Désignation de l’administrateur général

Par ailleurs, le traité du 2 mars 2012 sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union européenne et monétaire oblige les États membres à présenter une situation budgétaire en équilibre de façon structurelle. En tant que composante de l’État « Belgique », les pouvoirs locaux sont indirectement concernés par cette obligation.

1.2 Mesures prises par la Région wallonne pour satisfaire aux nouvelles exigences

européennes Les prescriptions européennes évoquées ci-avant nécessitent la modiication du cadre légal et réglementaire des provinces et des communes. Ce processus est toujours en cours. Pour garantir l’application de ces prescriptions à la date du 1 er janvier 2014, le ministre régio- nal de tutelle les a, dans un premier temps, imposées aux pouvoirs locaux, par la voie d’une circulaire 159 . Par la suite, l’article 90 du décret du 11 décembre 2013 contenant le budget général des dépenses de la Région wallonne pour l’année budgétaire 2014 a ixé les nouvelles règles applicables aux budgets et aux comptes des pouvoirs locaux durant l’année 2014. Les principales mesures prises dans ce cadre sont synthétisées ci-après.

1.2.1 Création du programme e-comptes

L’obligation de consolider les données comptables de l’État « Belgique », sous la forme du système européen des comptes économiques intégrés 1995 160 SEC 95, porte également sur les comptes des pouvoirs locaux. À l’heure actuelle, la structure des comptes annuels des provinces 161 , régie par l’arrêté royal du 2 juin 1999 portant le règlement général de la comp- tabilité provinciale 162 et par ses arrêtés ministériels d’exécution, ne permet pas l’intégration directe des données dans le format SEC. C’est pourquoi le gouvernement wallon a mis en place le programme e-comptes, qui restructure les données comptables que les provinces lui communiquent via un ichier informatique normalisé.

1.2.2 Nouveau calendrier budgétaire et comptable

Le gouvernement wallon a modiié le calendrier légal du vote du budget et de l’arrêt des comptes des provinces, de manière à disposer plus rapidement et plus régulièrement de leurs données budgétaires et comptables. Avant le 1 er janvier 2014, le collège provincial était tenu de soumettre au vote du conseil le projet de budget de l’exercice suivant au cours du mois d’octobre. Les nouvelles prescriptions de l’Union européenne imposent à l’État « Belgique » de transmettre un projet de budget provisoire incluant l’ensemble de ses composantes, en ce compris les pouvoirs locaux, pour le 15 octobre au plus tard. C’est pourquoi le gouvernement wallon impose actuellement aux provinces de lui présenter un projet de budget provisoire 159 Circulaire du ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville et du Tourisme du 23 juillet 2013 intitulée Mesures prises par l’Union européenne dans le cadre du contrôle et de la publicité des données budgétaires et comptables. Traduction des données comptables et budgétaires des pouvoirs locaux en SEC 95. 160 À partir du 1 er septembre 2014, sous la forme du SEC 2010. 161 Ainsi que des communes. 162 Désigné ci-après « l’arrêté royal ». 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 105 pour le 1 er octobre au plus tard. Ce document préigurera le budget déinitif, qui devra être voté pour le 31 décembre et sera seul à être soumis à la tutelle régionale et à l’avis de la Cour des comptes. Avant le 1 er janvier 2014, le compte budgétaire devait être arrêté par le conseil au mois d’oc- tobre de l’année suivante. Désormais, il doit être approuvé à une date permettant sa trans- mission à la Région pour le 1 er juin au plus tard. Un compte provisoire doit également être soumis à la Région pour le 15 février. Ce document n’est soumis ni à la tutelle ni à la Cour des comptes. En 2014, les provinces du Brabant wallon, de Liège et de Luxembourg ont pu respecter le nouveau calendrier, après avoir transmis leurs comptes à la Cour dans des délais lui per- mettant d’exercer sa mission de contrôle préalablement à leur arrêt par le conseil provin- cial 163 . En revanche, ceux des provinces de Namur et de Hainaut n’ont été arrêtés par leur conseil respectif que les 20 et 24 juin 2014 164 . Par ailleurs, la Cour a constaté que toutes les provinces avaient bien communiqué à la Région leur compte budgétaire provisoire pour le 15 février 2014. Dans ses rapports relatifs aux comptes annuels 2013, la Cour a relevé que ce nouveau calen- drier soulevait un problème d’ordre réglementaire. En efet, l’article 49, § 2, de l’arrêté royal, qui prévoit la transmission des comptes des receveurs spéciaux à la Cour des comptes avant le 1 er juillet suivant l’année à laquelle ils se rapportent, n’a pas, à ce jour, été adapté. Il en résulte que la Cour n’a pas la garantie de pouvoir disposer de ces comptes particuliers, dont les opérations doivent être intégrées dans les comptes généraux, dans des délais lui permettant d’en réaliser le contrôle avant l’arrêt des comptes généraux par les conseils.

