité d’étendre ce type de convention à d’autres associations ain de récupérer, au sein du budget de l’OWD, une partie des réserves constituées par les asso- ciations. Dans son plan de prévention transmis au ministre fonctionnel, la DIGD a évalué à 0,7 million d’euros ces recettes nouvelles provenant des cotisations à percevoir de Bebat et Recupel. La Cour des comptes ne peut qu’encourager l’administration à poursuivre dans cette voie ; elle a toutefois relevé que le montant estimé de 0,7 million qui pourrait être récupéré auprès de Bebat et Recupel paraît assez faible au regard des réserves accumulées par ces deux associations. Il importe également, comme c’est le cas pour le fonds des emballages, que la Région wallonne conserve la gestion de l’éventuel fonds qui serait alimenté par ces recettes, ainsi que le pouvoir de décision inale de leur afectation. De manière générale, la Cour estime qu’il convient de s’assurer que l’ensemble des cotisations versées par les citoyens aux associations de producteurs sont bien utilisées aux ins pour lesquelles elles leur sont versées 347 . Enin, eu égard au montant des réserves accumulées par les organes de gestion, la Cour des comptes estime nécessaire de mener une rélexion sur l’adéquation du montant des cotisa- tions, compte tenu du coût réel des obligations de reprise. Dans sa réponse, l’administration soutient que la création de tels fonds permettrait de inancer le coût de politiques régionales non prises en compte par les secteurs concernés, prévention, propreté, recherche et développement, lutte contre les ilières illégales, etc. 347 Voir l’article 6 de l’arrêté du gouvernement wallon du 23 septembre 2010. Pour sa part, le ministre chargé de l’Environnement a souligné que la déclaration de poli- tique régionale 2014-2019 prévoyait des actions prospectives en la matière, notamment pour conforter l’encadrement réglementaire, exiger une gestion transparente, suivre la bonne exécution des agréments et des conventions environnementales, inclure des objectifs plus ambitieux de prévention, de collecte et de valorisation dans les conventions à renouveler, ainsi que pour évaluer le rapport coûteicacité des obligations de reprise pour le citoyen. 4.3.5 Recours Lors de la promulgation du décret en 2007, l’ensemble des associations a introduit un recours auprès de la Cour constitutionnelle ain de contester la taxe sur les déchets soumis à une obligation de reprise. La Cour constitutionnelle a tranché ce recours en faveur de la Région wallonne. Les associations Recybat, Bebat, Febelauto, Recupel et Recytyre ont introduit un autre recours auprès du Conseil d’État contre l’arrêté du gouvernement wallon du 23 sep- tembre 2010. Il porte sur plusieurs dispositions de l’arrêté, plus particulièrement sur le premier paragraphe de l’article 7 et sur le dernier alinéa de l’article 11. Le premier paragraphe de l’article 7 dispose que « l’obligataire de reprise est tenu de reprendre auprès des personnes morales de droit public, de manière régulière et à ses frais, les déchets ménagers visés à l’article 2 que celles-ci ont collectés sélectivement sauf lorsque les personnes morales de droit public territorialement responsables de la gestion des déchets ménagers attri- buent elles-mêmes le marché de collecte et de traitement des déchets, etou assurent le trans- port etou la collecte des déchets en régie jusqu’ à un point de regroupement ou de traitement établi ». C’est cette possibilité d’attribuer le marché de collecte et de traitement à un autre prestataire qui pose problème aux organismes chargés d’exécuter les obligations de reprise. L’article 11 dispose, pour sa part, que l’agrément d’un organisme chargé par des produc- teurs de remplir leurs obligations inhérentes à l’obligation de reprise est soumis à plusieurs conditions, dont celle de n’exercer directement ou indirectement, notamment par l’entre- mise d’une iliale, aucune activité opérationnelle de gestion des déchets couverts par l’obli- gation de reprise. Or, certaines associations ont clairement la volonté de développer ce type d’activités 348 . L’auditeur du Conseil d’État a d’abord remis un avis préconisant d’annuler certaines dis- positions ou parties de disposition, mais il a inalement proposé l’annulation complète de l’arrêté. Si le Conseil d’État devait annuler l’arrêté, la base juridique redeviendrait l’arrêté du gou- vernement wallon du 24 avril 2002 instaurant une obligation de reprise de certains déchets en vue de leur valorisation ou de leur gestion. Or, cet arrêté ixe des taux inférieurs aux taux minimaux imposés pour certains types de déchets par l’Union européenne, ce qui rendrait indispensable l’adoption rapide d’un nouvel arrêté par le gouvernement wallon. 348 D’après les renseignements recueillis auprès de la directrice de la DIGD, Bebat a déjà construit une usine de tri de déchets de piles en région lamande avec l’accord de l’Openbare vlaamse afvalstofenmaatschappij, la réglementa- tion lamande n’interdisant pas de cumuler les deux activités. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 177

4.4 Taxe favorisant la collecte sélective de déchets ménagers

4.4.1 Objet La taxe favorisant la collecte sélective de déchets ménagers, prévue par les articles 27 à 30 du décret iscal, vise à sanctionner les communes où les quantités de déchets ménagers collectés de manière non sélective dépassent un certain seuil. À partir de l’exercice 2011, ce seuil est ixé à 200 kg pour les communes de moins de 10.000 habitants 349 , à 220 kg pour les communes de 10.000 à moins de 25.000 habitants 350 et à 240 kg pour les communes de 25.000 habitants et plus. La notion d’habitant prend en compte des spéciicités liées à la présence, sur le territoire de la commune, de touristes ou d’étudiants qui y occupent un logement. Les déchets ména- gers 351 visent les déchets collectés de manière non sélective en porte à porte. Les déchets des poubelles de rue et des encombrants ne sont pas repris dans le calcul de cette taxe.

