Contrôle des déclarations

La Cour des comptes a relevé que le décret iscal contient une disposition visant à éviter l’application d’une double sanction pénale ou administrative, d’une part, et iscale, d’autre part. Elle constate donc que la DIE ne pourrait transmettre une déclaration iscale que si elle a reçu : • soit un procès-verbal relatif à l’abandon de déchets pour lequel un fonctionnaire sanc- tionnateur a décidé de ne pas imposer d’amende administrative et dont l’auteur et les quantités concernés sont connus ; • soit un procès-verbal du département de la police et des contrôles relatif à l’abandon de déchets et dont l’auteur et les quantités concernés sont connus. Ces cas paraissant improbables, la Cour des comptes s’est interrogée sur la pertinence de cette taxe et de son maintien dans l’arsenal iscal de la Région wallonne. Dans sa réponse, l’administration a signalé que dans son évaluation du décret iscal du 22 mars 2007 dont il est question ci-avant, elle a, dans un souci de simpliication adminis- trative et de clarté juridique, proposé de supprimer ce régime de taxation. Dans ce cas, une adaptation de l’article 35, § 2, du décret iscal devrait intervenir pour permettre d’exonérer le détenteur de déchets si la présence de ces derniers est imputable à un tiers condamné pénalement, ou qui a conclu une transaction ou s’est vu inliger une amende administrative. 5 Comptabilisation des droits L’article 19 du décret du 15 décembre 2011 précité indique que « sans préjudice des dispo- sitions en matière de taxes et d’ impôts, chacun dans leurs compétences, les ordonnateurs constatent les droits à la charge des tiers. Ils leur notiient au moins l’objet de la créance, la somme à payer, les modalités de paiement et la date d’ échéance. Les droits constatés sont imputés dans la comptabilité et sont simultanément communiqués à un receveur. » Pour qu’un droit soit constaté, le décret précité précise les quatre conditions qui doivent être remplies : • le montant est déterminé de manière exacte ; • l’identité du débiteur ou du créancier est déterminable ; • l’obligation de payer existe ; • une pièce justiicative est en possession de l’entité. Par ailleurs, l’article 16 du décret signale que les droits constatés au 31 décembre de l’année budgétaire qui ne sont pas imputés au budget de cette année avant le 1 er février de l’année suivante appartiennent d’oice à cette nouvelle année budgétaire. Par conséquent, les droits constatés en année N peuvent encore être comptabilisés jusqu’au 31 janvier de l’année N + 1. En matière de déchets, les redevables déclarent et paient leurs taxes selon les périodici- tés ixées par le décret iscal. Au début de chaque année, ils reçoivent leurs déclarations auxquelles sont joints les bordereaux de paiement, assortis d’une communication structu- rée par déclaration 370 . Si la communication structurée est correcte, le paiement et le droit sont imputés simultanément et automatiquement en comptabilité. Pour les paiements 370 Représentative du trimestre versé. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 183 assortis d’une communication structurée erronée, la direction de la comptabilité de la DGO7 procède à la création manuelle d’un droit et au rattachement de ce droit au paiement. Les taxes qui génèrent les principales recettes iscales en matière de déchets font l’objet de déclarations trimestrielles. Elles doivent être déclarées et payées pour le 20 e jour du mois qui suit le trimestre concerné. Ainsi, les déclarations relatives au quatrième trimestre de l’année N doivent être rentrées et payées pour le 20 janvier de l’année N + 1. À défaut de rentrée de la déclaration ou du paiement dans le délai, la taxe est enrôlée. Lorsque le rôle est rendu exécutoire, un droit est créé et imputé en recettes. En vertu des règles d’imputation ixées par le décret du 15 décembre 2011, les recettes issues des déclarations relatives au quatrième trimestre de l’année N rentrées pour le 20 janvier de l’année N + 1 ne peuvent être rattachées à l’année N, car l’ordonnateur ne peut, en prin- cipe 371 , constater les droits relatifs au quatrième trimestre pour le 31 décembre de l’année N, les quatre conditions imposées par le décret n’étant pas remplies à cette date. Par contre, les droits constatés relatifs aux taxes ou aux amendes qui font l’objet d’un enrô- lement doivent être enregistrés dans le compte d’exécution du budget lors de l’établisse- ment de l’avertissement-extrait de rôle. Le principe d’imputation sur la base des droits constatés prévaut également dans le cadre du système européen de comptabilité nationale SEC. À propos de la comptabilisation des impôts, le règlement SEC 2010 précise notamment que « conformément au principe d’en- registrement sur la base des droits constatés, les impôts doivent être enregistrés lorsque se produisent les activités, les opérations ou les autres événements à l’origine de l’obligation de payer l’ impôt et non lorsque les paiements sont censés être efectués ou sont réellement efectués [...]. En règle générale, ce montant correspond à celui où le revenu est acquis ou l’opération générant la créance a lieu, dans la mesure où la créance iscale peut être mesurée de façon iable. Les diverses dispositions institutionnelles relatives à l’ imposition existence ou non d’avis d’ imposition, par exemple rôles de perception peuvent conduire dans la pra- tique à recourir à diférentes méthode d’enregistrement, en fonction des caractéristiques de l’ impôt. Ainsi, en particulier lorsqu’ il n’existe pas d’avis iables ou que les montants jugés irrécouvrables ne peuvent être estimés avec certitude, la méthode d’enregistrement sur une base de caisse ajustée dans le temps est considérée comme un substitut acceptable des droits constatés. » La Cour des comptes a relevé qu’en matière de taxes déchets, la créance iscale relative au quatrième trimestre de l’année ne peut être mesurée de façon iable au 31 décembre ; elle ne peut l’être que lors de la rentrée des déclarations, qui, en principe, est concomitante aux paiements et intervient au plus tard le 20 janvier de l’année suivante. 6 Recouvrement Le receveur en matière de taxes déchets, qui relève de la direction du recouvrement externe de la DGO7, est habilité à procéder au recouvrement des droits constatés à la charge des tiers. 371 À l’exception des cas de déclarations anticipées des redevables.

