Évolution des recettes par année iscale

26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 171 Bien que la DIE ait déclaré cibler ses contrôles en fonction des risques 338 , seulement 1,25 des redevables ayant introduit une déclaration sur l’honneur font chaque année l’objet de contrôles administratifs. La DIE devrait en outre réaliser des contrôles sur le terrain, par sondage, ain de s’assurer de l’exhaustivité des informations communiquées par les rede- vables, dans leurs déclarations ou en réponse à des demandes d’information, et de récolter les éléments nécessaires à la détermination de la base imposable en l’absence de déclaration et de taxation d’oice. Elle devrait enin renforcer sa collaboration avec l’unité de la répression des pollutions de la direction de l’anti-braconnage et de la répression des pollutions au sein du département de la police et des contrôles DPC de la DGO3, puisque cette unité est notamment chargée des contrôles des transferts transfrontaliers de déchets et des ilières d’élimination des déchets au sens large. La DIE s’est engagée à répercuter la recommandation de la Cour auprès du DPC et à ins- crire ce point à l’ordre du jour de la prochaine réunion bisanuelle avec ce département. Le ministre chargé de l’Environnement a souligné qu’une rélexion était en cours sur ce point depuis quelques années. Une base de données des constats est en phase de test au DPC. Dès sa mise en application, la DIE y aura accès.

4.3 Taxe sur les déchets soumis à une obligation de reprise

4.3.1 Redevables et base taxable

Le décret a instauré une taxe sur les déchets soumis à une obligation de reprise, laquelle est assortie d’une exonération pour les quantités efectivement reprises. Le décret du 27 juin 1996 dispose en son article 8bis que « le Gouvernement peut imposer aux producteurs une obligation de reprise de biens ou déchets résultant de la mise sur le marché ou de l’utilisation pour leur usage propre de biens, matières premières ou produits en vue d’assurer, dans le respect de la hiérarchie visée à l’article 1 er , § 2, la prévention, la réutilisation, le recyclage, la valorisation etou une gestion adaptée de ces biens ou déchets et d’ internaliser tout ou partie des coûts de gestion ». Il déinit cette obligation de reprise comme une obli- gation de prendre des mesures de prévention des déchets et de faire reprendre, de faire collecter, de faire réutiliser, de faire valoriser, de faire éliminer les biens ou déchets visés par l’obligation de reprise. En vertu de l’article 8bis, § 2, le gouvernement wallon a adopté l’arrêté du 23 sep- tembre 2010 instaurant l’obligation de reprise de certains déchets 339 . 338 Notamment par le biais d’une analyse préalable des informations disponibles quant au statut ou aux activités du déclarant. 339 Les déchets concernés, visés à l’article 2 de l’arrêté du gouvernement wallon du 23 septembre 2010, sont : • les déchets de piles et accumulateurs, • les pneus usés, • les déchets de papier, • les huiles usagées à usage non alimentaire, • les huiles et graisses usagées pouvant être utilisées lors de la friture de denrées alimentaires, • les médicaments périmés ou non utilisés, • les véhicules hors d’usage, • les déchets photographiques, • les déchets d’équipements électriques ou électroniques. La base de la taxe est le nombre de tonnes de déchets résultant des produits mis sur le marché en région wallonne et qui doivent, en vertu de l’obligation de reprise, faire l’objet d’une collecte, d’un recyclage etou d’une valorisation. Le redevable de la taxe en est toutefois exonéré pour le nombre de tonnes de déchets efecti- vement collectés, recyclés etou valorisés au cours de l’exercice en exécution de l’obligation de reprise.

4.3.2 Conventions environnementales

Les producteurs des biens concernés par l’obligation de reprise se sont en général regroupés en organismes de gestion chargés de mettre en œuvre l’obligation de reprise. Des conven- tions environnementales déinissant les responsabilités et les obligations, notamment en termes de stratégie pour atteindre les taux de collecte et de recyclage, ont été signées par la Région wallonne, les fédérations et, le cas échéant, certains organismes de gestion. La direction des infrastructures de gestion des déchets DIGD, pour les déchets ménagers, et la direction de la politique des déchets DPD, pour les déchets industriels, sont char- gées d’adresser au Parlement wallon un rapport bisannuel sur le respect des obligations incombant aux organismes. Cependant, l’administration éprouve de grandes diicultés à vériier les données que ceux-ci lui transmettent et doit le plus souvent se contenter de les reprendre telles quelles 340 . La Cour des comptes a relevé qu’aucune convention environnementale n’a été signée avec le secteur du papier « presse », les fédérations concernées le refusant en raison de l’ampleur des taxes communales sur les toutes-boîtes. L’administration ne dispose donc aujourd’hui d’aucune information lui permettant de s’assurer que ce secteur satisfait à ses obligations de reprise. L’administration a précisé que le secteur des médicaments périmés est également visé et qu’elle envisageait de recourir à d’autres instruments pour s’assurer que les fédérations qui refusent de conclure une convention environnementale respectent leurs obligations de reprise.

