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26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 163 Cette situation s’explique de la manière suivante. Les recettes perçues en exécution des chartes cimentières sont de deux types : • d’une part, la taxe résiduelle due par les cimentiers qui n’ont pas traité les quantités de déchets suisantes pour atteindre l’objectif ixé dans la charte ; • d’autre part, les montants rétrocédés par les opérateurs publics à la Région et qui corres- pondent au prix qu’ils auraient dû payer aux cimentiers pour le traitement des déchets en l’absence du mécanisme des chartes et des conventions. Le montant rétrocédé à la Région par les opérateurs est donc égal à la quantité de déchets multipliée par le prix ixé dans le cadre du marché public. Or, ces prix sont généralement inférieurs aux prix de référence déterminés dans les chartes et qui servent à calculer la quantité de déchets 315 à traiter par le cimentier pour atteindre son objectif et être exonéré de la taxe. Dès lors, la diférence entre les prix de référence et du marché génère un manque à gagner pour la Région. Durant la période 2008-2010, cette diférence résulte également du manque de déchets mis à disposition par les pouvoirs publics, les redevables de la taxe étant exonérés pour les quantités de déchets qui ne leur ont pas été présentées. La Cour relève que les conventions ne prévoient aucun mécanisme de sanction à l’encontre des opérateurs publics qui ne respecteraient pas leurs engagements vis-à-vis de la Région wallonne. Dans sa réponse, la DIE a conirmé que les premières chartes cimentières prévoyaient la signature d’une convention entre les opérateurs publics et la Région wallonne, laquelle pré- cisait les montants à rétrocéder à cette dernière. Toutefois, depuis le 1 er janvier 2013, les opé- rateurs publics s’acquittent du montant facturé directement au redevable, en l’occurrence la cimenterie. Ce montant couvre l’ensemble des prestations de traitement de déchets, en ce compris les montants à rétrocéder à l’OWD. Ceux-ci sont dès lors intégrés aux chartes et, de facto, couverts par la garantie bancaire constituée par le redevable 316 . Puisque l’administration estime que ce montant supplémentaire résulte de l’exécution d’un contrat et, de ce fait, ne constitue pas une recette iscale, les montants dus et versés en exé- cution de ces chartes n’alimentent pas le fonds des déchets, mais sont comptabilisés dans les comptes de l’OWD, qui est aussi chargé du suivi et du recouvrement de ces créances. Dans sa réponse, le ministre chargé de l’Environnement a souligné que, même si les recettes sont inférieures aux taxes théoriques, ce régime de charte permet de disposer d’entreprises d’élimination de déchets performantes en région wallonne. Il juge cependant nécessaire d’essayer de se rapprocher au maximum du quota de déchets susceptibles d’être mis à dis- position par les pouvoirs publics et d’étudier les possibilités de réviser le prix de référence repris dans les chartes, sur la base du prix ixé dans le cadre du marché public. La mise en œuvre de la charte doit faire l’objet, pour chaque redevable, d’une évaluation et d’un rapport annuel par l’OWD. Ce rapport doit être soumis à l’approbation du gou- vernement wallon préalablement à l’établissement des déclarations de créance. Bien que 315 L’objectif à atteindre est d’autant plus faible que le prix de référence est élevé. 316 En application de l’article 34, § 1 er 4°, du décret iscal, toute charte comporte au minimum l’engagement du rede- vable de constituer, dès la conclusion de la charte, une garantie bancaire à la première demande au bénéice de la Région, d’un montant équivalent au montant prévisionnel de la taxe qui serait due pour un exercice, et de déposer auprès de la Région une lettre de crédit attestant la constitution de cette garantie. la DGO3 ait transmis chaque année les rapports annuels à son ministre fonctionnel 317 , les rapports relatifs aux exercices 2008 à 2010 n’ont été approuvés que le 9 février 2012 par le gouvernement, tandis que ceux portant sur les années 2011 à 2013 ne le sont toujours pas. Par conséquent, l’Oice n’a pas encore établi les déclarations de créance relatives à ces exercices. D’après les informations communiquées, les montants dus à l’OWD en applica- tion de ces chartes, en ce compris les déclarations de créance 2011 à 2013 à établir, s’élèvent, au 30 juin 2014, à environ 2,9 millions d’euros. Montants restant à percevoir y compris déclarations de créance à établir 2010 2011 2012 2013 Total Taxe résiduelle – 117.000 508.095 283.590 908.685 Rétrocession prestations 155.557 567.420 633.572 647.017 2.003.566 Total 155.557 684.420 1.141.667 930.607 2.912.251 Contentieux 155.557 – – – – Total hors contentieux - 684.420 1.141.667 930.607 2.756.694 Quantité de déchets non traitée en euros La Cour des comptes a relevé que ces recettes sont comptabilisées dans les comptes de l’Oice au moment où elles sont perçues. Or, l’article 80 du décret précité du 15 décembre 2011 précise que « les entreprises régionales demeurent soumises aux dispositions du Titre III 318 des lois coordonnées le 17 juillet 1991 sur la comptabilité de l’État ». L’article 111 de ces lois dispose que « les recettes résultant de la fourniture de biens