Suivi des recommandations Cycle des achats

Outre la participation au capital 3,03 millions d’euros, la Région wallonne est égale- ment intervenue dans la couverture des frais de fonctionnement de cette société. Pour les années 2011 et 2012, les montants imputés à ce titre au budget de la Région wallonne se sont élevés respectivement à 520.000 euros et 544.000 euros. Cette société, dont le siège social a été établi dans les locaux de l’Issep, avait pour objectif de constituer une plateforme de coordination d’activités de recherche et de développement commune. Dans le cadre d’une convention de concession, l’Institut a mis à sa disposition des infrastructures pour lui permettre d’exercer ses activités de recherche et développement 145 . La société devait assurer, à ses frais, la remise à niveau, l’entretien et l’utilisation de ces installations. La convention prévoyait toutefois que tous les travaux et aménagements, considérés comme immeubles par nature ou par incorporation, restaient, sans contrepar- tie, propriété de l’Issep. L’accord de partenariat prévoyait également la mise à disposition de membres du personnel de l’Issep, moyennant refacturation des frais. La société ETP-W a été mise en liquidation en septembre 2012. Puisque du personnel de l’Institut restait toujours à sa disposition, celui-ci a continué à établir des déclarations de créances en vue de récupérer le montant de leurs traitements. Alors que les déclarations de créances adressées à ETP-W pour les six premiers mois de l’année 2013 173.364 euros ont été honorées, celles relatives au second semestre 2013 173.360 euros ont été, à la demande du ministre, annulées par notes de crédit. Selon la Cour des comptes, dans la mesure où ces déclarations de créances n’ont fait l’objet d’aucune contestation oicielle, l’établissement de notes de crédit n’était pas justiié. Bien que la société se trouve dans une procédure de mise en liquidation au cours de laquelle le liquidateur désigné devra opérer une répartition des actifs réalisés, seule une réduction de valeur aurait dû être actée dans les comptes de l’Institut ain de prendre en compte le risque de non-récupération de ces créances 146 . D’après les informations communiquées par l’Issep, l’actif net d’ETP-W s’élève aujourd’hui à 500.000 euros : par conséquent, la participation wallonne de 3,03 millions d’euros aurait perdu une grande partie de sa valeur. En outre, par avenant à la convention initiale, la convention de concession a été cédée à l’ASBL Centre de recherche métallurgique en date du 1 er janvier 2014 147 , alors que la conven- tion conclue entre l’Issep et la société ETP-W en dissolution excluait toute possibilité de céder « directement ou indirectement, notamment par scission, apport de branche d’activi- tés », la concession à des tiers 148 . 145 La concession des installations de l’Issep a été accordée pour une durée de dix ans moyennant paiement d’une redevance annuelle de 2.500 euros. 146 Au 15 juin 2014, la dissolution de la société n’avait pas encore été prononcée par le tribunal de commerce. 147 En présence et avec l’accord de l’Issep représenté par son ministre de tutelle. 148 Article 16 de la convention de concession. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 85 Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique – Contrôle des comptes 2011 et 2012 Lors du contrôle des comptes 2011 et 2012 de l’Institut wallon de l’ évaluation, de la prospec- tive et de la statistique, la Cour des comptes a assuré un suivi de ses précédentes recomman- dations en matière de règles d’ évaluation, de délégations de pouvoir et de comptabilité des engagements. Elle a par ailleurs constaté une sous-consommation récurrente de certains crédits, l’existence de dépassements de crédits non autorisés, l’absence de mise en concordance des inventaires comptable et physique, ainsi que quelques manquements lors de l’utilisation de la carte de crédit. En matière de marchés publics, ses remarques ont notamment porté sur une motiva- tion insuisante du recours à la procédure négociée et sur la nécessité d’ éviter toute situation pouvant conduire à une suspicion de conlit d’ intérêts lors de leur passation. Elle a dénoncé la modiication de clauses dans les contrats de travail par l’administrateur général en l’absence de toute délégation de pouvoir, ainsi que l’octroi de bourses à des univer- sités sans base légale. Enin, la Cour des comptes a recommandé de veiller au respect des pro- cédures de désignation lors du renouvellement du mandat du poste d’administrateur général. 1 Introduction 1.1 Statut L’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique Iweps, créé par le décret du 4 décembre 2003, exerce une mission générale d’aide à la décision, qui revêt deux aspects : l’un, d’ordre scientiique transversal, l’autre relevant du conseil stratégique. La mission scientiique transversale comprend, notamment, la centralisation, la publication et le traitement des statistiques régionales, ainsi que la réalisation de recherches fondamen- tales et appliquées, principalement en matière de sciences économiques, sociales, politiques et de l’environnement. La mission de conseil stratégique consiste à réaliser, à la demande du gouvernement wallon, des exercices d’évaluation dans les matières qui relèvent de sa compétence, ainsi que des études prospectives. Cet organisme de catégorie A est soumis aux dispositions de la loi du 16 mars 1954 relative au contrôle de certains organismes d’intérêt public et à ses arrêtés d’application. 1.2 Méthode Après un suivi des observations et recommandations formulées lors du précédent contrôle réalisé en 2011, le contrôle des comptes 2011 et 2012 de l’Institut, qui ont été transmis oi- ciellement à la Cour des comptes le 9 septembre 2013, s’est concentré sur l’examen par sondage des principaux postes des bilan, compte de résultats et compte d’exécution du budget, la vériication de la concordance salariale, l’analyse des dépenses payées par caisse, le contrôle des amortissements actés, la vériication de l’exactitude des données du compte d’exécution du budget et de l’absence de dépassement de crédits, et enin l’examen de l’application des procédures en matière d’engagement et d’ordonnancement des dépenses. En outre, ont été examinés certains aspects spéciiques tels que l’utilisation de la carte de crédit, le inancement de doctorats, le respect de la réglementation sur les marchés publics, ainsi que la situation administrative de certains membres du personnel. Le projet de rapport a été transmis par lettre du 15 avril 2014 à l’administrateur général de l’Iweps, qui y a répondu le 16 mai 2014. Ses commentaires ont été intégrés dans le rapport adressé le 17 juin 2014 au ministre-président et au vice-président et ministre du Budget, des Finances, de l’Emploi, de la Formation et des Sports du gouvernement wallon. Ce dernier a précisé, par lettre du 16 juillet 2014, qu’il veillerait à la mise en œuvre des recommandations émises par la Cour des comptes. 2 Contrôle des comptes 2011 et 2012