4.3.3 Évolution des recettes par année iscale

En raison des diicultés de contrôler le respect des obligations et de la complexité des calculs déterminant la part à collecter des déchets de chaque type , la taxe sur l’obligation de reprise n’a jamais été mise en œuvre. La diiculté essentielle réside dans l’évaluation de la part de chaque « produit » entrant en région wallonne et ce, pour les raisons suivantes : les données ne sont disponibles que pour la Belgique 341 ; des produits peuvent être achetés à l’étranger et importés en Belgique ; 340 En ce qui concerne certains déchets industriels et plus précisément l’obligation de reprise des véhicules hors d’usage, des pneus et des batteries, des rapprochements peuvent être efectués par rapport aux immatriculations de voitures. 341 L’application d’un coeicient par habitant ne donne pas nécessairement des résultats iables pour estimer les don- nées régionales. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 173 les ventes de producteurs non ailiés 342 aux organismes peuvent ne pas être répertoriées, soit parce que les producteurs ont introduit un plan de gestion collectif, soit parce qu’ils fraudent ou ignorent la législation. La DIE a néanmoins préparé des modèles de déclaration pour chaque type de produit concerné ain d’estimer les quantités à collecter et réellement recyclées. Ces déclarations n’ont cependant jamais été transmises aux redevables, car l’administration estime qu’elle ne peut, en matière iscale, déterminer la base taxable à l’aide de méthodes approximatives. En outre, les simulations réalisées par la DIE sur la base des données igurant dans les rap- ports de la DIDG et de la DPD ain d’évaluer le rendement potentiel de la taxe en cas de non-respect des obligations des producteurs montrent que les taux de collecte et de recy- clage seraient systématiquement atteints, de sorte qu’aucune taxe ne serait due. Toutefois, la Cour des comptes considère que ces résultats doivent être interprétés avec prudence, car les données utilisées ne peuvent, dans la plupart des cas, être vériiées par la DIGD, chargée du suivi des conventions environnementales. La Cour a conclu que cette taxe est, dans les circonstances actuelles, diicilement applicable. L’administration a pris acte de la conclusion de la Cour sur l’inapplicabilité de cette taxe et apporté des précisions supplémentaires. Comme mentionné dans son évaluation du décret iscal du 22 mars 2007 après sept années de mise en œuvre, qu’elle a transmis au ministre chargé de l’Environnement le 3 octobre 2014, il s’avère diicile de ixer des méthodes appro- priées. La DIE admet que trop de données résultent actuellement d’estimations, inutili- sables en matière de taxation. En outre, la rentabilité de cette taxe serait quasi nulle si l’on s’en réfère aux simulations réalisées à partir des données actuellement connues en termes de collecte. Elle estime également que le coût lié au contentieux iscal risque d’être élevé pour la Région, tant en termes de personnel que de coûts de procédure. Dans le bilan précité, l’administration a proposé de supprimer ce régime iscal trop dépen- dant d’évaluations et d’estimations. Toutefois, elle estime nécessaire de poursuivre la rélexion sur l’amélioration de la prévention dans les obligations de reprise des piles et des déchets d’équipements électriques ou électroniques. La proposition d’envisager la création de fonds Bebat et Recupel, à l’instar de ce qui existe pour Fost+, a d’ailleurs été formulée lors des travaux préparatoires du nouveau plan wallon des déchets.

4.3.4 Réserves constituées par certaines associations de producteurs

Il ressort des rapports annuels rendus par les associations de redevables que certaines d’entre elles ont constitué des réserves grâce aux cotisations 343 que leur versent les produc- teurs, lesquelles sont, in ine, répercutées sur les consommateurs. C’est principalement le cas de Recupel, Bebat et Fost+. 342 Appelés « free-riders », ces producteurs restent en dehors des associations et ne se conforment pas aux obligations de reprise. La DIGD et la DPD doivent les rechercher. 343 Lors du contrôle, l’administration a transmis une étude juridique concernant la nature de ces montants. Cette étude conclut qu’ils ne constituent ni une taxe ni une redevance, principalement parce qu’ils ne sont pas perçus par l’autorité publique pour être afectés à ses services. Ces montants doivent être considérés comme des cotisations sui generis.