ou de services sont imputées au budget de l’année au cours de laquelle la fourniture est efectuée. Les autres recettes sont imputées au budget de l’année au cours de laquelle les droits au proit de l’État ont été établis. » La DIE a signalé qu’elle veillerait désormais à imputer les recettes au budget de l’année au cours de laquelle les droits ont été établis. La Cour des comptes a recommandé au gouvernement d’accélérer le processus d’approba- tion des rapports ain de permettre l’établissement des déclarations de créance par l’Oice et leur comptabilisation en produits sans attendre leur paiement. Dans sa réponse, la DIE a également estimé souhaitable d’obtenir une approbation annuelle de l’évaluation et du rapport conformément à l’article 34, § 1 er , alinéa 5, du décret iscal. Le ministre chargé de l’Environnement s’est engagé à accélérer le processus : l’approbation des rapports 2011, 2012 et 2013 est programmée début 2015, et celle du rapport 2014 s’opérera conformément aux dispositions décrétales. 317 Les rapports d’évaluation des chartes pour les exercices 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 ont été transmis au ministre respectivement les 28 août 2009, 2 juin 2010, 17 mai 2011, 27 août 2012 et 4 septembre 2013. 318 Le titre III est consacré aux entreprises d’État. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 165

4.1.7 Non-déductibilité et substitution

Réduction des taxes incinération, co-incinération et subsidiaire Depuis 2004, les taxes environnementales ne sont plus déductibles à l’impôt des sociétés, ce qui crée une distorsion de concurrence entre les opérateurs privés et publics 319 . En com- pensation, les taxes sur l’incinération, la co-incinération et la taxe subsidiaire sur la collecte et la gestion de déchets sont afectées d’un coeicient réducteur de 0,7 pour les redevables soumis à l’impôt des sociétés. D’après les informations communiquées par l’administration, les dépenses iscales liées à l’application de ce coeicient réducteur sont estimées à 530.909 euros pour 2011, à 906.228 euros pour 2012 et à 609.977 euros pour 2013. La taxe subsidiaire vise à établir, pour le redevable, une iscalité identique en cas d’exporta- tion de déchets hors du territoire de la Région wallonne 320 . La Cour des comptes a constaté qu’en appliquant ce coeicient à la taxe subsidiaire pour les déchets mis en CET hors de la région wallonne, la neutralité iscale n’était toutefois plus assurée puisque ce coeicient réducteur n’est pas appliqué en cas de mise en CET sur le territoire wallon. Par conséquent, l’exportation des déchets en vue de leur mise en CET bénéiciait d’un traitement iscal plus avantageux que les déchets mis en CET en région wallonne. Ain de résoudre ce problème, l’administration avait déjà, en juin 2012, suggéré, dans le cadre d’une proposition de modi- ication du décret 321 , d’exclure l’application du coeicient réducteur lors de la mise en CET en dehors du territoire wallon. Le législateur n’avait alors pas pris en compte cette propo- sition. L’application du coeicient réducteur a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2014 par le dispositif du décret contenant le budget des recettes pour l’année 2014 322 . Le décret-pro- gramme, qui entre en vigueur le 1 er janvier 2015, résout ce problème en prévoyant que le coeicient n’est plus d’application pour le calcul du montant de la taxe subsidiaire pour la partie des déchets mis en CET hors du territoire de la Région wallonne. La Cour a également attiré l’attention sur la rédaction erronée de l’article 30 de ce décret, ainsi libellé : « l’article 70, § 1 er du décret du 22 mars 2007 est remplacé comme suit : pour les redevables qui sont soumis à l’ impôt des sociétés, les taxes visées par les chapitres II à V sont, pour les exercices 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013 afectées d’un coeicient de 0,7 ». Or, comme l’article 70 du décret iscal ne comprend qu’un seul paragraphe composé de deux alinéas 323 , le cavalier budgétaire supprime la dérogation pour les mises en CET. La volonté du législateur était pourtant bien de la maintenir et, en pratique, elle l’a été. 319 Les opérateurs privés supportent la taxe de la même manière que les opérateurs publics. Toutefois, la non-déduc- tibilité de la taxe à l’impôt des sociétés augmente la base imposable des opérateurs privés et donc l’impôt qu’ils paient. 320 Voir le point 4.2 Taxes subsidiaire sur la collecte et la gestion des déchets. 321 Note au gouvernement wallon. 322 Article 30 du décret du 11 décembre 2013 contenant le budget des recettes de la Région wallonne pour l’année budgétaire 2014. 323 L’article 70 du décret iscal stipule que « pour les redevables qui sont soumis à l’impôt des sociétés, les taxes visées par les chapitres II à V sont, pour les exercices 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 et 2013 afectées d’un coeicient de 0,7 ». L’ali- néa 2 précise en outre que « par dérogation à l’alinéa 1 er , le coeicient n’est pas d’application aux montants de la taxe sur la mise en C.E.T. des déchets visés aux articles 5 et 6, § 1 er , aux montants de la taxe sur l’incinération des déchets visés aux articles 10, § 2, et 11, § 2, et au montant de la taxe sur la co-incinération de déchets visé à l’article 16, § 2 ».