Objet Taxe subsidiaire sur la collecte et la gestion des déchets

26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 179 Toutefois, la taxe n’est pas due si le plan de réhabilitation ou les travaux d’assainissement sont exécutés selon les prescriptions arrêtées par les autorités compétentes. La Cour des comptes a constaté que les montants restant dus pour des années précédentes sont parfois annulés lorsque les travaux de réhabilitation ou d’assainissement sont réalisés. Bien que l’objectif poursuivi par la taxe soit atteint si le site est assaini, la Cour a relevé que cette annulation de la taxe avec efet rétroactif n’était pas prévue par le décret. Dans sa réponse, le ministre a souligné que l’annulation de la taxe était liée à une procé- dure relative à l’application du décret iscal du 25 juillet 1991 concernant le régime du droit commun. Depuis l’instauration du décret du 22 mars 2007, plus aucune taxe n’est annulée, sauf en cas de recours administratif dûment motivé et relevant d’éléments probants.

4.5.2 Évolution des recettes iscales

Évolution des taxes sur la détention de déchets 2011 2012 2013 Dû Perçu Dû Perçu Dû Perçu Taxe sur la détention de déchets 1.082.664 5.109 – – – – en euros Les recettes iscales générées par cette taxe dissuasive sont faibles.

4.5.3 Établissement de la taxe

Pour établir cette taxe, l’administration doit disposer de données précises 355 , ce qui, selon les informations communiquées, n’est pas toujours le cas. Cette situation fragilise la taxa- tion en cas de contestation du redevable et génère d’ailleurs l’essentiel du contentieux 356 . En outre, la taxe ne vise que le propriétaire du site pollué alors que celui-ci n’est pas néces- sairement le titulaire des obligations en matière d’assainissement 357 . Sur les treize dossiers pour lesquels une procédure de taxation pour la détention de déchets a été lancée au cours de l’année 2013, l’administration a transmis un avis de rectiication à sept redevables et un avis de taxation d’oice à cinq autres. La DIE ne réalise pas d’inspection sur le terrain pour découvrir de nouveaux sites pollués, mais travaille en collaboration avec le DPC, le service environnement de la police judiciaire fédérale, la direction de la protection des sols DPS et le Parquet. 355 Nom du propriétaire du site pollué, références des parcelles cadastrales concernées, nature et cubage des déchets concernés. 356 Les dossiers relatifs à la taxe sur la détention de déchets sont ceux qui font l’objet de la majorité des recours judi- caires. Sur les six recours judiciaires introduits au cours des trois dernières années, quatre concernent cette taxe. 357 L’article 22 du décret du 5 décembre 2008 relatif à la gestion des sols stipule que les titulaires des obligations sont : • l’auteur ou l’auteur présumé de la pollution du sol ou de l’abandon des déchets ; • l’exploitant, lorsque l’auteur présumé ou les auteurs sont diicilement identiiables, lorsque l’auteur est insol- vable ou dispose de sûretés inancières insuisantes, ou encore lorsqu’aucun des auteurs ne peut se voir imputer la responsabilité ; • à défaut, le propriétaire, l’emphytéote, le supericiaire, l’usufruitier du terrain désigné par l’administration, lorsqu’un titulaire ne peut être identiié ou que tout autre titulaire est insolvable ou diicilement identiiable. De nouveaux moyens de pression en vue d’obtenir l’assainissement des sites pollués sont apparus dans le cadre du décret du 5 décembre 2008 relatif à la gestion des sols. La DPS peut désormais intervenir directement en imposant la réalisation d’une étude d’orientation ainsi que, le cas échéant, celle d’une étude de caractérisation et de travaux d’assainisse- ment 358 , ce qui a induit une diminution du nombre de dossiers transmis à la DIE. En outre, parmi les sites déjà répertoriés comme pollués dans le cadre de l’ancien régime de taxation dit « du droit commun » 359 , ceux où la pollution concernait plus spéciiquement le sol et pour lesquels un plan de réhabilitation n’avait pas été déclaré recevable à la date d’en- trée en vigueur du décret du 5 décembre 2008 360 ont été gérés dans le cadre de ce décret. Ils sont donc sortis de la liste de dossiers visés par la procédure de taxation. Seuls les sites faisant l’objet d’une pollution par des déchets inertes etou ceux pour lesquels un plan de réhabilitation 361 avait été introduit et déclaré recevable avant la date d’entrée en vigueur du décret du 5 décembre 2008 sont toujours concernés par le régime de taxation de la détention de déchets. Par ailleurs, quelques dossiers dont les données nécessaires à la taxation 362 étaient incom- plètes ou imprécises ont été transmis au DPC pour un contrôle sur place et un nouveau cubage du volume de déchets présents 363 . Certains dossiers ont cependant dû être abandon- nés, faute de données suisantes. La DIE a conirmé dans sa réponse que, pour obtenir une base taxable correcte, l’adminis- tration a besoin de données précises et complètes concernant la parcelle, le propriétaire et le cubage visés. L’absence de cubage précis rend impossible l’action iscale sous peine de se faire débouter lors du contentieux judiciaire. La DIE a ajouté qu’elle insisterait à nouveau sur ce point lors de la prochaine réunion de concertation bisannuelle avec le DPC. Dans certains cas, les contrôles du DPC ont révélé qu’il n’existait plus de déchets sur les sites concernés. Selon une note interne à l’administration, une décision d’annulation de la taxe a été prise pour un certain nombre de dossiers antérieurs à 2008. Ils concernaient des sites assainis ou débarrassés des déchets présents. La Cour des comptes a relevé qu’en l’absence de preuve de l’évacuation des déchets vers un centre de traitement, d’enfouisse- ment ou d’incinération agréé, le risque existe que ces déchets aient été transférés sur un autre site ou abandonnés dans la nature. La Cour recommande donc d’exiger la production des preuves de l’évacuation des déchets vers une ilière autorisée avant d’annuler la taxe. 358 Le fait de ne pas respecter ces obligations constitue une infraction de deuxième degré au code de l’environnement, qui est passible d’un emprisonnement de huit jours à trois ans et d’une amende d’au moins 100 euros et au maxi- mum de 1 million d’euros ou d’une de ces peines seulement. 359 Instauré par le décret du 25 juillet 1991 relatif à la taxation des déchets en région wallonne. 360 Le 18 mai 2009. 361 Plan de réhabilitation introduit en vertu du décret du 25 juillet 1991 relatif à la taxation des déchets en région wal- lonne ou du décret iscal du 22 mars 2007 favorisant la prévention et la valorisation des déchets en région wallonne. 362 Identité du redevable, localisation cadastrale de la parcelle et volume de déchets dangereux ou non présents sur le site. 363 La contestation du redevable porte le plus souvent sur le cubage des déchets présents sur son terrain. Dans ce cas, une visite sur place est demandée au DPC. Celui-ci dispose de télémètres permettant d’établir avec précision le cubage de déchets. Cependant, dans certains cas, les déchets ont percolé dans le sol, réduisant le cubage et com- pliquant la détermination du volume à considérer comme un déchet. Dans les cas les plus diiciles, il est fait appel aux services de géomètres.