4.4.2 Établissement de la taxe

Redevables Les 262 communes wallonnes sont redevables de cette taxe pour toute tonne de déchets ménagers collectés de manière non sélective dépassant le seuil ixé par le décret iscal. Selon les données communiquées par la DIE, cette limite a progressivement été respectée. En 2012 et 2013, la quantité collectée de déchets ménagers par habitant a dépassé 200 kg dans dix communes, mais, compte tenu du nombre d’habitants, seules deux restaient redevables de cette taxe pour un montant total d’environ 3.000 euros pour les années 2011 et 2012. Quantités de déchets ménagers collectés de manière non sélective Kg par habitant 2009 2010 2011 2012 2013 0-100 44 75 82 82 84 101-150 110 92 85 89 84 151-200 93 85 81 81 80 201-250 15 10 14 10 10 Moyenne 139 132 130 129 129 Données limitées de 258 communes kg par habitant Source : administration 349 240 kg par habitant pour l’exercice 2008 et 220 kg pour les exercices 2009-2010. 350 240 kg par habitant pour l’exercice 2008 et 230 kg pour les exercices 2009-2010. 351 Le décret du 27 juin 1996 déinit la notion de déchets ménagers comme les déchets provenant de l’activité usuelle des ménages et les déchets assimilés à de tels déchets en raison de leur nature ou de leur composition par arrêté du gouvernement wallon. L’arrêté du gouvernement wallon du 10 juillet 1997 établit une liste de déchets susceptibles d’être assimilés aux déchets ménagers à condition qu’ils soient pris en charge par une personne légalement tenue d’assurer l’enlèvement des déchets ménagers. Les déchets assimilés sont les déchets non dangereux provenant des activités économiques de l’artisanat, des commerces, des bureaux et petites industries, ou d’établissements collectifs pouvant utiliser les mêmes circuits d’élimination que les déchets non dangereux des ménages. Déclarations Les déclarations annuelles doivent être rentrées et payées pour le 20 avril de l’année N + 1. Lors de son contrôle, la Cour des comptes a constaté que seules 137 communes avaient rentré leur déclaration relative à l’année 2013, en bonne et due forme, dans ce délai. Au 30 juin 2014, avant l’envoi d’un premier rappel, 50 communes n’avaient toujours pas trans- mis leurs déclarations. Au 17 juillet 2014, 26 communes devaient encore les transmettre 352 . Bien que de nombreuses communes ne rentrent pas leur déclaration dans les délais ixés par le décret iscal, la Cour des comptes a constaté que l’administration n’entame pas direc- tement les procédures légales prévues dans ce cas. La DIE a reconnu qu’un premier rappel n’était envoyé que dans le courant du mois de juin. Elle justiie le délai supplémentaire accordé aux communes par le fait que ce régime ne génère plus aucune recette en raison des résultats de collectes sélectives. Toutefois, à partir de l’exercice 2015 année d’imposition 2014, la DIE adressera un rappel le 20 mai et, le cas échéant, un avis de taxation d’oice dès le 20 juin.

4.4.3 Contrôle des déclarations

Sept contrôles organisés conjointement 353 avec la cellule chargée du contrôle du coût- vérité au cours des années 2010 à 2013 n’ont donné lieu à aucune rectiication de la taxe. L’administration considère dès lors que la systématisation des contrôles sur les données communiquées par les communes ne devrait pas permettre d’augmenter les recettes, compte tenu des objectifs actuels en matière de collecte non sélective des déchets ménagers. Dans sa réponse, le ministre a souligné qu’au vu des tonnages déclarés par les communes, toutes se situent en deçà du seuil taxable et que l’efet incitatif de la taxe en termes de pré- vention n’existe donc plus. Il a signalé que, dans le cadre de la simpliication administra- tive, il avait demandé à l’administration de recenser les taxes inutiles, avec, pour objectif, à terme, de les supprimer si la nécessité d’une taxe « couvercle » ne se justiie pas.

4.5 Taxe sur la détention de déchets

4.5.1 Objet La taxe sur la détention de déchets, visée par les articles 35 à 38 du décret, concerne les déchets non soumis à une autre taxe, détenus en région wallonne. Le redevable est le pro- priétaire de tout immeuble bâti ou non, situé en région wallonne, où sont présents les déchets. Concrètement, les sites concernés sont : • ceux identiiés par l’OWD dans le cadre d’opérations d’assainissement non exécu- tés conformément aux dispositions du décret « sols » 354 ou aux dispositions similaires antérieures ; • ceux identiiés par une police chargée de l’environnement et n’entrant pas dans le cadre d’opérations d’assainissement, tel que déini par le décret iscal. 352 Parmi celles-ci, 13 communes avaient transmis leurs déclarations, mais, à défaut de double signature, elles ne pou- vaient être considérées comme valables par l’administration. 353 Quatre contrôles en 2010, deux en 2011 et un en 2013. 354 Décret du 5 décembre 2008 relatif à la gestion des sols.