6.1 Base de données des droits

Lors de son contrôle, la Cour des comptes a constaté que l’administration iscale ne dis- posait d’aucune application informatique spéciique pour assurer le recouvrement de ces taxes. Les seules informations disponibles sont celles du GCOM-Recettes, mais elles ne sont pas directement exploitables par l’administration iscale. En efet, faute de pouvoir disposer de l’outil de rapportage pour le module spéciique réservé aux taxes déchets, elle est tributaire du prestataire informatique pour extraire sous format exploitable les données relatives à l’encours des droits constatés. Le système comptable de la Région ne lui permet donc pas d’obtenir directement une vue globale des droits composant l’encours et d’en suivre l’évolution. En outre, les informations contenues dans le GCOM ne sont pas exhaustives. En particulier, les droits constatés relatifs aux anciennes taxes sur les déchets non ménagers relevant du régime du droit commun n’y sont pas enregistrés. L’administration iscale gère ces droits antérieurs à l’aide d’un tableur. Le service du receveur des taxes déchets a entamé la réalisation d’une base de données sur tableur pour assurer le suivi de toutes les taxes sur les déchets, mais elle n’est pas encore opérationnelle. Puisque cet outil ne permet aucune traçabilité des modiications opérées et que son accès n’est pas limité, la protection des données qu’il contient n’est pas garan- tie. Dès lors, la Cour a recommandé à l’administration de se doter des outils nécessaires pour opérer un suivi eicace des créances iscales en matière de taxes sur les déchets. Elle considère que la tenue d’une comptabilité générale en partie double à l’aide d’un logiciel comptable adapté favoriserait un meilleur suivi de ces créances. Selon l’administration, le développement futur de l’application Pereisc, actuellement des- tinée à la gestion des taxes sur les véhicules et de la redevance télévision, devrait permettre à terme d’intégrer la gestion des autres taxes, dont celles relatives aux déchets.

6.2 Séparation des fonctions d’ordonnateur et de receveur

En vertu de l’article 7 de l’arrêté du 16 novembre 2000 portant exécution du décret du 6 mai 1999, les rôles en matière de taxes déchets doivent être formés par l’inspecteur général de l’OWD et rendus exécutoires par l’inspecteur général du département de la iscalité immobilière et environnementale de la DGO7 372 . Cette disposition est conforme à l’article 19 du décret du 15 décembre 2011 précité selon lequel « chacun dans leurs compé- tences, les ordonnateurs constatent les droits à la charge des tiers ». La Cour des comptes a relevé qu’en pratique, le receveur intervient dans la procédure de formation du rôle. Sur la base des notes de calcul validées dans le logiciel Coditax par la DIE, le receveur génère automatiquement, au départ du GCOM, les propositions de rôle. Après vériication et accord de la DIE, ces propositions sont soumises à la signature de l’inspecteur général de l’OWD pour achever la formation du rôle et du directeur général de la DGO7 ain d’être rendus exécutoires. Le receveur procède alors, dans le GCOM, à l’encodage de la date d’exécution du rôle et de sa date de notiication au redevable, ce qui 372 Ou le fonctionnaire qui exerce cette fonction ou le fonctionnaire délégué par lui.