2.1 Suivi des observations antérieures

Les règles d’évaluation qui régissent le fonctionnement des comptes de l’organisme ne sont toujours pas décrites dans un règlement comptable et inancier, ni annexées aux comptes. La Cour des comptes a également souligné la non-application de l’arrêté du 18 décembre 2003 ixant les délégations de pouvoir. Elle avait recommandé d’utiliser les possibilités de désignation, par l’administrateur général, d’agents habilités à approuver et ordonnancer les dépenses. En réponse, l’Institut avait annoncé l’adoption d’une procédure qui ferait usage de cette possibilité de délégation formelle prévue par l’arrêté précité. Seule une délégation en matière de paiement a été accordée à une assistante administrative en cas d’absence de la directrice du service d’appui. La Cour a constaté la non-application systé- matique de l’arrêté précité : en efet, des agents non habilités à engager des dépenses 149 ont signé des bons de commande émis en 2014. Elle a aussi noté que la formalisation de la pro- cédure d’approbation et d’ordonnancement des dépenses, annoncée au terme du précédent contrôle, n’était toujours pas concrétisée. L’absence de comptabilité des engagements demeure une observation d’actualité pour les années 2011 et 2012. L’Iweps a toutefois signalé que, dans l’attente du choix d’un nouveau système informatique comptable, il a élaboré un ichier à l’aide d’un tableur ain de suivre les engagements à partir de l’année 2013. 149 En vertu de l’article 16 de l’arrêté du 18 décembre 2003 ixant les délégations de pouvoir, seuls l’administrateur général et la directrice du service d’appui sont habilités à engager des dépenses. 26 E CAHIER DOBSERVATIONS ADRESSÉ PAR LA COUR DES COMPTES AU PARLEMENT WALLON 87 La Cour des comptes a constaté que l’Institut avait procédé à un inventaire physique de ses immobilisations, à l’exception des licences informatiques, pour lesquelles l’inventorisation était toujours en cours de réalisation. Néanmoins, l’inventaire physique n’est pas mis en concordance avec les données reprises au bilan. L’Institut s’est engagé à donner suite à cette observation.

2.2 Comptabilité économique

2.2.1 Bilan L’examen des comptes de bilan montre que l’actif est, depuis plusieurs années, principale- ment constitué des valeurs disponibles. Fin 2012, celles-ci s’élevaient à quelque 10,2 millions d’euros, montant supérieur au double de la dotation annuelle de l’Institut 4,9 millions d’euros. L’augmentation sensible de ce poste entre 2010 et 2011 s’explique notamment par le versement, en 2011, du solde de la dotation 2010. Au passif, les réserves de l’Iweps sont également en progression + 0,5 million d’euros entre 2010 et 2012 et atteignent, in 2012, environ 10 millions d’euros soit 97,6 du total du passif.

2.2.2 Compte de résultats

Entre 2010 et 2012, l’augmentation des produits + 495,0 milliers d’euros s’explique princi- palement par les récupérations de traitements d’agents détachés 150 223,0 milliers d’euros et les subsides obtenus dans le cadre des observatoires. En ce qui concerne les charges, l’augmentation des Achats de biens de services + 674 mil- liers d’euros provient notamment des frais liés à la réalisation d’enquêtes + 157,0 mil- liers d’euros, des conventions de recherche + 269,3 milliers d’euros, d’achat de licences + 84 milliers d’euros, d’honoraires + 26,2 milliers d’euros, d’octroi de bourses de docto- rat + 21,0 milliers d’euros ou encore de frais liés à l’organisation de colloques + 21,9 mil- liers d’euros. La progression des Rémunérations, charges sociales et pensions s’explique principalement par la hausse du nombre d’équivalents temps plein ETP rétribués par l’Institut : 47 ETP à la in 2012 contre 41,5 ETP in 2010.

2.3 Comptabilité budgétaire

2.3.1 Évolution du compte d’exécution du budget

Au cours des années 2011 et 2012, l’Iweps a présenté un budget en déséquilibre. Toutefois, pour les deux exercices contrôlés, les comptes d’exécution des budgets de l’Institut aichent un boni, qui s’explique essentiellement par une sous-consommation générale des crédits, particulièrement marquée au niveau des dépenses décrétales. Ainsi, alors que les dépenses de ce type avaient été estimées au budget à 2,3 millions d’euros en 2011 et à 3,1 millions 150 Concerne la récupération du montant du traitement, d’une part, d’un expert scientiique de l’Iweps mis à disposi- tion de l’Agence Fonds social européen point dont il avait été question lors du précédent contrôle des comptes et, d’autre part, de deux attachés scientiiques qui travaillent dans le cadre de synergies statistiques avec la Commu- nauté française 86.727,68 euros.