1.2.3 Obligation d’équilibre à l’exercice propre

Dans sa circulaire précitée du 23 juillet 2013, le ministre régional de tutelle a invité les pro- vinces à tendre vers l’équilibre à l’exercice propre dans leur budget 2014 et les a informées qu’à défaut, le gouvernement wallon leur imposerait un dispositif contraignant garantis- sant le retour à l’équilibre dès 2015. Quant à l’article 90 du décret budgétaire précité, il impose aux provinces, à défaut d’équilibre à l’exercice propre du budget ordinaire 165 , de pré- senter un plan de convergence au gouvernement wallon. Ce plan doit prévoir la date estimée de retour à l’équilibre à l’exercice propre, ainsi que les mesures prises pour le retrouver. Avant le 1 er janvier 2014, l’obligation de l’équilibre budgétaire se limitait à l’exercice global, c’est-à-dire tenant compte également des opérations de prélèvement et du résultat des exercices antérieurs. Néanmoins, depuis plusieurs années, le ministre régional de tutelle recommandait déjà, dans sa circulaire budgétaire annuelle, que l’équilibre soit atteint à l’exercice propre. 163 La Cour a adopté ses rapports sur les comptes annuels 2013 des provinces du Brabant wallon et de Liège le 15 mai 2014. Celui portant sur les comptes 2013 de la province de Luxembourg l’a été le 22 mai 2014. 164 La Cour a adopté ses rapports sur les comptes annuels 2013 des provinces de Namur et de Hainaut respectivement les 10 et 19 juin 2014. 165 Le service ordinaire du budget est l’ensemble des recettes et des dépenses qui se produisent au cours de chaque exercice inancier et qui assurent à la province des revenus et un fonctionnement réguliers, en ce compris le rem- boursement périodique de la dette article 1 er , 1°, de l’arrêté royal. Lors de l’analyse des projets de budget, la Cour vériiait attentivement le respect de cette recommandation, devenue aujourd’hui une obligation. Elle attirait régulièrement l’atten- tion des conseils provinciaux sur les éventuelles surestimations de recettes ou sous-estima- tions de dépenses susceptibles de mettre en péril l’équilibre budgétaire. Par ailleurs, lors de l’examen des comptes, elle évaluait la qualité des prévisions et celle du contrôle budgétaire en comparant les soldes ex ante avec les soldes ex post.

1.3 Objet de l’analyse

La Cour a compilé les données budgétaires, comptables et inancières des provinces au cours des sept dernières années : les six ans 2007 à 2012 de la mandature écoulée et la première année 2013 de la mandature actuelle. Elle en a dégagé des enseignements à la lumière des nouvelles prescriptions européennes, en vue de dresser un état de la situation budgétaire et inancière des provinces. Les résultats de ce travail ont été communiqués le 7 octobre 2014 au ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l’Énergie du gouvernement wallon, ain de lui per- mettre de réagir. Celui-ci n’a pas répondu à la Cour. Par ailleurs, ces résultats ont été adres- sés, pour information, aux présidents des cinq conseils provinciaux. 2 Analyse des données de la comptabilité budgétaire

2.1 Budget ordinaire

2.1.1 Résultats budgétaires de l’année

Le tableau suivant reprend les résultats budgétaires de l’année des cinq provinces wal- lonnes pour les exercices 2007 à 2013. Le résultat budgétaire de l’année constitue la difé- rence entre les recettes droits constatés nets et les dépenses engagements de l’exercice. Ce résultat intègre donc les opérations de prélèvement, mais ne prend pas en compte le boni ou le mali cumulé des exercices antérieurs. Évolution des résultats budgétaires ordinaires de l’année 2007-2013 Résultats de l’année Brabant wallon Hainaut Liège Luxembourg Namur Moyenne 2007 0,44 - 13,72 - 7,79 - 1,11 - 0,41 - 4,52 2008 1,62 - 4,98 3,35 4,13 3,45 1,51 2009 - 12,46 - 11,61 - 2,07 2,29 2,92 - 4,18 2010 2,09 4,14 - 15,53 - 6,29 - 1,04 - 3,33 2011 - 0,85 0,55 - 5,21 0,60 2,07 - 0,57 2012 15,42 8,58 - 1,66 - 4,57 - 1,50 3,25 2013 - 7,21 3,05 11,66 1,32 - 3,54 1,06 Moyenne - 0,13 - 2,00 - 2,46 - 0,52 0,28 - 0,97 en millions d’euros La moyenne des résultats budgétaires des cinq provinces, qui s’élevait à - 4,5 millions d’euros en 2007, s’établit à 1,1 million d’euros au 31 décembre 2013. Les résultats de chacune des cinq provinces évoluent en dents de scie. Quelques tendances peuvent toutefois être dégagées. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 107 Brabant wallon Les déicits signiicatifs observés en 2009 et 2013 s’expliquent par l’importance des dépenses de prélèvement 166 au proit du service extraordinaire et des fonds de réserve. Ces prélèvements sont inancés par les bonis cumulés des exercices antérieurs. Hainaut Les résultats budgétaires sont restés négatifs jusqu’en 2009. Les mesures adoptées par la province – évaluation plus prudente des prévisions de recettes notamment celles en matière d’additionnels au précompte immobilier et réalisation de diverses économies – ont permis le retour à des résultats budgétaires positifs depuis 2010. Liège Jusqu’en 2012, les comptes se clôturaient systématiquement par un mali 167 , en raison notam- ment des importantes dépenses de prélèvement efectuées au proit du budget extraordi- naire et des fonds de réserve. L’augmentation des centimes additionnels au précompte immobilier a contribué au retour d’un solde positif en 2013. Luxembourg Diférents facteurs expliquent la luctuation des résultats budgétaires. L’accroissement des centimes additionnels au précompte immobilier en 2008 a permis le retour à un solde positif. L’importance des opérations de prélèvement en 2010 7,5 millions d’euros a entraîné un nouveau déicit. D’une façon générale, la situation budgétaire et inancière de la province est inluencée négativement par la surévaluation systématique des prévisions de recettes iscales 168 , laquelle permet l’inscription de crédits de dépenses qui sont consommés et donnent lieu à des décaissements supérieurs aux encaissements. Récemment, la stagna- tion des recettes d’additionnels a encore accentué ce phénomène. Depuis plusieurs années, la Cour recommande à la province de faire preuve de davantage de réalisme dans l’élaboration de ses prévisions de recettes. Namur L’amplitude de la luctuation des résultats est demeurée limitée et aboutit à une moyenne positive. Les déicits budgétaires observés résultent de l’importance des dépenses de prélèvement. 166 Lorsqu’un surplus se dégage au budget ordinaire, il peut être utilisé pour alimenter des fonds de réserve ordinaire ou extraordinaire et peut également être transféré vers le budget extraordinaire ain de participer au inancement des dépenses de ce budget, ce qui a pour efet de réduire le recours à l’emprunt. 167 Sauf en 2008. 168 Tant en ce qui concerne les centimes additionnels au précompte immobilier que les taxes provinciales.